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Publié le jeudi, 27 juillet 2017 à 22h08

À Santarcangelo le théâtre se veut libre

Par Graziana Lucarelli

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Tous ceux qui s’intéressent au théâtre italien et à l’origine des tendances actuelles ne peuvent pas passer à côté de la petite ville de Santarcangelo di Romagna qui, à quelques pas de Rimini et de ses plages, accueille depuis 1971 le festival de spectacle vivant le plus novateur et anticonformiste que l’Italie ait jamais connu.

Inauguré à la suite des mouvements contestataires de 1968, il a su faire le lien avec le folklore local et, dans le même temps, revendiquer la valeur politique et sociale de l’art de la scène. Le slogan "Il teatro sgorga dalla collettività, per ritornare alla collettività” (Le théâtre jaillit de la collectivité, pour retourner à la collectivité) représente bien l’esprit qui animait les premières années du festival.

Si le festival a réussi, au fil du temps, à s’imposer comme étant un pilier du théâtre de recherche international en accueillant des personnalités telles que Jerzy Grotowski, Julian Beck avec le Living Theatre et Odin Teatret, il n’a pas oublié de cultiver l’ancrage dans son propre territoire. À ce titre, les plus talentueux et reconnus artistes locaux, à savoir les compagnies Societas Raffaello Sanzio, Teatro Valdoca, Teatro delle Albe et Motus, se sont produites lors de nombreuses éditions du festival. Et, parallèlement à cela, nombre de citoyens de Santarcangelo participent tous les ans à la réalisation des spectacles et beaucoup d’enfants et de jeunes sont sensibilisés au théâtre dans ses formes plus contemporaines tout le long de l’année.

Depuis sa naissance, le festival a vu se succéder des directeurs qui ont, chacun à sa manière, imprimé un goût particulier au festival. L’italienne Silvia Bottiroli a assumé la direction jusqu’à l’année dernière quand elle a passé la main à la biélorusse Eva Neklyaeva, épaulée par Lisa Gilardino. Si l’art a le droit d’être ce qu’il veut, comme n’ont pas peur d’affirmer les deux femmes dans une interview, cela ne paraît pas tout à fait clair pour certains élus qui, pendant l’édition du festival qui vient de s’achever, ont manifesté leur mécontentement quant aux fonds publics octroyés à une manifestation qu’ils jugent de « propagande politique et diffusion d’idéologies complètement déconnectées des problèmes concrets des citoyens », prônant une « sexualité anti-éducative qui sponsorise le porno-terrorisme ». Des propos violents pour légitimer l’idée selon laquelle le « vrai art » devrait être éducatif, transmettre des bonnes valeurs et ne rien remettre en question. Sauf que l’art c’est exactement le contraire de cela. Et la direction du festival l’a revendiqué à grande voix dans le communiqué de presse dont je cite ici un extrait :

Santarcangelo Festival en tant qu’institution assure un espace de liberté d’expression, et le droit des artistes d’aborder les thèmes qu’ils considèrent comme étant pertinents dans notre société, comme il est affirmé dans la Constitution Italienne. La liberté de la censure, ainsi que l’indépendance du pouvoir politique, sont à la base de toute pratique artistique contemporaine. Nous considérons comme étant absolument inacceptable qu’un pouvoir politique se sente autorisé à interférer dans ce travail, en jugeant de ce qui serait de la « vrai culture » ou de la « pseudo culture ».

Dommage qu’en 2017 il soit encore nécessaire de réaffirmer ces idées.

  • La 47ème édition du Festival di Santarcangelo vient de s’achever
  • Un festival où les spectacles des plus grands artistes internationaux mobilisent une petite communauté locale
  • Malgré sa longue histoire, la liberté des artistes du festival est toujours remise en question