Cosa succede in città

Publié le dimanche, 3 juin 2018 à 19h59

La fête de la République Italienne pour les nuls

Par Ida Giulia Bassanello

Nous le savons tous : le 4 mars dernier, ont eu lieu les élections politiques italiennes.

Et samedi 2 juin, comme tous les ans, l’Italie a célébré sa Fête de la République.

Maintenant, apparemment, l’Italie a enfin un nouveau gouvernement politique, mais que s’est-il passé entre le 4 mars et le 2 juin ?

En trois mois, quels ont été les bouleversements, les changements de ton, les inversions de perspectives de la part des hommes politiques italiens ?

C’est ce que nous essayons d’exposer dans cet article, de la façon la plus claire et neutre possible.

 

Tout d’abord, il y a eu les élections. Pour se souvenir des partis qui s’y sont présentés et de la loi électorale qui a été appliquée, nous vous renvoyons à notre article, paru sur cette rubrique le 22 février.

 

Pour résumer les résultats, l’on citera quelques pourcentages : 33 % au parti « Movimento Cinque Stelle (M5S) », guidé par Luigi Di Maio, 36 % à la coalition de centre-droite, formée par la Ligue de Matteo Salvini (17 %), « Forza Italia » de Sivio Berlusconi (14 %) et « Fratelli d’Italia » de Giorgia Meloni.

Le parti du dernier gouvernement, le « Partito Democratico » de Matteo Renzi (centre-gauche), n’a eu que 19 % des votes.

 

Ceci étant le résultat des urnes, l’Italie présente un problème de gouvernabilité, car aucun parti ni coalition n’a atteint les 40 % nécessaires pour former un gouvernement.

 

En effet, il est assez simple de résumer les deux premiers mois qui ont suivi les élections.

Après plusieurs semaines de discussions, de négociations, d’accusations et même d’insultes, le 9 mai Di Maio et Salvini, les leaders des deux partis qui ont eu les pourcentages les plus élevés, se sont accordés pour former ensemble un gouvernement politique.

Comme on peut le lire dans cet article du « Sole 24 ore », un des quotidiens italiens économiques de référence, l’allié le plus puissant de Salvini, c’est-à-dire Silvio Berlusconi, avait ôté son veto sur cette entente seulement ce jour-ci.

C’est l’alliance « giallo-verde », comme on l’a appelée en Italie : le jaune étant la couleur du M5S et le vert celle de la Ligue.

Cette formation avait donc la tâche très complexe de proposer un Président du Conseil des Ministre au Président de la République, Sergio Mattarella, pour obtenir son approbation. Mattarella, selon l’article 92 de la Constitution, a cette prérogative.

Et c’est sur cette étape que la question s’était légèrement embrouillée.

Pour faire simple, ce qui est le but de cet article, nous dirons juste que le Président du Conseil suggéré par les jaunes-verts, Giuseppe Conte, avait proposé comme Ministre de l’Économie le professeur Paolo Savona.

Cette personne a été refusée par Mattarella, qui a jugé ses positions contre l’Euro comme incompatibles avec le Ministère de l’Économie. Dans ce discours du 27 mai, Mattarella expose clairement les faits et ses propres choix.

 

Mattarella affirme également que les Jaunes-verts ne lui avaient pas proposé d’autre candidat pour ce Ministère et avaient insisté sur Paolo Savona.

La première charge de l’Etat a ensuite convoqué Carlo Cottarelli, un économiste qui travaille pour le Fond Monétaire International, pour former un gouvernement technique dans l’attente de nouvelles élections.

Cela a déchaîné les réactions violentes de Di Maio et Salvini, qui s’en sont pris à Mattarella qui aurait, à leur avis, empêché la création du « gouvernement du changement », en ignorant totalement le vote des Italiens.

Di Maio en est arrivé à menacer d’intenter un « impeachment » contre le Président de la République (autrement dit, « mise en accusation », mais les Italiens adorent les anglicismes…).

 

Depuis, une nouvelle tournée de discussions, de négociations, d’accusations et même d’insultes.

Mais les divergences, cette fois, ont divisé aussi les électeurs entre les partisans de Mattarella et des « giallo-verdi ». La bataille idéologique s’est jouée aussi sur Twitter, à coup de hashtag : IlMioVotoConta (Mon vote compte) et IoStoConMattarella (Je suis avec Mattarella).

 

Le fantasme du gouvernement technique, toutefois, a fait plus peur aux « giallo-verdi » qu’un compromis sur la nomination de Savona au Ministère de l’Économie.

Ainsi, Di Maio et Salvini ont rouvert les négociations entre eux et avec Mattarella.

Le Président de la République a donc pu confirmer leurs propositions et proclamer la naissance d’un nouveau gouvernement politique, avec Savona au Ministère des Affaires Européennes.

Cottarelli a été remercié et Conte a repris le mandat de Président du Conseil.

Di Maio et Salvini, Conte et Savona ont enfin pu prêter serment, le premier juin...juste à temps pour la fête de la République !

Les trois derniers mois de politique italienne interne expliqués simplement.

Pour aller plus loin :

https://www.senato.it/1025?sezione=130&articolo_numero_articolo=92

https://www.youtube.com/watch?v=RboJi66rBSI

https://www.youtube.com/watch?v=bCBfDPjq9kc