Cosa succede in città

Publié le lundi, 2 octobre 2017 à 23h10

Une voix qui s’impose

Par Graziana Lucarelli

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On les entend ses origines sardes. Michela Murgia, née dans la petite commune de Cabras donnant sur la splendide mer de Sardaigne, a gardé un peu de l’accent caractérisant les habitants de l’île, mais cela ne lui a pas empêché de développer des qualités oratoires indéniables et une très belle plume. Et ce sont précisément ces qualités qui lui ont permis, à l’âge de 35 ans passés et après avoir cumulé une quantité de métiers pas toujours réjouissants, de s’imposer dans le panorama littéraire italien. C’est en 2009 qu’elle a publié Accabadora, l’œuvre qui l’a rendue célèbre auprès du grand public avec une histoire où se mêlent, dans la Sardaigne des années 50, les thèmes de l’adoption et de l’euthanasie. Le livre a été traduit dans une trentaine de langues et a gagné le prix Dessì, le SuperMondello et le prix Campiello.

À vrai dire, si Accabadora a eu un joli destin, on ne peut pas dire que son premier roman ait eu un triste sort. Au début des années 2000, Michela a commencé à raconter son expérience professionnelle vécue au sein du centre d’appels d’une multinationale dans des articles qu’elle publiait dans un blog. Par la suite, le blog a pris la forme d’un roman, Il mondo deve sapere, pour enfin inspirer le scénario de Tutta la vita davanti, comédie drôle et amère de Paolo Virzì qui, grâce également à une excellente distribution, a remporté un large succès, en révélant les dures conditions de travail de nombre de salariés de notre époque.

Les italiens qui ne sont pas branchés sur l’actualité littéraire ont pu connaître le personnage de Michela Murgia à travers le petit écran. Pendant la saison 2016/2017, elle a effectivement intégré l’équipe de Quante storie, émission d’approfondissement culturel de Rai 3 animée par l’infatigable et toujours aussi cultivé Corrado Augias. L’écrivaine a participé à cette émission quotidienne avec une rubrique de critique littéraire qui a su capter l’attention d’un grand nombre de téléspectateurs, même des moins passionnés de livres, surtout grâce à ses « mauvaises critiques » du mercredi. L’attention a été telle que l’humoriste Virginia Raffaele s’en est inspirée pour une parodie. Si on pourrait reprocher à nombre de journalistes d’avoir leur langue dans leur poche, ce n’est pas le cas pour Michela Murgia. Ses opinions tranchantes et bien formulées ont fait le bonheur du public qui a exprimé tout son désarroi face au départ de Michela de l’émission.

Mais si les italiens ont l’habitude de dire que « Chiusa una porta si apre un portone » (littéralement « Quand une porte se ferme, un portail s’ouvre »), ce n’est pas pour rien. Parce que depuis samedi dernier Michela a assumé l’animation de A à Z de l’émission Chakra, encore une fois sur Rai 3. Pendant six semaines, elle abordera des thématiques d’actualité en s’appuyant sur des conversations avec des invités, mais sans jamais oublier l’apport qu’à toute question peut fournir la littérature. La première émission a été consacrée à la thématique de la haine sur les réseaux sociaux. Je vous invite à suivre le facebook d’une émission qui donne de l’espoir quant au rôle éducatif de la télévision et également le profil personnel de cette intellectuelle que je considère comme étant une perle rare.

Portrait d'une écrivaine et intellectuelle sarde d’aujourd’hui qui redonne le plaisir de la lecture et le goût de l’esprit critique, dans les livres comme à la télé.