Interviews

Publié le jeudi, 27 novembre 2008 à 16h48

Deux questions à Toni Servillo

Par Stefano Palombari

toniservillo.jpgCette courte interview a été réalisée lors du passage à Paris de Toni Servillo pour le lancement de la Trilogia della villeggiatura de Carlo Goldoni, en janvier au Théâtre MC93, et du film Il Divo, dans les salles à partir du 31 décembre 2008.
Tous mes remerciements à l'équipe du Théâtre MC93 de Bobigny, grâce à laquelle cet entretien a été possible.

J’ai lu que "La trilogia della villeggiatura" (La trilogie de la villégiature) est votre premier Goldoni. Pourquoi précisément cette pièce, qui n’est pas parmi les plus célèbres de Goldoni ?

Principalement pour deux raisons. La première, concerne la forme. Comme beaucoup d’autres acteurs et metteurs en scène j’ai été attiré par la structure singulière de cette œuvre composée de trois textes qui, dans l’idée même de Goldoni, devaient être mis en scène tous les trois ensemble. Pour qu’elle devienne une sorte de grand roman théâtral, dont la longueur ne doit pas effrayer car il s’agit d’environ trois heures. Mais cette longueur donne et aux acteurs et au metteur en scène la possibilité de bien faire connaître les personnages, de les faire changer, évoluer, tout en partageant cette expérience avec les spectateurs. Et finalement de les congédier du public de façon totalement originale.
La deuxième raison est thématique car dans cette pièce Goldoni nous offre un portrait lucide, impitoyable, et en même temps très mesuré et équilibré des responsabilités, des misères, des élans et des pensées d’une classe très importante, et souvent absente, dans notre pays qui est la bourgeoisie.

Quelle a été votre première réaction lorsque le réalisateur Paolo Sorrentino vous a proposé le rôle de Giulio Andreotti dans le film Il Divo.

J’ai refusé. Je voyais une telle distance physique et comportementale que le projet me paressait impossible. C’est la valeur du scénario ainsi que l’amitié et l’estime personnelle que j’ai pour Paolo Sorrentino qui m’ont convaincu d’accepter. Car finalement le film, le scénario et à mon sens aussi son résultat, n’est pas uniquement axé sur la figure du personnage politique mais raconte une période fondamentale de l’histoire de notre pays, de l’histoire politique, morale, sociale, dont nous avons été spectateurs et sur laquelle il est important de réfléchir.