Publié le samedi, 16 août 2008 à 23h10
Alitalia, entreprise publique illicite !
Alitalia, c’est : un chiffre d’affaire de cinq milliards d’euros, une flotte de 180 appareils, 22.000 employés et plus de 24 millions de passagers transportés par an.
Cette compagnie aérienne résulte de la fusion en 1957 de deux compagnies privées dont « ALI », société gérée par la FIAT. Après cette fusion, la même année, « Alitalia » devient la compagnie aérienne nationale. Dès les années soixante, Alitalia devient la 3ème plus grande compagnie aérienne d’Europe.
La compagnie ne supportera pas au début des années quatre-vingt-dix mais surtout deux mille, la concurrence des compagnies low-cost. La compagnie rate un mariage avec la société néerlandaise KLM. Le chiffre d’affaire chute de 10% en 2003. De plus la compagnie nationale reçoit une avertissement de l’Union Européenne pour « atteinte à la concurrence libre et non faussée », en effet celle-ci n’aime pas beaucoup les fonctionnaires et les aides d’Etat (en fait Bruxelles interdit toute entreprise publique d’exister). Face à ses difficultés, le gouvernement nomme en mai 2003 Giancarlo Cimoli, ancien président de la Ferrovie dello Stato (FS), président de la compagnie. Celui-ci annonce un plan prévoyant 5000 licenciements (soit plus de 20% des effectifs !) . La grève est engagée. Le combat sera long, et finalement les chefs syndicaux signent, dans une atmosphère de trahison, un accord avec le patronat fin septembre 2004 fixant à 3500 le nombre de licenciés. La compagnie est alors divisée en deux filiales (on amorce la privatisation) : « Alitalia Fly » (pour les vols) et « Alitalia Service » (pour les activités au sol). Peu à peu, la grande partie des activités de cette dernière seront externalisées et soumis à une sous-traitance (privée).
Fin 2005, la compagnie connait une augmentation de capital et est placée fin 2006 en « procédure de privatisation » par le gouvernement Prodi, alors que la filiale « Alitalia Fly » appartient toujours au Trésor italien.
En février 2007, le Trésor Public retient 5 candidats, qu’il invite à faire une offre de privatisation. Toutes les offres prévoyaient des réductions drastiques d’effectif. Sous la pression des salariés qui organisèrent des grèves suivies à plus de 90%, le gouvernement italien se retrouve contraint à abandonner « la procédure de privatisation » avant même le terme prévu des appels d’offre.
Le 1er trimestre 2008, a été l’objet de négociations entre Air France et le gouvernement Prodi. Mais idem, Air France prévoyait des réductions drastiques tant au niveau de la flotte que des effectifs. Le 2 avril, le président d’Alitalia démissione. Le 21 avril, Air France se retire de la table des négociations. Le jour suivant, le Conseil des Ministres accorde un prêt de 300 millions d’euros à Alitalia à rembourser avant la fin de l’année mais la Commission Européenne interdit le prêt qu’elle qualifie d’ « aide illicite de l’Etat »…
Le 7 août dernier, le gouvernement annonce que « la compagnie Alitalia va être liquidée le 29 août 2008 pour ensuite former une nouvelle compagnie… » privée (cela va de soi ! On vient de vous dire que publique, c’est « illicite » !)