Politique et économie

Publié le lundi, 30 août 2010 à 20h42

Silvio, Mouammar et la farce misogyne

Par Francesca Melle

hostess_gheddafiIl y a longtemps, un titre comme celui-ci aurait fait penser à un film tel que “Totò, Peppino e la malafemmina”, mais de nos jours, dans l’Italie de la deuxième république et de la nouvelle politique, cela n’est, hélas, que la triste réalité.

Le colonel lybien Kadhafi vient de donner un spectacle étonnant, lors d’une visite officielle à Rome. Et ça pour la deuxième fois. Le 16 novembre 2009 il avait déjà parlé face à un public de centaines de jeunes filles, hôtesses d’une agence, payées pour leur présence, en tenant un meeting où se mêlaient l’Islam et la politique. Et hier il a renouvelé sa représentation.

Ce qui inquiète le plus, c’est l’utilisation de la femme “objet”, car il convient qu’elle soit la plus “féminine possible “ et surtout, silencieuse, lors des manifestations de propagande. Quoi de neuf ? pourrait-on dire, si l’on pense au gynécée berlusconien de Villa Certosa ou aux entraîneuses qui fréquent(ai)ent Palazzo Grazioli à Rome.

Mais quelle est donc cette attitude (qui devient habituelle) d’utiliser les filles comme arrière-plan, toile de fond, pour attiser la convoitise des foules et surtout mettre en valeur la vanité de ces hommes de pouvoir ? Peut-être parmi les raisons de ces manifestations, veulent-ils faire comprendre leur suprématie : il faut des centaines de filles pour qu’on comprenne, qu’un seul homme les vaut toutes ?

Mais la faute n’incombe-t-elle pas aussi, en partie, à ces filles qui ne réfléchissent pas et sont contentes de se faire admirer en jouant les figurantes sur scène (en plus si elles sont rétribuées, c’est encore mieux...) ?

On se pose pas mal de questions en regardant une image comme celle à droite, difficile pourtant de répondre.

D’ailleurs on ne peut s’étonner de l’étroite collaboration existant entre le premier ministre italien et le dictateur lybien : à la suite de la colonisation du pays africain par l’Italie fasciste, dont on a utilisé le dédommagement pour rétablir des liens étroits entre les deux nations, aujourd’hui Kadhafi est devenu le premier actionnaire de la plus grande banque italienne. Et cela n’est qu’un exemple de son entrée triomphale dans la vie économique italienne. Dommage qu’il soit considéré comme l’un des dix pires dictateurs au monde, qui a donné en échange à l’Italie berlusconienne le contrôle de l’émigration africaine via la Lybie, par le biais de camps de concentrations où les émigrants sont enfermés.

Mais Berlusconi semble avoir une prédilection pour les personnages les plus discutables de la scène politique internationale, qu’ils s’appellent Kadhafi ou Poutine ou Chavez. Décidément les affaires doivent être particulièrement rentables pour les deux parties. Et d’ailleurs, comment oublier que les grands affairistes se sont toujours entourés de belles filles, preuve supplémentaire de leur richesse et de leur vanité.

Et là, revenons-en aux femmes italiennes. Car, on attendrait d’un pays soi-disant progressiste, économiquement, socialement et culturellement, faisant partie des grandes nations industrialisées du monde, que la condition féminine ne revienne pas à celle du milieu du vingtième siècle. Surtout quand on constate dans d’autres pays en voie de développement, le mal que des gens de bien se donnent pour essayer de sortir les femmes du moyen-âge. Au fait, les affaires avec Ahmadinejad, comment vont-elles ?

Sources : Sottoosservazione's Blog
la Repubblica.it