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Publié le lundi, 11 février 2019 à 07h30

Sanremo, pour la 69ème fois

Par Graziana Lucarelli

C’est un peu le fil rouge de notre rubrique. Effectivement nous en avons parlé plusieurs fois, directement ou indirectement. De quoi ? Du festival de Sanremo, L’événement (avec L majuscule) qui tous les ans au mois de février retient l’attention des italien.ne.s. Pendant une semaine tout le monde en parle : des chansons en compétition, mais aussi du choix et du look des présentateur.rice.s, de leur rémunération, des invité.e.s plus au moins à la hauteur, etc.

Il y a quelques années nous avons présenté un peu le contexte de cette manifestation et ses origines (ici l’article !). Cette année nous allons rentrer dans le vif du sujet en parlant des artistes présent.e.s et de leurs chansons. Je vais, ainsi, me permettre, comme tout italien.ne qui se respecte, de dresser ici mon classement personnel de la 69ème édition du festival de la musique italienne de Sanremo.

  • La chanson la plus joyeuse
Mi sento bene, un hymne à la joie de vivre et à ses petits ou grands plaisirs.

Non penso a niente e tutto mi appartiene
E più non penso e più mi sento bene
E non pensare più a cosa dire
Sentirmi libera da me, come i bambini
Restare nudi, lasciarsi andare
E non aver paura di invecchiare
Accarezzare tutto e stare bene »

  • La découverte de ce festival

J’avoue que je ne le connaissais pas : Motta est un artiste toscan qui a sorti son deuxième album l’année dernière. Dans la chanson Dov’è l’Italia il raconte son désarroi vis-à-vis de l’Italie, un pays qu’il aime, mais n’évolue pas forcément dans le bon sens. La rythmique et les sonorités de la chanson ajoutent du charme aux paroles, en même temps poétiques et engagées.

  • La chanson la plus moche

Il est sans doute plus difficile de choisir la pire chanson du festival que la meilleure. J’oserais dire que les pires chansons sont toutes celles qu’on qualifie de « sanremesi » : elles s’insèrent dans la plus pure tradition de la musique italienne, avec des paroles rhétoriques, où l’amour (plus ou moins malheureux) est protagoniste et la musique n’apporte presque rien de neuf. Cette année nombreux sont les artistes qui me semblent avoir choisi de la jouer facile : Einar, Anna Tatangelo, Ultimo, Il Volo, Ex-Otago, Francesco Renga. Il est dommage de constater que nombreux.ses parmi ces artistes sont plutôt jeunes…

  • La chanson la plus engagée

Daniele Silvestri est une valeur sûre de la musique italienne et à cette édition du festival il a confirmé qu’il est un très grand artiste. Argentovivo décrit un ado agité que la famille, en essayant soi-disant de le calmer, a emprisonné dans un monde virtuel. Le clip de la chanson mérite une mention également. Il voit la présence du rappeur romain Rancore et de Manuel Agnelli, leader du groupe historique Afterhours.

  • La chanson la plus votée

Contrairement à toutes les prévisions, à 1h30 de dimanche matin Mahmood a été déclaré le gagnant de cette édition du festival. Cet artiste a réussi à s’imposer avec Soldi, un morceau qui allie une musique aux influences hétérogènes (rap, RnB, pop) à un texte sur des dynamiques familiales. Un contact Facebook en a écrit une critique très juste :

« L'incomunicabilità tra genitori e figli rappresa nel mantra dei soldi ha una grande potenza: di fronte a un adolescente in cerca di riferimenti e di amore, l'ossessione paterna per i soldi, che simboleggia tutte le ossessioni materiali genitoriali che i figli conoscono bene (per esempio "mangia!"), scava uno straziante abisso comunicativo con chi - al di là della materialità - ha bisogno di altro dalla propria famiglia. Ragazzi che chiedono amore e ricevono soldi, giovani che tornano a casa con l'entusiasmo di una scoperta o di un'emozione e trovano genitori che chiedono solo se hai fatto i soldi (ripeto: sempre simbolo di discorsi che non vanno al cuore di una persona ma solo alla sua materialità). Tipica canzone generazionale, ma centrata su un tema inusuale (anzi, in contrapposizione a tanta canzone, soprattutto tradizionalmente rap/trap, che insiste sul fare successo...), scritta benissimo, senza fronzoli ma con la giusta intensità e con belle immagini lampo. »

Ici la vidéo de la performance, juste après la remise des prix. La surprise sur le visage de Mahmood est particulièrement agréable à regarder !

Malheureusement les origines égyptiennes du côté du père de l’artiste n’ont pas tardé à interpeller un certain nombre d’italien.ne.s qui ont exprimé leur mécontentement sur les réseaux sociaux. Mohamood, qui représentera l’Italie à l’Eurovision, sera un des adversaires de Bilal Hassani, jeune représentant de la France qui a également été victime d’insultes pour ses origines et son identité. Que le parcours artistique de ces jeunes soit une lumière guidant l’avenir de nos pays voisins.

Je termine ce classement personnel avec un big up pour la seule présence féminine parmi les présentateur.rice.s : Virginia Raffaele. Imitatrice, humoriste, présentatrice, cette femme représente, enfin, un modèle de femme différent par rapport à celles qui sont traditionnellement montées sur la scène de Sanremo. Au niveau des artistes en compétition, par contre, la présence des femmes reste encore trop faible. Un nouveau défi pour Sanremo 2020 ?