Cosa succede in città

Publié le mercredi, 18 décembre 2019 à 07h16

Poissons au Trocadéro

Par Graziana Lucarelli

Tout a démarré le 14 novembre dernier à Bologne, en Emilie-Romagne. Ce jour-ci le parti d’extrême droite italienne a organisé un meeting en soutien de sa candidate aux élections régionales de fin janvier. Un petit groupe composé de citoyen.ne.s a senti qu’il était temps de réagir. Réagir pas tant au parti en question, mais à une manière de faire politique qui envahit le discours politique en Italie. Ainsi, via les réseaux sociaux, les flyers et l’immanquable bouche-à-oreille, il.elle.s ont lancé un appel afin d’organiser ce même soir une contre-manifestation. Le pari ? Rassembler 6000 personnes à Piazza Maggiore, la place principale de la ville. Le résultat a été au-delà de toute attente : 15000 personnes contre le 6000 prévues.

La langue française, plus que l’italienne, nous aide à comprendre les ambitions de cette démarche. En français il est possible de faire la différence entre la politique et le politique. Si la politique renvoie à tout ce qui est relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir dans une société (c’est-à-dire la politique de parti dont nous avons l’habitude d’entendre parler dans les médias), le politique concerne le souci du vivre-ensemble et du bien commun.

C’est en s’appuyant sur cette deuxième notion que les Sardine ont décidé de se rassembler, non pas pour soutenir tel ou tel parti politique mais pour demander de bannir du langage et des méthodes utilisées par les partis politiques la violence, les mensonges, les insultes, les appels à la peur, les fake news, les communications officielles diffusées via les réseaux sociaux et remettre au centre l’espoir, l’intelligence, la démocratie, l’antifascisme, la correcte information.

Les chiffres donnent à penser que nombreux.ses sont celles et ceux qui partagent ce point de vue car, démarré à Bologne, ce mouvement s’est rapidement étendu aux autres villes de l’Emilie-Romagne (Modène, Parme, Reggio Emilie…) avant de s’étendre à l’échelle nationale en touchant les plus grandes villes d’Italie.

Aussi, pile un mois après la première manifestation, le 14 décembre, une autre limite a été franchie : non seulement le mouvement est arrivé dans la capitale, mais a aussi mobilisé les communautés d’italien.ne.s dans la monde : Bruxelles, Berlin, Madrid, Londres, San Francisco, Amsterdam, Dublin, Boston et Paris, bien évidemment.

Malgré les difficultés de déplacement qui touchent la France en ces jours de grève, une communauté d’environ 200 personnes s’est retrouvée au Trocadéro pour exprimer pacifiquement ses revendications. Chants engagés, lecture de la constitution italienne, prises de parole et beaucoup de pancartes en forme de poissons ont caractérisé cet après-midi de décembre bizarrement ensoleillé.

Quel futur pour les Sardine ? Un des initiateurs du mouvement, Mattia Santori, estime que le premier enjeu est lié aux élections régionales en Emilie-Romagne. Ensuite, tour reste à construire.

Ah, mais pourquoi s’appellent-il-elle-s les Sardine ? Mattia l’explique ainsi « [A Bologna] volevamo dare un messaggio: staremo stretti come le sardine, perché saremo in tanti ». En même temps, ce sont des petits poissons sans défense mais qui, s’ils se serrent et bougent ensemble, deviennent une masse compacte. De quoi avoir peur.