Cosa succede in città

Publié le samedi, 30 juillet 2016 à 21h17

Un livre trop long gagne le Prix Strega

Par Graziana Lucarelli

Strega_opt.JPG
 

Le monde de l’édition italien n’a pas grand-chose en commun avec le système à la française qui mise tout sur la période de la rentrée et sur les prix littéraires qui conditionnement fortement les lecteurs et, par conséquence, les achats. En Italie, le concept de rentrée littéraire n’existe pas et les prix n’ont qu’une influence très modeste sur les orientations du marché.

Le seul prix prestigieux existant est le Prix Strega, souvent considéré comme l’équivalent du Prix Goncourt français. Fondé en 1947 par le couple Maria e Goffredo Bellonci et l’industriel Guido Alberti, le prix Strega porte le nom de la liqueur éponyme, liqueur produite et commercialisée par Monsieur Alberti.

Quelques-unes parmi les œuvres lauréates pendant ces presque 70 années d’existence sont devenues des piliers de la littérature contemporaine italienne : entre autres, Il Gattopardo de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, grand succès du roman mais aussi de son adaptation au cinéma par le célèbre réalisateur Luchino Visconti, et Il nome della rosa de Umberto Eco qui, avec ses 50 millions d’exemplaires vendus, a contribué à faire connaitre au monde entier le génie de son auteur, récemment décédé et ici commémoré par Cosa succede in città.

Le 8 juillet dernier, à l’issue d’un long processus de sélection, le Prix Strega 2016 a été attribué à Edoardo Albinati pour son œuvre littéraire La scuola cattolica, édité par Rizzoli. Le choix du mot « œuvre » plutôt que « roman » n’est pas fortuit. Des nombreux lecteurs se demandent si on peut effectivement parler de roman pour décrire le dernier travail de Albinati. L’opinion qui parait assez partagée est qu’il s’agirait plutôt d’une forme hybride d’écriture qui mélange le roman, l’autobiographie et l’essai. Un texte qui prend comme inspiration initiale un fait divers qui eut lieu en 1975 et qui marqua profondément les esprits, le délit du Circeo, pour ensuite développer une critique très pointue de la situation sociale et politique de l’Italie des années 70.

En plus de son contenu, ce qui ressort en lisant les commentaires des lecteurs et qui constitue l’extraordinarité de ce livre est son volume, presque 1300 pages, ce qui en fait un des livres les plus longs de l’histoire de la littérature italienne. Pourquoi le roman est-il si long ? Toutes ces pages sont-elles vraiment essentielles ? En quoi un livre au format si imposant influence la lecture ? Ici et ici la réponse à ces interrogations et à bien d’autres.

  • Lauréat de l'édition 2016 : « La scuola cattolica » de Edoardo Albinati
  • Remise du prix le 8 juillet 2016 à l’Auditorium de la Musique à Rome
  • www.premiostrega.it