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Publié le mardi, 6 novembre 2018 à 22h13

La télé n’a plus d’idées ?

Par Graziana Lucarelli

Le monde de l’information et de l’entertainement ont été fortement bousculés par l’arrivée d’internet et de services tels que Netflix. La télévision, en Italie comme dans d’autres pays occidentaux, cherche désespérément de nouveaux formats et de nouveaux contenus susceptibles d’attirer des publics. Mais en sommes-nous si sûr.e.s ? Deux exemples tirés de l’actualités des programmes italiens semblent nous prouver le contraire.

Le samedi 27 octobre dernier un nouveau programme a été lancé sur Rai 1 : Portobello. Pour celles et ceux qui ont vécu entre la fin des années 70 et le début des années 80 ce nom n’a rien de nouveau. Il s’agit effectivement d’une version revisitée d’un programme diffusé entre 1977 et 1983, écrit et animé par le journaliste Enzo Tortora. Le titre, s’inspirant du célèbre marché londonien, résume l’esprit de l’émission qui se voulait comme un lieu où le public était invité à présenter ses demandes, ses recherches. On y trouvait des célibataires cherchant l’amour, des inventeur.rice.s animé.e.s par l’envie de faire connaitre leurs découvertes, des personnes souhaitant retrouver des connaissances d’antan. Cette émission a été un pilier de l’histoire de la télévision italienne parce que là ont trouvé inspiration de nombreuses émissions venues pour la suite : Scommettiamo che ?, I cervelloni, Stranamore, Carramba che sorpresa, juste pour en citer quelques-unes.

Or, pourquoi une émission si populaire (elle a touché 27 millions de téléspectateurs !) n’a duré que 6 ans ? Le 17 juin 1983, le jour où Enzo Tortora était censé renouveler son contrat avec la Rai pour la septième édition de l’émission, l’animateur télé a été arrêté par la police, accusé d’avoir des liens avec la mafia pour des affaires de trafic d’armes et de stupéfiants. Si au bout de 4 ans toutes les accusations sur lui ont été retirées, cette erreur judiciaire a affecté à jamais la carrière et la vie de cet homme. Et c’est justement cette histoire la grande absente de la version revisitée animée depuis peu par Antonella Clerici. Lors de la première émission, l’animatrice a rendu hommage au créateur du programme sans évoquer l’affaire dont il a été victime et cela a profondément déplu à son ex-compagne qui s’est ainsi exprimée.

Le deuxième exemple est La TV delle ragazze, programme qui, à 30 ans de son lancement, revient à la télé pour quatre semaines consécutives à partir de ce jeudi, 8 novembre. Contrairement à Portobello, l’animation est assurée par la même personne de la première version. Il s’agit de Serena Dandini, animatrice et autrice d’émissions caractérisées par une attitude humoristique très marquée. Elle a travaillé avec certain.e.s parmi les humoristes les plus connu.e.s : Corrado et Sabina Guzzanti (au premier des deux on a déjà consacré un article), et plus récemment Neri Marcorè et Paola Cortellesi.

Cela n’étonne pas, du coup, que La TV delle ragazze d’il y a 30 ans, était une émission construite, en grande partie, sur des sketchs humoristiques. Par contre, la grande nouveauté pour l’époque était le fait d’être une émission crée, mise en scène, animée et produite presque exclusivement par des femmes. Parmi les comédiennes et humoristes lancées par Serena Dandini : Alessandra Casella, Sabina Guzzanti, Francesca Reggiani, Lella Costa, Tosca D'Aquino, Angela Finocchiaro, Maria Laura Baccarini, Iaia Forte, Syusy Blady, Maria Amelia Monti, Cinzia Leone et Monica Scattini.

Si la présence de certaines de ces artistes à la nouvelle version de l’émission est déjà confirmée, pour en savoir plus sur les contenus il faudra atteindre quelques jours. La volonté de la version 2018 de La TV delle ragazze de lancer de nouveaux talents au féminin a été, tout de même, anticipée par des messages d’appel à candidatures qui, depuis plusieurs mois, défilent en bas des programmes de la Rai.

Que ces exemples nous disent-ils ? Que la télévision préfère se tourner vers le passé au lieu de se tourner vers le futur ? Portobello semble effectivement surfer sur la vague de la nostalgie, en s’adressant au public de l’époque. D’autant plus qu’une émission comme celle-ci n’a plus trop de sens dans une société où, pour trouver n’importe quoi/qui, Google et les réseaux sociaux suffisent. Concernant La TV delle ragazze, il est trop tôt pour s’exprimer. Cependant, le mélange entre vieille et nouvelle télé qui semble se dessiner mérite d’être regardé de près.

Ici un documentaire qui retrace l’aventure d’Enzo en donnant la parole aux grands personnages de la télévision italienne, à ses ami.e.s et collaborateur.rice.s.

Pour se faire une idée de ce à quoi a dû rassembler, cliquez ici.