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Publié le jeudi, 19 novembre 2009 à 15h51

Paolo Borsellino a-t-il existé?

Par Vito Vespucci

Le tournant n'est (vraiment) pas celui auquel on s'attendait.

"L'agenda rouge de Paolo Borsellino n'était pas sur les lieux de l'explosion qui a couté la vie au juge et à son escorte" : c'est ce qu'établit la sentence de la cour de cassation italienne.

Que cela veut-il dire? Qu'il n'a pas été volé, et qu'il n'est donc pas la "boîte noire" de la seconde République italienne. Que le petit agenda personnel ("héritier" également des dossiers de Giovanni Falcone, décédé 57 jours avant son propriétaire) qui contenait les secrets des enquêtes de Borsellino et possiblement les noms de ses assassins et de ceux de Falcone, a disparu. Voilà, nous dit-on en substance: il a disparu, au revoir, ciao ciao.

La justice italienne avait bien du reconnaitre que la valise avait été momentanément "déplacée"  (nettoyée serait le terme approprié), face à la vérité imposée par les images d'une caméra de surveillance présente sur les lieux du drame: le carabinier Arcangioli avait été le protagoniste de la ballade, comme le montre ce document, valise du juge en main. L'homme se promène, sur des restes humains.

Maintenant, pourquoi ne pas accuser Agnese, la femme du juge assassiné, de faux témoignage, comme le suggère (dans la série: "au point où nous en sommes") Salvatore Borsellino, frère de Paolo, qui se bat depuis longtemps pour que la vérité sorte. Elle a toujours soutenu que son mari ne se séparait jamais de cet agenda, et que comme d'habitude il l'avait disposé dans sa mallette le matin du 19 juillet 1992, en le saluant une dernière fois, en partant rendre visite à sa mère: Via d'Amelio.

"Et pendant ce temps-là"... aujourd'hui se décide de la date du prochain témoignagne du repenti Spatuzza. Le problème n'est pas qu'il soit mafieux ou ex-mafieux. C'est que le cadre est le procès Dell'Utri, et que Spatuzza accuse ce dernier et Silvio Berlusconi d'être ou d'avoir été les représentants politiques de Cosa Nostra successivement aux attentats à Falcone et Borsellino.

Après celles de Massimo Ciancimino (dont on ne parle plus du tout en ce moment), on attend avec impatience les révélations de Gaspare Spatuzza. Quoiqu'il dise, l'homme sera vraisemblablement défini "fou" et "non attendibile": pas crédible. En attendant les témoignages s'accumulent, et disent tous la même chose.

Faire disparaître les faits, après les hommes, est encore aujourd'hui la voie choisie par les crapules qui gouvernent et légifèrent, ici et là, en Italie.

"L'agenda rouge de Borsellino est comme la mafia d'il y a 30 ans: il n'existe pas" (Giuseppe Lo Bianco et Sandra Rizza, commentant la nouvelle pour le quotidien Il Fatto Quotidiano)

     Vito Vespucci

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