Société

Publié le vendredi, 29 février 2008 à 16h51

Italie : Une culture conservatrice ?

Par Stefano Palombari

Le minimetro de PérouseLe 28 janvier 2008, la ville de Pérouse (Ombrie) a inauguré un métro, un « minimetrò » pour être exact. Rien d'extraordinaire jusqu'ici sinon que Pérouse est une petite ville d'environ 160.000 habitants.
Les stations de l'unique ligne, pour l'instant, ont été dessinées par Jean Nouvel. Ce qui est bien plus insolite dans une Italie où le mélange d'ancien et de moderne ne va pas bon train.
Il y a quelques années, un ami de Paris, qui était venu me rendre visite à Sienne, s'était exclamé à la vue du centre de la ville « c'est fou, ici, il n'y a rien qui a moins de 400 ans !». Un peu exagéré mais pas si faux. Du moins, il a saisi d'un coup d'oeil l'une des grandes différences entre les deux pays. Il aurait pu dire plus ou moins la même chose pour pratiquement n'importe quelle autre ville italienne.

En France, c’est assez courant que l’on se débarrasse du vieux pour faire du neuf. Cela a toujours été ainsi dans son histoire et cela explique aussi le peu de vestiges gallo-romains que conserve la ville de Paris. Souvenez-vous de la lettre de Victor Hugo adressée au conseil municipal de Paris pour que l’on sauve les Arènes de Lutèce ! Elles étaient destinées à être détruites pour fournir le matériel à de nouvelles constructions. Et bien, plus récemment, en 1980, les Arènes étaient à nouveau en péril. Les exemples de ce genre sont vraiment très nombreux.

En Italie, on assiste à un phénomène contraire. Dès que l’on trouve quelque chose d’ancien, même un caillou, on le conserve. Les centres des villes italiennes sont très souvent dès bijoux de l’art ancien. Ils sont intacts et demeure totalement figé. Rien ne bouge depuis des dizaines d’années et souvent même depuis des siècles. Pour donner un exemple, les dernières réalisations dans le centre de Rome remontent au début du XXème siècle. Pour d’autres villes, il faut remonter encore plu loin dans le passé.

Je ne veux pas trancher car je ne crois pas que l’un des deux modèles soit meilleur. D’un côté la ville doit vivre, doit s’adapter à la modernité. De l’autre, il faut peut-être réfléchir un plus longtemps avant de démolir. Ce qui c’est passé avec Hector Guimart en est une bonne illustration. On a démoli pour reconstruire quelques temps plus tard à l’identique. Une partie des réalisations, bien évidemment, car pour le reste, c’est perdu à jamais. Et surtout il faudrait essayer de redimensionner le pouvoir des promoteurs immobiliers qui, pour leurs gains personnels, provoquent souvent des pertes irréversibles au patrimoine culturel et donc à la communauté.