150 ans d'Italie

Publié le mardi, 5 juillet 2011 à 08h54

A la découverte du Val di Susa

Par Christine Barbier

Sacra di San MicheleEn ce moment sur le devant de la scène de l’actualité avec les manifestations et affrontements liés au futur TGV Lyon - Turin, la val di Susa est, depuis l’antiquité, un des lieux privilégiés de passage reliant l’Italie avec l’autre côté des Alpes, grâce aux cols du Monginevro et du Monceniso. Le Moyen Age a d’ailleurs doté ce Val di Susa d’un rôle de premier plan au niveau européen en tant que voie de transit des marchands, des soldats, des nobles, des hommes d’Eglise et des pèlerins qui devaient rejoindre Rome ou St Jacques de Compostelle.

Déjà en 333, le col du Mont Genèvre fut traversé par l’auteur anonyme d’un « Itinerarium burdigalense », la plus antique description d’un pèlerinage chrétien. A partir du haut Moyen Age, le col du mont Cenis est devenu un des points névralgiques de la scène politique européenne avec la première descente en Italie de Charlemagne, en 773 avec la bataille des Chiuse contre les Lombards, puis avec l’entrée de la dynastie des Savoie en Piémont. L’afflux de personnes le long de la voie Francigena, produisit une circulation d’idées et un constant échange de savoirs, de langues et de religiosité qui ont contribué au développement d’une vallée d’une grande vitalité culturelle avec une empreinte européenne.

Des monastères de notoriété internationale comme l’abbaye di Novalesa ou la sacra di San Michele, ou des lieux de culte plus locaux virent le jour. Ainsi que des marchés, des lieux citadins de transit et de passage obligé, des hôpitaux, des auberges ou encore des lieux de cure comme San Antonio di Ranverso où l’on soignait l’ergotisme. Châteaux fortifiés, maisons fortes ou palais témoignent comme à Susa, Chiomonte ou Oulx du contrôle territorial tissé par le pouvoir seigneurial le long de la vallée. Pouvoir lié à l’importance économique et commercial que l’itinéraire acquit avec le temps.

Parcourir aujourd’hui la vallée de Susa c’est partir à la découverte de l’art, la vallée regorge de véritables joyaux discrètement cachés au sein d’antiques édifices. Visiter la sacra di San Michele avec la légende de la « bella Alda » qui se jeta d’une tour pour échapper à ses poursuivants et que l’archange San Michele sauva de sa chute, c’est aussi être saisi d’une atmosphère prégnante ( on y tourna quelques scènes du film « Au Nom de la Rose » du célèbre roman d’Umberto Eco) et d’un panorama montagnard grandiose.

De nombreux marcheurs excursionnistes ou pèlerins parcourent cette vallée depuis le Mont Cenis jusqu’aux portes de Turin en empruntant l’antique voie Francigena. La vallée développe un tourisme doux, orienté vers une réunification et un apaisement du corps et de l’esprit, dans une mosaïque culturelle remarquable. Voici le Val di Susa aujourd’hui. Un coin d’Italie intemporelle, avec une beauté de la nature et un patrimoine artistique, culturel et religieux précieux, unique. Une vallée ouverte, lieu de passage et de tradition avec de petits villages authentiques de pierres et de bois que traversent des torrents. Une vallée où co existent encore l’empreinte des Romains et le rythme des saisons, la rigueur et la douceur des montagnes, et pour le voyageur le rythme du souffle et de la marche, et celui de la quête de sens ou de soi.