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Publié le dimanche, 9 décembre 2018 à 17h14

Séries télé et tourisme : un binôme pas si inédit

Par Graziana Lucarelli

Mercredi prochain, 12 décembre, vous avez la possibilité de suivre le dernier épisode de la septième édition d’une série télé qui, comme son âge le prouve bien, continue d’avoir un superbe accueil de la part du public italien : L’ispettore Coliandro.

Pour les amateur.rice.s de polars, cette série risque d’être un peu ennuyante car, même si le protagoniste est bien un inspecteur de police, ce n’est sans doute pas dans l’intrigue des épisodes qui se situe son plus grand intérêt. Coliandro est, avant tout, un policier différent de ceux que nous avons eu l’habitude de voir représentés à la télé et au cinéma. Avant tout, il n’est vraiment pas doué pour les enquêtes et tellement maladroit qu’il risque à chaque fois de compromettre le travail de ses collègues. Même s’il arrive presque systématiquement à résoudre les enquêtes dont il s’occupe, ses supérieurs ne lui en reconnaissent jamais le mérite car il n’en fait qu’à sa tête. Il suit ses propres règles, très souvent des règles à la limite du code pénale. De plus, le racisme et le machisme ordinaire imprègnent son discours. S’il devait voter, cela ne serait sans doute pas pour un parti progressiste…

Mais Coliandro n’est pas que ça. Malgré les méthodes, il a un bon fond et veut que le bien triomphe sur le mal. Son humour et ses blagues (souvent douteuses…) le rendent aussi particulièrement attachant. Interprété dès le début par l’acteur Giampiero Morelli, ce personnage voit sa naissance au début des années 90 d’une idée de Carlo Lucarelli, écrivain, scénariste et animateur télé largement connu pour son implication dans le monde du polar et du noir. Il a gagné de très nombreux prix et animé des émissions télé consacrées à des affaires criminelles. Il est régulièrement sorti du domaine de la fiction pour raconter des affaires criminelles réelles, notamment dans l’émission Blu Notte – Misteri Italiani. Il fait actuellement partie du Gruppo 13, une association qui regroupe un bon nombre d’auteur.e.s noir puisant leur inspiration dans la région Emilie-Romagne.

Ce n’est pas, ainsi, un hasard si Il giorno del lupo, roman dont le premier épisode la série est une adaptation, se déroule à Bologne, ville de taille moyenne du nord de l’Italie et chef-lieu de l’Emilie-Romagne. En plus de constituer le décor des tournages de la série, la ville de Bologne joue un rôle essentiel dans l’intrigue à tel point que quand, il y a quelques années, la Rai a proposé de déplacer les tournages à Bari, dans les Pouilles, les refus des réalisateurs ne s’est pas fait attendre :

Qualche anno fa la Rai propose di spostare la serie a Bari ma noi abbiamo detto no e ci tengo a dire che non succederà mai, finché Coliandro lo facciamo noi sarà sempre a Bologna, perché gli autori sono sempre sostituibili ma senza Morelli e Bologna non esiste Coliandro.

Le lien entre la série et la ville s’exprime de plusieurs manières : les prises de vue insistent non seulement sur ses lieux emblématiques, à savoir ceux qui la rendent reconnaissable aux yeux des touristes, mais aussi sur les lieux connus, fréquentés, habités exclusivement par les locaux. Bologne devient ainsi non seulement la ville des belles arcades et des belles terrasses, mais aussi celle des banlieues, des quartiers d’immigrés et des terrains de bocce fréquentés par les petits vieux. Il n’est pas rare du tout d’entendre des personnages secondaires parler le patois local ou exprimer certaines légendes urbaines. Cette approche, mélangeant habilement l’image de carte postale à la vraie vie, a permis aux habitant.e.s de s’approprier pleinement cette série.

Or, si les bolognais.e.s considèrent désormais l’ispettore Coliandro comme l’un des leurs, une enquête récemment publiée montre des données surprenantes en termes d’impact de la série sur les italien.ne.s habitant ailleurs. 29% des téléspectateur.rice.s déclarent de ne jamais être allé.e.s à Bologne et de l’avoir vue pour la première fois par le biais de la série. Mais encore mieux, 38%, soit environ 4 millions de personnes, affirment être intéressées à visiter Bologne après avoir vu la série. Pour les élu.e.s d’une ville encore loin des grands circuits touristiques internationaux et connue au niveau national plutôt pour son université de renommée, cette donnée est potentiellement très intéressante à exploiter.

Cela dit, pour les fans une seule question compte : est-ce que Coliandro sera le protagoniste d’une huitième édition ? La Rai n’a pas encore confirmé (ni démenti). Pour l’instant, si cet article vous en a donné l’envie, ne ratez pas l’occasion de suivre l’épisode de mercredi prochain. Sinon, au pire, vous irez visiter Bologne à l’occasion…

Pour aller plus loin :

  • http://www.bolognatoday.it/cronaca/ispettore-coliandro-bologna.html
  • https://bologna.repubblica.it/cronaca/2018/10/23/news/coliandro_bologna-209771729/