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Publié le mardi, 30 janvier 2018 à 08h00

Un grand acteur pour interpréter un grand "cantautore"

Par Graziana Lucarelli

C’est en commémoration de la naissance et, en même temps, de la mort de l’auteur-compositeur-interprète (plus simplement cantautore en italien) Fabrizio De Andrè, qui ont eu lieu respectivement en février 1940 et janvier 1999, que le film autobiographique Fabrizio De Andrè - Principe Libero est dernièrement sorti au cinéma. Pensée avant tout comme un film pour la télévision, cette œuvre du réalisateur Luca Facchini n’est restée dans les salles que pendant deux jours, les 23 et 24 janvier. Elle sera, par contre, diffusée sur Raiuno les 13 et 14 février prochain.

Mais qui a été Fabrizio De Andrè ? Vingt ans après sa disparition, Fabrizio De Andrè est désormais considéré comme l'un des grands poètes de langue italienne des dernières décennies. Né à Gènes dans une famille très aisée, il a durant toute sa vie mal vécu le conformisme bourgeois que ce milieu lui imposait. Il préférait voler des vinyles d’Elvis dans les ruelles du centre historique de sa ville natale, s’enivrer accompagné d’une prostituée de passage, ou fumer une cigarette dans un bateau au bord de la mer. Pendant ses 40 ans de carrière et seulement 13 albums, épaulé par les amis de toujours tels que les musiciens Luigi Tenco et Gino Paoli et l’acteur Paolo Villaggio, il a chanté l'amour avant tout, en prenant la défense des exclus, des opprimés, des marginaux.

C'est au milieu des années soixante que Fabrizio De André s’est fait connaître avec La canzone di Marinella. Cette chanson, basée sur seulement deux accords, arrivait à concilier la simplicité de la musique populaire avec une extrême finesse des paroles. Et on peut peut-être considérer que c’est dans cette heureuse liaison de mots et de musique que réside la raison de l’attachement que le public italien a toujours porté à cet artiste.

S'accompagnant de sa guitare, il s'inspirait de Georges Brassens, qu'il a considéré comme son maître, et dont il a d'ailleurs traduit ou adapté les plus belles chansons comme Les Passantes, Mourir pour des idées, Le Gorille. De André parlait ainsi de son collègue : « Il a bouleversé ma vie. Si j’ai entrepris ce métier ce n’est que grâce à lui ». Les deux artistes se sont battus contre les fausses idéologies, l’hypocrisie et la violence exercée sur les plus faibles. Par contre, si Brassens était un très fin érudit, De Andrè était plutôt un héros romantique, pris par un angoissant mal de vivre.

Anarchiste, génial et grand poète, cet auteur et toute sa complexité sont interprétés de manière magistrale par l’acteur Luca Marinelli qui, après l’énorme succès du film Lo chiamavano Jeeg Robot, revient sur les écrans pour ce rôle d’envergure. Sans tomber dans le piège de l’imitation à tout prix (au point que certains génois n’ont pas apprécié son accent souvent un peu trop romain à leur dire…), Marinelli réussit à rappeler De Andrè à tout moment, par sa démarche, sa passion pour la cigarette, sa mèche et ses yeux sensibles. Pour découvrir un bout d’Italie qui le mérite, vous n’avez qu’allumer la télé le 13 et le 14 février prochain.

« Dai diamanti non nasce niente, dal letame nascono i fior »

Pour aller plus loin :

  • http://www.repubblica.it/spettacoli/cinema/2018/01/19/news/_fabrizio_de_andre_principe_libero_marinelli-186826503/
  • https://www.rockit.it/articolo/fabrizio-deandre-principe-libero-luca-marinelli-recensione