Cosa succede in città

Publié le dimanche, 19 mai 2019 à 07h00

De l’affrontement entre littérature et politique

Par Graziana Lucarelli

La littérature suscite rarement de grands scandales in Italie car le nombre de lecteur.rice.s reste tristement insuffisant pour influencer l’opinion publique. Et pourtant, quand la littérature croise le chemin de la politique les chances que cela fasse du bruit sont considérablement plus importantes. Preuve en est l’affaire qui vient de bouleverser la 32ème édition du Salone Internazionale del Libro di Torino, le plus important salon généraliste italien consacré à la littérature.

Depuis sa création en 1988, chaque édition du salon est caractérisée par un thème qui constitue le fil rouge des principaux évènements et tables-rondes. Pour l’édition 2019 la thématique choisie est le titre d’une œuvre de Julio Cortázar. Ainsi les organisateur.rice.s expliquent leur choix.

« La cultura non contempla frontiere o linee divisorie, la cultura i confini li salta. Supera divisioni, frantuma muri, balza dall’altra parte. Per creare. Come fa il lettore del “contro-romanzo” di Julio Cortázar, grande maestro del Novecento, libro sconfinato e invito alla ribellione, alla fuga e all’avventura, perché costruito in modo che chi legge possa scegliere dove andare attraverso le pagine, da leggere oppure scartare. È Il gioco del mondo, una delle opere più felici e influenti degli ultimi cinquant’anni, titolo e tema scelti per questa 32° edizione del Salone Internazionale del Libro di Torino ».

Or, malgré l’intérêt de cette thématique, ce n’est pas elle qui s’est retrouvée au centre de la polémique, mais plutôt une des maisons d’édition exposantes. Quelques temps avant le démarrage du salon Christian Raimo, membre du comité éditorial qui organise le programme de l’événement, conteste formellement le choix de la société Salone Libro d’accepter la participation d’AltaForte, maison d’édition très proche de Casa Pound, parti néofasciste italien, venant de publier un livre-entretien sur le ministre et dirigeant du parti Lega Nord, Matteo Salvini.

Suite à ses déclarations, Raimo décide de démissionner pour protéger la manifestation, ce qui enclenche un débat public particulièrement vif. Les intellectuel.le.s invité.e.s au salon se retrouvent ainsi confronté.e.s à un dilemme de taille : participer ou ne pas participer ? Entre appels au boycott et appels à la participation, une véritable bataille à coups de prises de position s’installe. Si le dessinateur Zerocalcare, le collectif Wu Ming et le Musée de Auschwitz (entre autres) affirment leur choix politique en annulant leur participation, l’écrivaine Michela Murgia trouve sa participation au salon d’autant plus nécessaire :

« …da sempre preferisco abitare la contraddizione piuttosto che eluderla fingendo di essere altrove. Per questa ragione al Salone del libro di Torino io ci andrò e ci andranno come me molti altri e altre. Lo faremo non "nonostante" la presenza di case editrici di matrice dichiaratamente neofascista, ma proprio "a motivo" della loro presenza. Siamo convinti che i presidii non vadano abbandonati, né si debbano cedere gli spazi di incontro e di confronto che ancora ci restano. Ci sono casi - casi come questo - in cui l'assenza non ci sembra la risposta culturalmente più efficace. Per questo motivo non lasceremo ai fascisti lo spazio fisico e simbolico del più importante appuntamento editoriale d'Italia ».

D’autres, au contraire, dénoncent les risques de censure souvent cachés derrière la défense des valeurs antifascistes.

Finalement c’est aux politiques de trancher : la veille du démarrage du salon la mairie de Turin et la région Piémont demandent aux organisateur.rice.s d’exclure AltaForte. La maison d’édition réagit en annonçant souhaiter porter plainte. Ici Raimo revient sur la question pendant le salon.

Au-delà de l’affaire en soi, le débat qui l’a accompagnée est la preuve d’une tension encore fortement présente en Italie entre une culture antifasciste largement répandue et des mouvements d’extrême droite nostalgiques de l’époque mussolinienne ou ouvertement fascistes prenant le pas notamment dans les banlieues. Ici une émission radio pour approfondir cet aspect, dans l’attente que la société italienne prenne conscience de la nécessité d’un travail autour de sa mémoire historique.