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Publié le mercredi, 3 décembre 2008 à 09h39

Andreotti et l’opération Mains propres

Par Stefano Palombari

andreottilogo.jpgandreottimp.jpgTout commence le 17 février 1992. Ce jour-là, un magistrat de Milan, Antonio Di Pietro à l'époque totalement inconnu, fait arrêter Mario Chiesa, un membre du parti socialiste accusé de corruption. Personne ne pouvait imaginer que cette arrestation ne serait que la première d'une longue série.

Bettino Craxi, qui était le secrétaire national du Parti socialiste italien, définit Mario Chiesa comme un « filou isolé ». En réalité avec cette arrestation, les magistrats de Milan (Antonio Di Pietro, Gherardo Colombo, et Francesco Saverio Borrelli) ouvrent la boîte de Pandore. Ce qui engendra des changements tellement profonds qu’après on parlera carrément de Deuxième République, car le panorama politique aura changé radicalement ainsi que les règles électorales.

En 1989 Arnaldo Forlani est élu secrétaire de la Démocratie Chrétienne à la place de Ciriaco De Mita. Une alliance transversale se crée alors entre lui, Giulio Andreotti et Bettino Craxi. Les journaux commencent à parler de CAF, (acronyme composé des noms des trois personnalités) qui contrôle tout et qui plonge le pays dans une immobilité totale. C’est le calme qui précède la tempête. Le CAF sera totalement balayé par le scandale de Tangentopoli.

Craxi est contraint de s’exiler à Hammamet en Tunisie, Forlani est appelé à témoigner dans le procès Cusani. Le procès, retransmis à la télé, donne une image tellement pitoyable de l’homme politique, qui un filet de bave à la bouche continue de répondre « je ne sais pas », qu’il disparaît à jamais de la scène politique. D’ailleurs ce témoignage devient l’une des images-symbole de l’opération Mains propres. Le seul qui échappera au rouleau compresseur des magistrats de Milan est justement Giulio Andreotti. D’autres accusations bien plus graves le concerneront plus ou moins dans la même période (que l’on verra dans un autre article) .

Cependant au beau milieu de l’opération Mains propres, on a cru que même Andreotti tomberait. Au mois d’avril 1993, Roberto Buzio, du Parti Social-démocrate italien, donne au juge le nom d’Andreotti. Monsieur Buzio prétend que l’argent reçu par son parti, 250 millions de lires (environ 125 milles euros) versé par Giuseppe Ciarrapico, qui fait partie du courant d’Andreotti, avait en réalité Andreotti comme réel expéditeur. Les juges décident donc de mettre sous enquête Andreotti. Mais à la différence de tous les hommes politiques sous enquête dans l’affaire Tangentopoli pour avoir empoché de l’argent, Andreotti est accusé de l’avoir donné. Mais faute de preuve il sera définitivement acquitté en 2003.

En 2002, dans une interview au Corriere della Sera, Andreotti revient sur la période de Mains propres. Il considère l’action des magistrats comme fondamentale pour un assainissement de la vie politique italienne mais il reconnaît certaines erreurs des juges, parmi lesquelles celle d’avoir fait confusion entre l’enrichissement personnel des hommes politiques, ce qui devait à juste raison être sévèrement puni, et la violation de la loi sur le financement public des partis politiques, violation qui était pratique courante et qui concernait tous les partis politiques de la majorité comme de l’opposition.