Culture

Publié le samedi, 5 juillet 2008 à 01h24

L'essence de la Commedia dell'Arte

Par Samuel D.

Arlecchino La Commedia dell’Arte est le nom italien, universellement connu et jamais traduit, d’un « genre » dramatique originaire d’Italie. Contrairement au théâtre qui nous est aujourd’hui le plus commun et qui a ses auteurs, il n’y a pas de « pièces » (écrites) dans la Commedia dell’Arte : le rôle de l’acteur est beaucoup plus importants que celui de l’auteur d’un texte dramatique. Pour autant, la notion d’improvisation si souvent accolée à ce nom est infiniment exagérée. Ni dans le texte qui est dit par les comédiens, ni dans la mimique, ni dans les situations, il n’y a proprement improvisation. Bien au contraire !

Et là est l'essence de la Commedia dell’Arte : celle-ci vit de traditions.

Des traditions bien plus techniques que littéraires, et qui constituent un répertoire de situations, de tirades, de jeux de mots, d’attitudes plus ou moins acrobatiques, longuement étudiées et apprises par les membres d’une troupe. C’est dans ce répertoire que le comédien choisit, non pas par hasard de l’inspiration, mais en tenant compte soigneusement compte du public et de ses camarades de jeu. Ainsi deux spectacles de la Commedia dell’Arte successifs peuvent porter sur le même thème et différeront par le détail de l’invention, c’est-à-dire par la diversité des moyens techniques utilisés, qui dans l’immense majorité des cas, sont puisés dans un ample fonds traditionnel. Toute représentation est unique !

Disons alors simplement que l’acteur a une certaine liberté de choix dans ce fonds communs et qu’il peut « inventer » un jour tel ou tel procédé qui rentrera alors dans la tradition (pouvant aboutir à la création d’un nouveau personnage), alors que d’autres procédés qui se révèlent inefficaces sont abandonnés. Ce genre dramatique ne repose donc pas sur des clowns (au sens familier du terme) mais sur un métier longuement assimilé, où le rôle de la mémoire est essentiel (ce qui exclut toute idée d’une improvisation proprement dîte) pour présenter non pas un texte définitivement établi mais une masse de procédés éprouvés et spectaculaires (au sens propre du terme).

En fait, l’acteur ne peut, dans ce genre dramatique, donner sa mesure (la liberté de choix dont on parlait) qu’une fois qu’il s’est confondu avec un personnage fortement typé, voire sclérosé, dont il est amené à prendre le nom (Arlequin, Pantalone, le Capitan, Pulcinella...), le costume caractéristique et le comportement bien établi par la tradition. C’est pourquoi on ne peut pas parler de la Commedia dell’Arte comme un genre où l’improvisation serait le seul moteur et tiendrait une place quasi-sacrée dans la conception de l’œuvre.

Ainsi, je tenterais une définition du genre de la Commedia dell’Arte comme un genre dramatique qui par un nombre limité (mais dynamique car renouvelables) de techniques, constituant une tradition (répertoire de situations, mimiques, attitudes, tirades etc.), fournit une infinité d’œuvres, toutes uniques.