Måneskin s'invite au repas de Noël

Par Graziana Lucarelli

Dîner du 24 décembre 2018. Une petite ville pas loin de Bari, dans les Pouilles. Une grande tablée de personnes est réunie pour fêter Noël en famille. L’ambiance est détendue. Des grands et des petits rient, mangent et discutent quand, à un moment, un portable est sorti d’une poche (sans doute celle d’un des plus jeunes de la famille) et, en l’espace de quelques secondes, une musique commence à se répandre dans la pièce :

« Quindi Marlena torna a casa che il freddo qua si fa sentire,

Quindi Marlena torna a casa che non voglio più aspettare,

Quindi Marlena torna a casa che il freddo qua si fa sentire,

Quindi Marlena torna a casa che ho paura di sparire. »

Iels sont plusieurs convives à chanter. Et celleux qui ne chantent pas connaissent, tout de même, la chanson. Iels la connaissent tou.te.s, sauf moi. Tu ne connais pas Måneskin?, demande ma sœur quelque peu surprise.

C’est ainsi que j’ai entendu parler pour la première fois de ce groupe, Måneskin, et de leur chanson Torna a casa, le grand tube du moment en Italie. Il s’agit effectivement d’un groupe très jeune, et cela en deux sens. D’un côté ses quatre membres sont quasiment des adolescents : le chanteur est le seul majeur du groupe (même si avec son style glam rock il fait plus que ses 19 ans !). Cependant, leur musique a réussi à se faire connaitre bien au-delà du seul univers adolescent. De l’autre côté, ils sont très jeunes en tant que groupe : ils se sont formés en 2015 et ils sont gagné en notoriété en 2017, quand ils ont presque gagné la onzième édition du télé crochet X Factor grâce aux conseils de Manuel Agnelli, le chanteur d’Afterhours dont nous avons parlé ici l’année dernière.

Après un EP contenant les meilleures reprises réalisées lors de l’émission plus la chanson inédite Chosen, en octobre 2018 ils sont sorti leur premier album, Il ballo della vita. Touchant à plusieurs styles musicaux et alternant anglais et italien, l’album ne fait pas l’unanimité. Ici une critique très positive, ici une qui l’est beaucoup moins.

Il ballo della vita est un concept album (comme on n’en faisait plus depuis un bon moment) qui tourne autour du personnage de Marlena, citée dans cinq chansons. Déjà apparue dans le premier single Morirò da re, c’est dans Torna a casa que le personnage émerge fortement jusqu’à interpeller le public qui commence à se questionner en boucle sur son identité. Interrogé sur ce sujet, Damiano, le chanteur, a ainsi répondu : « Marlena siamo noi, i Måneskin, è il nostro messaggio di libertà, di vita. È la venere del gruppo, la personificazione della nostra libertà, creatività, vita ».

Entre la curiosité suscitée par ce personnage au prénom extravagant et le thème récurrent de l’homme abandonné par sa muse, la chanson a vite tourné à la dérision. Parmi les parodies qui ont le plus été vues sur les réseaux sociaux, une assez marrante réalisée en dialecte des Abruzzes remplace Marlena avec un porc s’étant échappé et une autre, à l’esprit plutôt macho, voit un pauvre homme sicilien supplier Marlena de rentrer à la maison pour faire le ménage.

Dans un mois, Måneskin démarreront une tournée européenne qui les verra se produire au Café de la Danse à Paris le 9 février. Avec un peu de chance, Marlena montera sur scène avec eux…