Gastronomie italienne

Publié le vendredi, 28 mars 2008 à 12h58

Bufflonne polluée

Par Stefano Palombari

mozzarella119.jpgL'un des symboles de la gastronomie italienne est dans la tourmente. En effet, la Corée du Sud a déjà bloqué les importations de la Mozzarella de bufflonne depuis le 24 mars et le Japon, après avoir pris la même décision, vient de révoquer l'interdiction car les analyses ont donné un résultat négatif. Aujourd'hui les éleveurs italiens attendent une décision importante de la part de la commission européenne qui pourrait carrément interdire cette spécialité de la Campanie.
Des analyses effectuées en Italie entre octobre 2007 et février 2008 ont révélé un taux de dioxine légèrement supérieur au seuil légal, c'est à dire entre 6,2 et 6,8 picogrammes (millionième de millionième de gramme) par gramme de gras, la limite légale étant de 6.

Si l’on s’arrête là, les mesures prises pourraient sembler tout à fait justifiées. Et elles le sont en partie. Pourtant, cela ne nous empêche pas de nous poser quelques questions et de révéler quelques détails.

La première question est d’ordre géographique. Il est quand même assez étrange, mais pas injustifié, que la sonnette d’alarme soit tirée par un pays qui a une consommation, et donc une importation, de mozzarella somme toute assez risible.

Aire de production de la Mozzarella de bufflonneRestant dans le domaine de la géographie on découvre que ce taux anormalement élevé de dioxine n’est présent que dans les mozzarelle dont le lait provenait de 83 élevages de bufflonnes (apparemment infiltrés par la camorra). En Italie, les élevages sont environ 1900 concentrés en grande partie entre la Campanie et le Latium. On découvre aussi que ces mozzarelle-là n’étaient en aucun cas destinées à l’exportation.

Au-delà des effets directs et immédiats des interdictions, il y aura des retombées négatives à long terme. L’image est ternie. A ce jour on compte déjà une chute d’environ 35 % de la consommation des mozzarelle et le prix du lait de bufflonne a chuté. Pour une région déjà affectée par de nombreux problèmes économiques, sanitaire et d’image ce n’est que la dernière étape d’un chemin de croix qui n’est pas à son épilogue.

S’il faut s’étonner, c’est surtout, à mon sentiment, à cause de ceux qui s’étonnent de la situation actuelle, qui crient au scandale, qui pestent sur les autres pays en les accusant de sabotage… je ne sais pas si c’est de la naïveté ou une tentative de se dédouaner. Il suffit de regarder de plus près la situation sanitaire de cette région où l’on enterre depuis trente ans des déchets, dont des déchets hautement toxiques, qui ces derniers temps sont carrément dans les champs, où le taux de dioxine, et pas seulement, est l’un des plus élevé d’Europe au point qu’elle a tout contaminé, l’air, le sol, l’eau… comment pouvaient-ils penser sérieusement que le lait de bufflonne ne le serait pas ? Et avec les réflecteurs médiatiques du monde entier pointés sur ça, croyaient-ils vraiment qu’on n’allait pas contrôler l’un des produits les plus exportés au monde ?