Cosa succede in città

Publié le samedi, 9 décembre 2017 à 15h12

En souvenir de...

Par Chiara Cipollone

La carrière littéraire et journalistique d’Alessandro Leogrande a été intense, dynamique, riche d’enquêtes sur l’actualité et marquée par un fort militantisme politique et intellectuel. Une carrière intense mais brève. Brève car Alessandro Leogrande est mort à Rome le 26 novembre 2017, à l’âge de quarante ans, à cause d’un soudain malaise. Ainsi s’éteignait une voix influente et importante du panorama intellectuel italien contemporaine.

Né à Taranto en 1977, Alessandro Leogrande a obtenu sa maitrise en philosophie à l’université « La Sapienza » de Rome. Il a débuté dans le monde littéraire avec la publication d’un reportage, « Un mare dentro » (2000), qui a été le point de départ d’un voyage d’exploration du monde souterrain de la nouvelle mafia, de l’exploitation de travailleurs immigrés dans le sud de l’Italie (« Uomini e caporali » 2008) et de flux migratoires traversant la Méditerranée et les Balkans (« Il Naufragio », 2011 – « Adriatico », 2011). Par ailleurs, il a été éditeur du cahier Furibondo » publié dans la revue hebdomadaire « Pagine99 » et vice-directeur de « Lo Straniero » dirigé par Goffredo Fofi. Il a aussi collaboré avec les plus importants organes de presse italiens tels que « L’unità », « Il Manifesto », « Internazionale », « Panorama », « Il Fatto Quotidiano » et avec le blog « Minima&Moralia », où Leogrande a montré une connaissance approfondie de la société contemporaine. De quelle société ? Non seulement de la société italienne (l’Ilva de Taranto et l’esclavage clandestin de Rosarno) mais aussi de l’Europe (les élections en France et l’avancée du nationalisme en Europe). Une pluralité d’horizons qui l’a mené entre autres à s’intéresser aux écrivains et aux artistes en tant que représentants de leur époque et sujets capables d’interpréter une réalité sociale et anthropologique spécifique.

En effet, l’interprétation de la société est un élément décisif dans toutes ses œuvres et ses nombreux articles, qui se lie à la tenace volonté de donner la parole à « ceux qui sont les derniers et ceux qui sont férocement exploités » partout dans le monde. C’est grâce à cette volonté d’explorer et de découvrir les histoires clandestines et les personnages oubliés et méconnus qu’Alessandro Leogrande a commencé à voyager en Argentine ces derniers mois. Un voyage qui avait pour but d’enquêter sur les dictatures militaires de l’Amérique du sud et les histoires de desaparecidos, et qui aurait surement mené à un autre travail analytique ; et peut-être, qui sait, à un nouveau prix littéraire aussi important que le prix Kapuscinski, récemment gagné par Leogrande en tant qu’auteur émergent, capable de raconter les lieux et les cultures avec l’esprit d’un reporter et la voix d’un narrateur.Sa voix et sa capacité à sonder la société contemporaine demeureront des exemples de finesse et de rigueur intellectuelle qui souvent peinent à trouver leur place dans le panorama culturel italien.

https://www.youtube.com/watch?v=QFAoDASits4&t=66s

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