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Publié le lundi, 11 mars 2019 à 07h30

Montalbano : les séries télé à l’épreuve du temps

Par Graziana Lucarelli

Les séries télé font partie des produits culturels qui se sont les plus imposés ces dernières années, notamment par le creusement de l’écart avec le modèle de fiction le plus traditionnel – celui du téléfilm –, l’hybridation entre les codes de la télévision et ceux du cinéma, et le succès commercial de Netflix.

Et c’est justement au croisement entre téléfilm et série – chaque épisode a une intrigue indépendante, même si une intrigue horizontale assure le lien entre les différents épisodes – que se situe Il Commissario Montalbano. Le faible nombre d’épisodes par saison n’a pas empêché les spectateur.rice.s italien.ne.s de s’attacher à cette série qui vient tout juste de fêter ses 20 ans.

Pour cette occasion, deux nouveaux épisodes ont fait le bonheur des fans : Un diario des ‘43, menant le protagoniste à enquêter sur des affaires liées, de plus ou moins près, à la deuxième guerre mondiale, et L’altro capo del filo, épisode s’appuyant sur une question de grande actualité : l’arrivée des migrant.e.s sur les côtes italiennes.

Or, il faut dire qu’à l’origine de tout il y a un écrivain sicilien, Andrea Camilleri, et ses polards. Ses histoires se déroulent sur sa terre natale, et plus précisément à Vigata, petite ville dont le nom puise dans l’imaginaire de son auteur, qui s’est ainsi exprimé :

« Vigàta in realtà è Porto Empedocle. Ora, Porto Empedocle è un posto di diciottomila abitanti che non può sostenere un numero eccessivo di delitti, manco fosse Chicago ai tempi del proibizionismo: non è che siano santi, ma neanche sono a questi livelli. Allora, tanto valeva mettere un nome di fantasia: c'è Licata vicino, e così ho pensato: Vigàta. Ma Vigàta non è neanche lontanamente Licata. È un luogo ideale, questo lo vorrei chiarire una volta per tutte. »

Le protagoniste est, sans grande surprise, le commissaire de police Salvo Montalbano. Pour son nom Camilleri s’est inspiré de l’écrivain Manuel Vásquez Montalbán, créateur du personnage Pepe Carvalho, avec lequel Montalbano a un bon nombre de points en commun : l’amour pour la bonne cuisine, un caractère parfois brusque, des méthodes non-conventionnelles de résoudre certains cas, et une histoire d’amour controversée.

À l’écran, Montalbano est incarné, depuis 20 ans, par l’acteur Luca Zingaretti, dont la carrière doit sans doute beaucoup à ce personnage. À la lumière du succès de la série, il est particulièrement drôle d’apprendre que Camilleri n’a jamais vu en Zingaretti la parfaite incarnation du protagoniste de ses romans :

« Camilleri diceva che sì, ero un bravo attore, ma non ero il suo Montalbano. L’aveva scritto pensando Pietro Germi, Il ferroviere, con i baffi, quella sua andatura, i capelli. E ancora ci tiene a dire che non si è mai ispirato a me, che l’autentico Montalbano è altro da Zingaretti. »

La langue de Montalbano, autre point d’excellence de la série (ainsi que des romans avant tout), est un exquis mélange d’italien et de sicilien qui a donné du grain à moudre aux amant.e.s de la linguistique. Ici quelques réflexions.

Si vous voulez gouter à cette langue, mais que votre italien n’est pas encore parfait, les romans de Camilleri sont publiés en France par l’éditeur Fleuve noir et traduits par Serge Quadruppani, qui nous parle ici de la complexité (et de la richesse en même temps) de son travail.

Ps. Ma collègue Elisa vous avez déjà présenté son Montalbano il y a quelques années... ici son article. Votez pour la meilleure plume ! ;)

Pour d'infos ici sur l’anniversaire de la série.

Pour mieux connaitre Camilleri cliquez ici.