Interviews

Publié le mardi, 8 mai 2018 à 10h59

Entretien avec Silvia Avallone

Par Stefano Palombari

Nous avons rencontré Silvia Avallone pendant son séjour à Paris pour la présentation de son dernier livre La Vie parfaite (Da dove la vita è perfetta) qui vient de paraître aux éditions Liana Levi. Voici quelques extraits de l’entretien. La version intégrale est en vidéo en bas de la page.

Pourquoi avoir choisi la ville de Bologne ? « J’ai choisi Bologne pour mon troisième roman car Bologne est la troisième ville de ma vie. Mes deux premiers romans se passaient dans les deux premières : Biella et Piombino. Pour moi les lieux sont comme des personnes. Il est donc fondamental de les connaître pour pouvoir les transporter dans un roman. Les lieux jouent un rôle de co-protagonistes car ils te façonnent, ils décident de ton éducation, de ce dont tu rêveras, ils t’entravent, ils sont essentiels. Pour moi dans ce dernier roman c’était fondamental que le lieu soit une ville dans laquelle le centre et la banlieue puissent se toucher, continuer de se faire la guerre mais aussi avoir un dialogue. [J’ai choisi Bologne aussi car] elle est ma ville du futur et le futur est important dans un roman où on parle de naissances. »

« La maternité comme thème de mon dernier roman a une origine banalement biographique même si pour moi écrire n’a rien à voir avec un journal intime. (C’est) plutôt le contraire, c’est à dire vivre les vies des autres (...). J’allais devenir mère moi-même, et la question « que signifie devenir parent ? » était une question que je sentais pressante.

(J’avais) cette peur et ce vertige d’avoir entre les mains le bonheur d’une autre personne, une autre personne qui est ton enfant mais qui ne t’appartient pas. Qui ne naît pas pour continuer ton histoire mais pour commencer la sienne et donc la maternité est, en quelque sorte, aussi un travail elle appartient à la sphère du travail(…) un corps à corps de sentiments et physique. (L’accouchement est) quelque chose qui me rappelle l’officine de « D’Acier » (ainsi que) l’effort d’Andrea dans « Marina Bellezza » pour monter un élevage. La fatigue physique est cette révolution intérieure qui te permet d’être au service de quelque chose qui est plus grand que toi.

Il fallait que la naissance arrive dans un lieu oublié par l’Histoire car la rage que l’on couve en ces lieux est une rage qui vient de l’absence de mots. Ces lieux ne sont pas racontés par les médias, par les politiciens, par l’Histoire et en même temps ils sont laissés sans mot. Dans les banlieues les livres n’arrivent pas, les écoles n’arrivent pas et nous nous accommodons de cela. Je ne l’accepte pas.  »

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