Publié le mercredi, 4 mars 2009 à 11h08
Stefano Benni
Stefano Benni est un écrivain et journaliste de la région de Bologne qui n'a plus besoin de présentations. Il est très célèbre et ses livres, romans et nouvelles, sont lus dans le monde entier.
Nous l'avons rencontré en février 2009, lors de son passage à Paris pour présenter son recueil de nouvelles La Grammaire de Dieu dans le cadre de la Fête du livre et des cultures italiennes.
Vous êtes de Bologne…
Je vis à Rome mais je suis originaire de la montagne émilienne et le caractère est différent, très différent par rapport à la ville de Bologne. Mes racines sont là-bas et pas à Bologne. Et il y a sûrement un peu de ça dans mes livres.
J’ai l’impression que Bologne est devenue un peu le centre littéraire italien. Du moins ici en France on publie beaucoup d’écrivains qui ont un rapport avec cette ville.
Il y avait une période où Bologne était un véritable carrefour de cultures. Il y a environ 15 ans. Maintenant, il ne reste plus rien de tout ça. C’était notamment grâce à l’université de Bologne si ce milieu littéraire a pu se créer. L’exemple de Marcello Fois en est une preuve. Il est sarde mais il s’est installé à Bologne après y avoir fait ses études. Il y a eu aussi beaucoup d’auteurs siciliens qui y venaient vivre. C’était une période où la ville était en pleine effervescence culturelle et pas uniquement dans le domaine littéraire. Pour la musique aussi.
Maintenant elle est devenue une ville très chère, bourgeoise où peuvent atterrir uniquement les étudiants les plus aisés.
Les nouvelles du recueil que vous venez de publier chez Actes-Sud, sont toutes très drôles mais un humour triste, parfois même cynique. Le monde d’aujourd’hui est dur. Pensez-vous que votre littérature peut aider à une sorte de prise de conscience ?
Apparemment oui, vu que j’ai beaucoup de lecteurs. Qui ensuite se retrouvent pour discuter ensemble autour du thème de la solitude. Comme ce livre a eu de nombreux lecteurs, il me semble évident qu’ils avaient envie de réfléchir sur ce sujet. Même si ces lecteurs avaient été moins nombreux, cela aurait été pareil. Heureusement que l’on ne me dit pas que mes livres sont sympas, qu’on les lit avec facilité. Je n’aimerais pas du tout.
Selon vous dans quel état se trouve la littérature en Italie aujourd’hui ?
Je pense qu’en Italie il y a beaucoup de bons écrivains. Mais malheureusement le marché littéraire est pollué par des non-écrivains qui passent leur temps sur des plateaux télé. Leurs livres ne sont pas des vrais livres mais des produits télévisuels.
Mais les lecteurs sont là, au rendez-vous pour les bons écrivains. On nous dit qu’il n’y en a plus, mais c’est faux. Il y a des bons écrivains et des lecteurs qui les apprécient. Comme d’ailleurs cela arrive dans les autres pays. En France, en Allemagne. Ce n’est pas vrai qu’en Italie les gens ne lisent plus.
Récemment le monde littéraire italien discute beaucoup de littérature, de son rôle, du rôle de la critique…
Je ne m’occupe pas du tout de ça. Le bavardage médiatique autour de la littérature ne m’intéresse guère. Elle ne produit que rarement quelque chose de bon. Je ne suis pas du tout ce genre de choses, car j’ai décidé de consacrer tout mon temps et mes énergies aux livres. Je ne suis plus journaliste justement pour cela.
Mes livres au bout de vingt, vingt-cinq ans, ne sont pas oubliés tandis que les articles pour les journaux, c’est très éphémère, mais j’ai été journaliste pendant longtemps avec plaisir. Maintenant je suis fatigué.