Politique et économie

Publié le vendredi, 22 février 2008 à 23h10

Souffrances du jeune Walter 1ère partie

Par Aurora Reato

veltroni113.jpg(feuilleton politique à épisodes)

« Soudainement, 3,5 millions de personnes se déplacent un dimanche, ils font des queues invraisemblables pour voter pour ce nouveau parti. Et c'est un phénomène national puisque Veltroni obtient un score équivalent dans toute l'Italie. »
Voilà ce qui était dans je ne sais plus quel journal (le monde peut-être ? ) il y a quelques temps. On y parlait bien évidemment des primaires du parti démocrate italien, qui ont désigné Walter (prononcez OUolter comme le font les Italiens qui l'aiment bien ) Veltroni comme chef de la naissante coalition de centre-gauche.

Baptême de feu

A peine né, le sang de ses mères (le DS, la Margherita … et tous leurs courants) encore coulant dans ses veines, pas encore bien assuré sur ses jambes, le nouveau parti va devoir participer aux élections anticipées du prochain 13-14 avril face à une droite qui est donnée favorite, et selon des règles (électorales) du jeu encore bien compliquées -les italiens les appellent affectueusement « porcellum » en honneur certainement de celui qui en fut à l’origine, l’on. (onorevole c’est à dire honorable, titre qu’en Italie est attribué aux députés) Calderoli-.
Pour battre donc le bon ( !) vieux Berlusconi, le parti compte donc sur son « jeune » gaillard…



Un homme nouveau ?

Maire de Rome jusqu’à la semaine dernière, WV incarnerait le changement, mais son engagement politique ne date pas de son poste de premier édile. Walter est entré très jeune en politique, vers 16-17 ans, en s’engageant dans les jeunesses communistes (vous me diriez, c’était à la mode comme la tecktonik aujourd’hui !). Amoureux de la culture en général, attentif à la communication, il fut rédacteur en chef du quotidien du Parti communiste L'Unità, mais aussi député à Montecitorio et au Parlement de Strasbourg, et vice-président du Conseil dans le premier gouvernement Prodi en 1996. Mais bon … un peu d’expérience est nécessaire à ceux qui briguent les premières places du podium.
Sans renier ses racines il se dit sur la même longueur d’ondes que Tony Blair, il affiche son admiration pour la gauche « liberal » américaine, des Kennedy à Clinton (Mr) jusqu’à Obama, auquel quelqu’un l’aurait comparé. Le choix du nom du parti (démocrate.. et c’est tout…) n’est donc pas un hasard, dans un pays qui cherche non sans mal à se « bipolariser » (attention : la cyclothymie et la schizophrénie ont des symptômes ressemblant au bipolarisme) Son aura d’homme nouveau tient du fait qu’il est resté dix ans en marge de la vie politique nationale en administrant la ville éternelle et dans cette période il s’est fait connaître pour son ouverture, sa capacité d’écoute et de communication. Tout cela en fait un homme de compromis, capable de rassembler des sensibilités assez disparates, ce qui pourrait être un atout. Mais cela contribue aussi à lui forger une image un peu gentillette. C’est peut être pour cette raison que depuis quelques temps il a pris des positions plus « dures » concernant notamment la sécurité dans la capitale. Ce virage « musclé » se voit aussi dans ses premières prises de position en tant que « duce » de son nouveau parti …

L’appello di Spello

Uolter a lancé sa campagne électorale de la ville médiévale de Spello. Il a parlé longuement avec derrière lui, un de ces magnifiques paysages de l’Ombrie, tout droit sorti d’une fresque de Giotto. Loin des lieux de pouvoir, près du cœur de l’Italie la plus ancienne, la plus vraie…
La voix profonde et posée, digne d’une « voix off » de documentaires, rassurante (et même sexy par moments) Walter a appelé à se tourner vers le futur tout en reconnaissant ses racines. Un appel au renouveau politique économique et social qui a beaucoup plu, on l’a comparé à Obama, et même à François Bayrou lançant le Modem avec les Pyrénées à ses épaules…

Le navigateur solitaire

La complicatissima loi électorale italienne prévoit un prix de majorité conséquent lorsque les partis se présentent en « coalition ». Mais le dernier gouvernement Prodi a montré combien il est difficile en Italie de conduire un bateau avec des marins de pays politiques différents (ayant de surcroît tous envie de devenir capitaine). Walter a donc décrété assez rapidement que le nouveau parti conduirait son bateau en solitaire. Basta les compromis intenables…
Choix courageux et certainement politiquement habile, car il a résonné comme une donnée nouvelle dans le paysage politique italien, obligeant ainsi la droite à chercher un « truc » pour faire peau neuve ( et ce malgré l’habitude de Berlusconi pour les lifting).
Il a aussi décrété que les candidats devaient arborer un casier judiciaire vierge, qu’il devait y avoir la moitié des candidats femmes, et un profond renouveau… ( ou alors c’était la moitié de candidates femmes vierges, et un renouveau du casier judiciaire … non pardon, ça c’est le programme du peuple des libertés…)

Minuetto

Depuis la déclaration de « solitude » et de « renouveau » beaucoup de choses se sont passées : des vieux de la vieille ont abandonné le navire (Ciriaco De Mita, une marguerite DC fanée qui jurait dans le bouquet), skippers irréprochables capables de défier vents et tempêtes ont accepté de côtoyer l’amiral sur son porte-avions, avec ou sans affichage de leur propre drapeau (Antonio di Pietro, Emma Bonino et les radicaux ). Des patrons pécheurs ont essayé de se faire tracter, mais ils ont reçu un signal négatif du pont (les socialistes de Bobo Craxi).
Quant aux anciens compagnons de route de gauche plus ou moins extrême, ils ont leur propre gréement aux couleurs de l’arc-en-ciel (L’arcobaleno).

Au prochain épisode …