Publié le vendredi, 12 décembre 2008 à 23h13
La Démocratie Chrétienne, « dictature étatique ».
Cet article se veut bref mais portant sur un sujet vaste. Il tente de regrouper les principales clefs d'une période marquante, celles des années post-guerre, du développement économique et industrielle de l'Italie.
Introduction
1946, la première République naît par référendum. Une première assemblée constituante est élue selon le résultat des suffrages du scrutin : Démocratie Chrétienne (DC, 35,2%, 8.101.004 voix), Parti Socialiste Italien d'Unité Prolétarienne (PSI, 20,7%, 4.758.129 voix), Parti Communiste Italien (PCI, 19,0%, 4.356.686 voix), le parti suivant est un parti traditionnel (de l'époque de la monarchie), le Parti Libérale à 6,8%.
L'Italie vient d'être libérée (depuis fin 1943), les communistes et les socialistes constituent des partis forts fondés sur une grande base (les partis les représentant atteindront des scores au delà de la barre des 10 millions de suffrage, aux élections de 1948, 1953, 1958, 1963 etc.) mais ne participeront à aucun gouvernement.
La fondation de la DC
La Démocratie Chrétienne a été fondée en 1943, en prenant la succession du vieux Parti Populaire Italien de Don Sturzo. A l'instar de celui-ci la DC se présente comme un parti non confessionnel, cela officiellement, aucun membre du clergé ne prend part à ces instances dirigeantes. Mais officieusement (pour ne pas dire à la connaissance de tous) la DC est conseillée par l'Eglise qui est en fait son organisation-guide. L'influence de l'Eglise s'exercera toujours au profit de la DC, notamment en période électorale : prêches en faveur de la DC et autres pressions d'ordre social. Tout cela ne favorisera pas le respect de la laïcité institutionnelle italienne.
La DC, parti prépondérant dans les régions du Sud
Contrairement, au PSI ou au PCI, la DC est un parti dont les adhérents sont majoritairement situées dans les régions du sud et des îles (48% des membres ; 34,3% au Nord ; et 17,7% au Centre en 1963). Cela peut s'expliquer par le traditionalisme des régions du Sud, plus soumise au contrainte de l'Église que le Nord industriel et ouvrier.
La DC, une hégémonie gouvernementale des années 1940 à 1990
Face un Parti Communiste fort, le rôle de la DC était d'empêcher le Parti Communiste d'accéder au gouvernement. Comme nous l'avons dit dans l'introduction, le PCI était le deuxième plus grand parti italien, recueillant à chaque élection plus du quart des voix. Le PCI n'accédera jamais au gouvernement, la DC restera cinquante ans au pouvoir seule ou grâce à des alliances avec des petits partis de droite, du centre voire de gauche.
Une hégémonie gouvernementale favorisant l'instauration d'une « dictature étatique » à évolution mafieuse
Hégémonique sur le plan gouvernemental, la Démocratie Chrétienne placera aux postes de commande public des plus haut au plus bas situés des hommes qui lui appartiennent ou qui lui sont fidèles. Cela aboutira très rapidement à concentrer dans les mains d'un seul parti un pouvoir d'une grandeur exceptionnelle, une puissance qui surpasse (cela va sans dire) les facultés du seul ordre constitutionnel. Parmi les multiples conséquences, on peut mentionner l'utilisation des services et bien publics à des fins partisanes (liaison avec le financement des partis), l'encouragement comme dans toute dictature au conformisme idéologique.
Le lien entre la DC, l'Église et la mafia sera de plus en plus fort les trois organisations allant à se confondre ?
La fin de la DC
Le début des années 1990, par le scandale Tangentopoli et l'opération Mani Pulite, marquera la fin de l'hégémonie de la Démocratie Chrétienne. Je vous laisse vous reporter à l'article de Stefano Palombari à ce sujet : « Andreotti et l'opération Mains Propres ».
Conclusion
La chute de la DC dans les années 1990 sera concomitante à la fondation par un entrepreneur, Silvio Berlusconi, de Forza Italia, d'un parti qui accèdera au gouvernement après le scandale de l'opération Mains Propres.
Alors que les partis « ouvriers » qu'étaient le PCI et le PSI étaient au porte du gouvernement et toujours extrêmement représentés au parlement en Italie, la « gauche » se trouve aujourd'hui extra-parlementaire (le Parti Démocrate, par son créateur : Walter Veltroni, ne se définissant pas comme un parti de gauche mais comme un parti du « centre...-gauche »). A qui la faute... ?