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Publié le jeudi, 18 septembre 2008 à 19h39

Pavese, ses engagements politiques

Par Samuel D.

paveselogo.jpgCesare PavesePavese ne s'est jamais réellement intéressé à la politique, son engagement politique est donc fait d'influences d'origine diverse.

En 1932, pour pouvoir enseigner dans les écoles publiques (seul moyen de trouver une rémunération stable pour Pavese à l'époque) et sous l'insistance de la famille de sa sœur, Cesare Pavese s'inscrit au parti national fasciste. Cet engagement se fait à contre cœur comme il l'écrira dans une lettre à sa sœur Maria datée du 29 juillet 1935, alors qu'il est détenu dans la prison de Regina Coeli à Rome : « A suivre vos conseils : et l'avenir, et la carrière et la paix etc., j'ai fait une première chose contre ma conscience ».

Alors que Pavese prépare ses concours d'enseignement de latin et de grec, il est arrêté le 15 mai 1935, à la suite d'autres arrestation chez les intellectuels adhérants de « Giustizia e Libertà ». On avait trouver en effet lors d'une perquisition une lettre avec le nom de Pavese, qui avait tenté d'adhérer à ce groupe à la suite de l'arrestation en 1934 de son ami Leone Ginzburg mais le remplacement ne fut jamais effectué, Pavese ayant toujours sa carte au parti national fasciste. L'écrivain après un séjour dans la prison Regina Coeli de Rome, est condamné pour « antifascisme », exclu du parti et envoyé en résidence forcée à Bancaleone en Calabre, où il restera un an « à méditer » sur son métier.

Le 8 septembre 1943, Turin est occupée par les Allemands, le bureau de Pavese chez Einaudi vient à être occupée par un commissaire de la république sociale italienne. Pavese, à la différence de nombre de ses amis qui partent dans la lutte clandestine, se réfugiât a Serralunga di Crea avec sa soeur, dans le Montferrat.

Le 1er mars 1944, Pavese, toujours à Serralunga, apprend la mort de Leone Ginziburg sous la torture dans la prison de Regina Coeli, il écrit alors le 3 mars : « Je l'ai su le 1er mars. Les autres existent-ils pour nous ? Je voudrais que non pour ne pas avoir mal. Je vis comme dans un nuage de fumée, en y pensant toujours mais vaguement. On finit par prendre l'habitude de cet état, dans lequel on renvoie toujours la vraie douleur au lendemain, et ainsi on oublie et on ne souffre pas. »

Après la Libération, Pavese apprend la mort d'un grand nombre de ses amis. Il se rapproche ainsi sans véritable vocation politique du Parti Communiste. Il commence à collaborer avec « L'Unità » (journal du PCI). Et décide de prendre sa carte à la fin de l'année 1945. Son ami Lajolo écrira à ce propos : « Son inscription au parti communiste, outre à un fait de conscience, correspond certainement aussi à l'éxigence qu'il sentait de se rendre digne de l'héroïsme de Gaspare et de ses autres amis qui étaient tombés. Comme une volonté de taire les remords et surtout de s'engager au moins maintenant dans un travail qui rachète son absence précédente et le pousse quotidiennement au contact des gens... Il tentait avec cet engagement aussi disciplinaire de rompre avec l'isolement, de de regrouper, de marcher avec les autres. C'était la dernière ressource à laquelle il s'agrippait pour apprendre le métier de vivre ».

Le 26 août 1950, Pavese se donne la mort.