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Publié le mardi, 19 décembre 2017 à 07h23

(Encore) un énorme succès pour la série Gomorra

Par Graziana Lucarelli

Plus de dix ans se sont déjà écoulés depuis que Roberto Saviano, écrivain et journaliste napolitain, a décrit les milieux mafieux de sa ville natale dans son roman Gomorra, roman qui a remporté un succès immense, en Italie comme à l’étranger, mais qui lui a valu également une vie sous protection policière permanente. Dans cette œuvre, sortie en France en octobre 2007 chez Gallimard, Saviano a dénoncé ouvertement les protagonistes du racket organisé à Naples et en Campanie, faisant preuve d’un grand talent de journaliste d’investigation, mais aussi d’un grand courage, ne reculant pas face à un acte politique considérable dans l’Italie d’aujourd’hui. L’auteur a raconté minutieusement les activités et le fonctionnement de la criminalité organisée, sur fond de guerres entre clans rivaux et de trafics en tout genre : contrefaçon, armes, drogue et déchets toxiques.

On peut dire clairement que la publication de ce livre a engendré un véritable « phénomène Gomorra ».  En 2009, l’ouvrage, traduit dans 42 pays, a été vendu à plus de quatre millions d'exemplaires à travers le monde. Une œuvre théâtrale, écrite par Saviano avec Mario Gelardi, en a été tirée. Le livre a également été adapté au cinéma en 2008, ou mieux, Matteo Garrone, un parmi les plus captivants réalisateurs italiens contemporains, s’est inspiré de l’histoire racontée par Saviano pour lui donner vie en images. L’écrivain a déclaré :

« Je suis obsédé par le business, les mécanismes économiques de la Camorra. Garrone, lui, est obnubilé par la violence, les voix, les odeurs, la saleté de cette organisation. On a deux regards très différents. Le film et le livre ne se superposent pas, ils se complètent.[…] À l'origine, Matteo est un cinéaste assez esthétisant, mais, avec Gomorra, il a pris conscience de la valeur du témoignage, dans un livre ou avec un film. »

Le film a remporté le Grand Prix du jury du Festival de Cannes 2008 et a reçu la nomination au Golden Globe et au César comme meilleur film étranger. De quoi être satisfait. Mais comme si cela ne suffisait pas, le succès de Gomorra ne s’est pas arrêté là. En 2014 le travail de Saviano a été à l’origine d’une série télé qui, arrivée à sa troisième saison, bat son plein en Italie. Diffusé le 17 novembre dernier, le premier épisode a rassemblé plus d’un million de téléspectateurs, une audience record. Opération jamais tentée en Italie, deux épisodes ont été projetés en avant-première dans 300 salles de cinéma. Certains critiques cinématographiques vont jusqu’à définir cette sérié comme un « classique contemporain ». Et si la parodie était le critère pour acter de la notoriété, on peut alors considérer que la série Gomorra est officiellement rentrée par la grande porte dans l’imaginaire collectif italien : le groupe d’humoristes du net The Jackal a signé une série de vidéos appelée Les effets de Gomorra sur les gens qui emprunte les répliques culte de la série pour les tourner, bien évidemment, à la rigolade.

Mais tout succès est toujours accompagné de polémiques, d’autant plus que le sujet abordé est particulièrement sensible. Comme cela a déjà été le cas pour les deux premières saisons, la diffusion des nouveaux épisodes a relancé le débat sur la représentation de la mafia dans la série. Selon certains, notamment des magistrats anti-mafia, Gomorra donnerait une image trop positive, trop brillante des criminels dont elle fait ses héros, influençant un jeune public impressionnable qui les prendrait pour modèles. La fiction inspirée de faits réels se doit-elle de respecter, en quelque sorte, les faits qu’elle raconte ?

Pour aller plus loin :

  • https://www.facebook.com/tvtalk/videos/1481665381869256/
  • https://vl-media.fr/nouvelle-polemique-autour-de-gomorra/">https://vl-media.fr/nouvelle-polemique-autour-de-gomorra/