Société

Publié le mardi, 13 mai 2008 à 17h55

La 194, "notre" droit à l'avortement

Par Samuel D.

Manifestation pour la 194 Les dernières élections législatives ont été secouées par un débat qu’on aurait pu croire caduque : celui du droit à l’avortement. En effet, Giuliano Ferrara, ex membre du PCI (Parti Communiste Italien, qu’il a quitté en 1983) puis du PSI (Parti Socialiste Italien), homme provocateur, journaliste et directeur du quotidien « Il Foglio » dont l’une des propriétaires est Veronica Lario, femme de Silvio Berlusconi, était candidat à ces législatives d’une liste « Aborto ? No,grazie » (Avortement ? non, merci), proposant à l’Italie, de faire comme pour la peine de mort, un moratoire universel contre la légalisation de l'avortement.

Ferrara visait particulièrement la Legge 194, loi de 1978 légalisant l’avortement (la loi homologue fut adoptée en 1975 en France, là aussi après des débats houleux aux Parlements). Les meetings électoraux de Giuliano Ferrara ont tous été accompagnés de grands rassemblement des défenseurs de « la 194 ». Finalement la liste provocatrice n'a recueuilli qu'un faible 0,34% alors même qu'elle faisait partie de la grande coalition gagnante Popolo delle Libertà (PDL, coalition de Berlusconi qui s'est prononcé lui-même au cours des élections contre une révision de la loi 194).

Une fois n'est pas coutume le monarque de la Place Saint-Pierre fit de l'ingérence dénonçant il y a quelques jours le droit à l'avortement voté il y a 30 ans, comme « une (des) blessures infligées à la société ».

Au delà, des considérations religieuses et éthiques, il faut être sensible à un problème de santé publique (donc aussi économique). C'est pour quoi il faut défendre la légalisation de l'IVG, au moins pour 2 choses :

  • une femme qui veut avorter le fera, dans n'importe quelle condition. Ainsi, dans les pays où l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est pénalisée, les femmes n'avortent pas moins que dans les pays où elle est légale : interdire l'IVG n'a jamais fait baisser le taux d'avortement. Et quoiqu'on dise l'avortement a toujours existé de l'Egypte ancienne à notre époque.
  • Interdire l'IVG fait augmenter de manière dramatique le taux de décès des suites d'un avortement clandestins, les chiffres parlent d'eux même et constituent selon moi un argument « massu » : où l'IVG est illégale, le taux de mortalité est en moyenne de 330 pour 100.000 avortements, en revanche où l'IVG est légale celui-ci se situe entre 0,2 et 1,2 pour 100.000 avortements.

De plus, ce que chacun pense du statut de l'embryon, du commencement de la vie humaine ou de l'existence de l'âme ne devrait même pas avoir une place dans ce débat et ne devrait relever que de convictions intimes n'ayant strictement rien à voir avec la législation. Si on veut moins d'avortement, cela ne passe donc pas par son interdiction mais par d'autres mesures qui sont bien des mesures sociales ou de santé publique.