Publié le samedi, 19 avril 2008 à 13h15
Le "cavaliere" troisième acte
Les élections législatives italiennes qui se sont déroulées le dimanche et lundi passés ont donné un résultat clair et net. Le principal gagnant est monsieur Silvio Berlusconi du « Popolo della libertà » (peuple de la liberté). A côté, il y a quand même un autre parti qui a fait un score considérable : la ligue du Nord. Le plus étonnant c'est qu'il obtient de très bons résultats aussi dans le Sud et dans les Îles, des régions « contre lesquelles » ce parti était né.
Du côté des perdants, naturellement le PD de Walter Veltroni, qui ne s’attendait pas à être distancé de plus de neuf points. La gauche arcobaleno (arc-en-ciel), une nouvelle formation qui réunissait trois partis (les deux partis communistes plus les verts) ainsi que la partie des DS (démocrates de gauche) qui n’avait pas voulu entrer dans le PD. Elle pensait faire un beau score, espoir conforté par les sondages, mais a été littéralement laminée par ces élections. Pour la première fois depuis la fin de la guerre il n’y aura pas de communistes au parlement (ni à la chambre ni au sénat).
Le parlement italien sort de ces élections extrêmement simplifié. Il ne reste plus qu’un parti en dehors des deux coalitions (6 partis en tout). C’est peut-être une bonne chose pour la stabilité du gouvernement mais est-ce bien pour la démocratie ?
Quelques autres données me paraissent intéressantes. Le vote des Italiens expatriés a été presque à contre tendance. Si au sénat le parti de Berlusconi est majoritaire pour une poignée de voies à la chambre le parti démocrate gagne haut la main. En Italie le système est totalement différent par rapport à la France. Il n’y a pas de grands électeurs pour le sénat mais tout simplement des électeurs plus âgés. Les italiens de moins de 25 ans ne peuvent pas voter pour le sénat, ce qui veut dire que les électeurs entre 18 et 25 ans ont voté massivement pour le PD.
C’est toujours difficile de décrypter des résultats en terme de messages adressés par les électeurs. Cependant ce n’est pas difficile de remarquer que tous les partis qui étaient dans le gouvernement Prodi ont été lourdement sanctionnés. Pourquoi ? Et là on quitte les données pour entrer dans le domaine des appréciations, de l’exégèse politique. Je crois que le gouvernement Prodi a donné une forte impression d’immobilisme par manque de courage. Beaucoup de mesures pourtant présentes dans le programme de la coalition n’ont pas été mises en oeuvre à cause des résistances d’une partie de la coalition. Prenons l’exemple de l’Espagne : le Premier ministre Zapatero a osé prendre des mesures impensables pour un pays considéré traditionaliste et très catholique. Ce choix a été payant. En Italie, Prodi a fait l’inverse. Lorsqu’il s’apprêtait à appliquer une partie de son programme et que quelqu’un de la coalition haussait un peu le ton, il rebroussait chemin. Voir les DICO, les pacs italiens. Gagner des élections, ou faire un bon score, en étant les héritiers d’un si lourd passé proche était impossible. La gauche arc-en-ciel aussi en a fait les frais. Les électeurs n’ont pas oublié qu’ils ont gouverné avec Prodi et que Bertinotti a été le président de la chambre de députés.
Cela dit, je ne crois pas que les électeurs de gauche aient voté à droite. Ils ne sont pas allés voter ou ils ont voté blanc. J’en connais un certain nombre qui ont fait ce choix pour la première fois dans leur vie.