Cosa succede in città

Publié le vendredi, 31 août 2018 à 15h16

Gênes, au-delà du pont

Par Graziana Lucarelli

Depuis environ deux semaines on dirait qu’à Gênes il n’y a qu’un pont. Ou plutôt, qu’il n’y avait qu’un pont. Un pont qui, en s’effondrant, a attiré sur cette ville l’attention au niveau international. Or, il est bien dommage que cette notoriété ait été déclenchée par un tel drame parce que Gênes mériterait d’être mieux connue et visitée pour bien d’autres raisons. Très loin de toute ambition d’exhaustivité, je m’apprête ainsi à citer quelques éléments de l’histoire, de la culture ou, tout simplement, de la vie de cette superbe ville, en espérant lui rendre honneur et, en même temps, susciter votre curiosité.

Avec Amalfi, Pise et Venise, Gênes se place parmi les villes qui, à partir du XIXème siècle, ont été appelées les Républiques maritimes. Dès le Moyen Age ces villes ont bénéficié d’une prospérité et d’une autonomie politique toutes particulières, dues à leur positionnement stratégique au bord de la mer et aux activités maritimes qui en découlaient. Effectivement, Gênes domine la partie de la mer Méditerranée circonscrite par l’Italie et la Corse : il s’agit de la mer Ligure du nom de la région dont elle est le chef-lieu. Encore aujourd’hui Gênes entretien une relation étroite avec la mer, par le biais de son port, le plus grand d’Italie en superficie, mais aussi de son extraordinaire aquarium qui, en Europe, propose le plus grand nombre d’écosystèmes naturels.

Sa construction en 1993 a été inscrite dans un projet global d’urbanisme piloté par un des architectes les plus illustres au monde, Renzo Piano, bien connu à Paris non seulement parce qu’il l’a choisi comme lieu de résidence, mais aussi parce que le centre Pompidou porte sa signature (et bientôt aussi le nouveau Palais de Justice dans le 17ème arrondissement). Or, il se trouve que Piano est originaire de Gênes et il s’est d’ailleurs exprimé ici sur le drame du pont. Les dernières informations relatent aussi d’un projet pour un nouveau que l’architecte aurait offert à la ville.

Mais Piano n’est pas la seule personnalité étant née ou ayant vécu à Gênes et contribuant ainsi à sa renommée. Un dicton dit que les italiens sont un peuple de poeti, santi e navigatori (poètes, saints et marins). Sans vouloir approfondir ici son identité religieuse, Gênes semble correspondre assez bien à cette définition dans le sens où la poésie y a eu une place particulièrement significative. Nombreux sont les poètes, connus en Italie et même à l’étranger, qui y sont originaires ou qui, venant d’ailleurs, y ont trouvé une source d’inspiration. Cela suffit de citer Eugenio Montale, Giorgio Caproni, Camillo Sbarbaro, Dino Campana e Edoardo Sanguineti.

Dans le poème Corso Dogali, Montale ainsi décrit l’ambiance de la rue de sa maison d’enfance :

"Se frugo addietro fino a Corso Dogali
Non vedo che il Carubba con l’organino
a manovella
e il cieco che vendeva il bollettino
del lotto. Gesti e strida erano pari.
Tutti e due corpi ispidi e rognosi
Come i cani bastardi dei gitani
E tutti e due famosi nella strada,
perfetti nell’anchilosi e nei suoni.
La perfezione: quella che se dico
Carubba è il cielo che non ho mai toccato."

Sanguineti semble raconter un épisode de la vie quotidienne (une visite chez un opticien de Corso Buenos Aires), alors que finalement il nous parle de bien autre chose.

"mi sono riadattato agli occhiali (che la patente, a me, rende obbligati, ormai),

in un paio solo di giorni: vedo tutto più netto: (ma niente mi è, per questo,
diventato migliore, in verità: un semaforo è sempre un semaforo, un marciapiede
è un marciapiede: e io sono sempre io, così):
(quanto al doloroso senso di capogiro,
vaticinato, con l’emicrania, da un Istituto Ottico di corso Buenos Aires, al quale
mi sono rivolto, questa volta, l’ho sperimentato e l’ho superato): (l’oculista
affermava che, con il tempo, io mi ero costruito una mia rappresentazione arbitraria
della realtà, adesso destinata, con le lenti, a sfasciarsi di colpo):
(e ho potuto
sperare, per un attimo, di potermi rifare, a poco prezzo, una vita e una vista)"

D’autres auteur.e.s ont préféré mettre leurs mots en musique, ce qui a donné naissance à un mouvement artistique appelé Scuola Genovese. A partir des années 60, de nombreux auteurs-compositeurs-interprètes ont trouvé à Gênes un lieu fécond pour développer leur art lié principalement aux chansons à texte. Sans la nommer, nous avons déjà cité ce mouvement en parlant de Fabrizio De André, parmi les artistes (sinon l’artiste) symbole de cette ville. En 1984 De André a même choisi de réaliser les paroles d’un de ses meilleurs albums, Creuza de mar, dans le dialecte local. Ici la chanson qui donne le titre à l’album. Pour information, ce langage est totalement incompréhensible pour les non-génois.e.s ! La beauté de la diversité linguistique italienne…

Ami très proche de De André et comme lui habitant Gênes, Paolo Villaggio a également marqué la culture italienne avec le personnage de Fantozzi que nous avons présenté ici.

Pour celles et ceux qui, après la lecture de cet article, se demandent comment aider cette ville si riche culturellement à sortir de cette période compliquée, la meilleure réponse possible me semble la suivante : allez à Gênes et profitez de sa beauté. Et tant que vous y êtes … goutez les trofie al pesto. Vous n’allez pas le regretter.

Cliquez ici pour lire d’autres poèmes liés à la ville de Gênes.