Cosa succede in città

Publié le dimanche, 21 juillet 2019 à 22h08

Adieu à Andrea Camilleri

Par Graziana Lucarelli

La nouvelle qui domine l’actualité en Italie ces derniers jours est sans aucun doute la mort d’Andrea Camilleri. Cosa succede in città a déjà cité à plusieurs reprises cet auteur, notamment pour présenter Il commissario Montalbano, série télévisée d’énorme succès qui a transposé au petit écran une série de ses polars. Vous trouverez ici et les articles précédents.

Ainsi, cet article se veut être avant tout un hommage à ce grand homme qui, plus qu’un simple écrivain, a su être incarner un véritable rôle d’intellectuel (comme il en reste peu) afin de faire évoluer la société italienne de son époque. Les médias nationaux se sont emparés de la triste nouvelle, en mettant l’accent sur différents aspects de sa vie.

Dans l’interview de 2014 Gli scrittori e la televisione, Andrea Camilleri retrace les différentes étapes de son rapport avec la télévision. De son emploi à la Rai d’une durée d’environ 20 ans, il commente ensuite le rôle joué par la télévision dans la standardisation linguistique en Italie et il enchaine en décrivant les points saillants de son travail autour de Il commissario Montalbano. Il souligne notamment l’hybridation entre italien et patois sicilien, le mélange de registres linguistiques et ses sources d’inspiration. Ici le lien.

Dans une époque prônant plutôt la division et l’individualisme, Marino Sinibaldi sur Internazionale valorise la capacité qui a été propre à Camilleri de rassembler les italien.ne.s, à avoir une emprise sur eux.elles. Il explique cette force par “la sua capacità di adesione totale alla vita, con tutte le contraddizioni, i drammi, i piaceri inclusi – e dalla capacità di raccontarla”, ce qu’il appelle “una umanità larga, capace di accogliere (quasi) tutti”. Ici le lien.

Le lendemain du décès, l’émission radio Tutta la città ne parla s’ouvre en évoquant ce même don de Camilleri, à savoir être capable de pallier l’écart qui semble diviser le peuple et les élites intellectuelles. Ainsi, le débat s’élargit au rôle des intellectuel.le.s et des medias, notamment les publics tels que la Rai, dans leur relation avec les publics jusqu’à s’interroger si la dichotomie entre savoir d’un côté et opinion publique de l’autre est finalement toujours pertinente. Ici le lien.

Comme nous le disions en ouverture, au-delà de la fiction que Camilleri a su inventer et qui a tant passionné les lecteur.rice.s italien.ne.s, il a toujours tenu à porter un discours personnel vis-à-vis questions de société qui ont traversé son pays. En tant que sicilien, il s’est exprimé très clairement contre la mafia. Cette courte interview et l’épisode de Tutta la città ne parla consacré à la publication des auditions d’un magistrat assassiné par la mafia en 1992 en sont la preuve.

La question migratoire a également interpelé il maestro. Déjà en 2012, bien avant que le gouvernement populiste actuel s'empare du sujet, Camilleri publiait sur Il Sole 24 Ore le petit texte suivant :

Durante lo sbarco alleato in Sicilia nel 1943, una mia zia, proprietaria
di un enorme campo coltivato
ad alberi di pistacchio, fece otturare
le falle della recinzione, incatenò
i due cancelli di ferro d'accesso e
vi pose a guardia due campieri a cavallo armati di fucili. «Che la guerra non entri nella pistacchiera!» –ordinò, correndo a barricarsi
nella cantina della sua villa.
Ovviamente, la guerra non solo entrò di prepotenza nella pistacchiera,
ma la spazzò via per tre quarti. Ecco, quando sento qualche uomo politico sbraitare che è necessario erigere barriere per contrastare il flusso
degli immigrati o che bisogna respingerli in mare, mi torna alla memoria la stupida, non miopia,
ma assoluta cecità, di mia zia”.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient mieux connaitre cet auteur, un numéro intégral de la revue MicroMega lui a été consacré en 2018.