Politique et économie

Publié le samedi, 17 octobre 2009 à 01h54

Berlusconi : réforme de la justice et massacre de la RAI (bon baisers de Sofia)

Par Vito Vespucci

Berlusconi veut (encore et toujours) réformer la justice, avec l'appui du "POPOLO", le peuple, et via un référendum. Berlusconi, élu à la présidence du PDL par acclamation, adore les référendums. Certainement autant que les sondages. Mais ne suffisait pas le pathétique appel à la mobilisation nationale de son "parti de la Liberté" à descendre dans la rue pour manifester contre... la sentence Mondadori (Fininvest/Berlusconi condamnés à payer 750 millions d'euros à De Benedetti) se voulant être (en le démentant, of course) une réponse à la manifestation nationale pour... la liberté de la presse!

De Sofia Berlusconi a parlé de la réforme de la justice tant souhaitée. Par et pour lui-même, quelques jours après la pesante amende "Mondadori" (mais tout sera prescrit bientôt, on n'en doute pas une seule seconde...) et le verdict de la cour constitutionnelle sur le "lodo Alfano", "lodo" qui voulait donc lui assurer une immunité dont il aurait -à priori- grand besoin. Ce que disent les "criminels de l'information" en tout cas (ceux qui s'opposent à Berlusconi...).

Donc, avant tout: que la magistrature passe aux ordres du ou des pouvoirs politiques, voilà.

"On ne peut absolument pas partager la décision de la cour constitutionnelle sur le Lodo Alfano. En somme, elle a dit aux magistrats rouges de Milan: "réouvrez la chasse à l'homme à l'encontre du premier ministre".

Quelques autres déclarations datant de ce matin même par le Cavaliere à ce sujet: "Nous ferons appel au peuple" (il évoque un possible référendum). La participation de l'opposition à ce débat est une option : "seulement si c'est possible", ce qui veut dire, encore "sans elle"."Il faut une réforme qui fasse de notre pays une vraie démocratie, qu ne soit pas sujette au pouvoir d'un ordre qui n'a pas de légitimité électorale (...) il faut prendre le taureau par les cornes".

De Sofia encore, mais le 18 avril 2002, Berlusconi déjà avait lancé son "diktat bulgare" contre Enzo Biagi, Michele Santoro et Daniele Lutazzi. Sa déclaration contre les 3 journalistes, accusés d'usage criminel des médias -et "aux frais du peuple" (tous les trois employés de la RAI) avait été suivie d'effet à peu près immédiat: virés.

Et c'est de Sofia encore aujourd'hui que Berlusconi menace la RAI elle-même, concurrente de son empire MEDIASET. La RAI qu'il tient déjà sous contrôle à travers son gouvernement, mais cela ne suffit pas. Il l'entend l'appauvrir encore un peu plus, pour la vider de sa susbstance complètement, et qu'elle soit sagement et sans anicroches aux ordres de sa troupe. Ces dernières années, les recettes publicitaires ont déjà migré en partie de RAI -service public- vers MEDIASET.

Son "Giornale" tenu par Vittorio Feltri a lancé l'une de ses violentes campagnes et invite ses lecteurs à ne plus payer la redevance, rebaptisée au passage la "taxe Santoro", du nom du journaliste épuré, puis revenu à la RAI, et actuellement aux commandes de l'émission hebdomadaire ANNO ZERO: le rassemblement des derniers résistants à Berlusconi disponibles sur petit écran. Un programme qui ne plait d'ailleurs pas au directeur de la chaine (RAI2), qui a tenu à la faire savoir... "Qu'ils continuent comme ça (...) le fait est qu'ainsi il y aura des mauvaises surprises pour le bilan de la RAI" a lancé Berlusconi. Evoquant l'un de ses fameux sondages "personnels" -de ceux qui lui indiquent généralement le double de sa cote de popularité, sinon 20% de plus au minimum- le Cavaliere a prédit qu'ainsi allant (c'est à dire... la RAI permettant à Santoro de s'exprimer) "50% des Italiens ne payeront pas la redevance". Une phrase qui rappelle notamment une sortie faite par Berlusconi autour du G8 de Londres: "Mais, vous pensez que personne ne me suivra si moi je dis de ne plus regarder telle ou telle chaine de télévision en Italie?".

Evidemment le "camarade Fini" (l'ex-néo-post-fasciste-qui-sauvera-les-institutions) n'approuve pas.

Les amis du Cavaliere travaillent déjà durs sur le prochain escamotage, souhaitant le retour de... l'immunité parlementaire (supprimée autour de Tangentopoli) ! Benigni nous l'avait dit: "il y a du progrès! attendez! il a fait une loi pour 4 personnes! 4! (et pas pour lui seul)" disait-il en parlant du lodo Alfano qui accordait immunité pour les 4 "présidents" du pays: république, conseil, chambre, sénat. Pourquoi revenir à l'immunité? Car "sans immunité, ce sont les magistrats qui décident de qui gouverne l'Italie" a-t-il également déclaré (la Stampa).

De Sofia à Sofia, la presse italienne "opposante" a déjà trouvé un (sur)nom aux déclarations d'aujourd'hui : le "diktat n°2".

vV

Source: La Repubblica, La Stampa