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Eduardo De Filippo

Eduardo De FilippoActeur, auteur et metteur en scène, Eduardo De Filippo est né à Naples en 1900, dans une famille du grand Eduardo Scarpetta. C'est dans la compagnie de celui-ci qu'il fait ses débuts au théâtre. Le répertoire va alors du mélodrame à la farce. Eduardo aborde bientôt l'écriture dramatique, Pharmacie de garde (Farmacia di turno, 1921), et la mise en scène, puis fonde avec sa sœur et son frère “La Compagnia umoristica I De Filippo” (1931), qui se produit en lever de rideau dans un cinéma-théâtre. Leur succès attire l'attention de Pirandello qui leur confie, en 1932 et en 1935, la version napolitaine de deux pièces en sicilien, Liolà et Le Bonnet du fou (Il Berretto a sonagli, 1917). Les De Filippo jouent dès lors des pièces italiennes contemporaines et surtout celles d'Eduardo, dont l'audience s'étend à toute l'Italie. La troupe, dissoute en 1944 par la séparation des deux frères, devient en 1946 La Compagnia di Eduardo.

Depuis Naples millionnaire (Napoli milionaria, 1944), Eduardo est mondialement connu, en partie grâce au cinéma, mais aussi parce que l'U.R.S.S., l'Angleterre et les États-Unis lui ouvrent leurs scènes les plus prestigieuses. Héritier d'une tradition populaire où le masque de Pulcinella côtoie les silhouettes du boulevard acclimatées à Naples par Eduardo Scarpetta, De Filippo est voué au théâtre dialectal. Son provincialisme a aussi des raisons historiques. Depuis l'unification de l'Italie, la comédie napolitaine, caricaturant la petite bourgeoisie provinciale prise entre l'être et le paraître, semblait en exorciser la contagion pour la bourgeoisie nationale. De Filippo exaspère ces contradictions et les analyses à travers le prisme de l'humour et de l'ironie.

A la fin de la guerre, la renommée de la troupe s'étend au-delà de l’Italie, et ses pièces sont jouées partout dans le monde. Il participe au festival de Paris en 1956 pour présenter Sacrés fantômes (Questi fantasmi), qu'il monte plus tard, au Vieux-Colombier, en version française. Même s’il est considéré comme un grand acteur, son talent d'écrivain porte ombrage à son talent de comédien.

On pense même qu'il est difficile de jouer ses pièces sans lui. Heureusement, elles sont montées ailleurs avec succès … comme La Grande Magie mis en scène par Giorgio Strehler au Piccolo Teatro à Milan en 1985… Il ne paraît plus en France après ses succès des années 1950. Les pièces datant d'avant la seconde Guerre Mondiale sont regroupées dans Cantate des jours pairs (Cantata dei giorni pari) qui comprend 17 comédies. Après la guerre, De Filippo porte un regard plus sombre, plus amer, écrit 24 autres pièces regrou- pées dans un second volume : Cantate des jours impairs. Les pièces de ce der- nier recueil étant toutes crées par sa compagnie et filmées pour la télévision.

Ce grand écrivain et grand acteur a interprété de nombreux films (L'Or de Naples, de Vittorio De Sica, 1954 ; La Grande Pagaille, de Luigi Comencini, 1960) et adapté certaines de ses œuvres à l'écran (Naples millionnaire, 1950 ; Filumena Marturano, 1951).

L'attention à la société

L’œuvre de Eduardo De Filippo s'inscrit dans la tradition du théâtre populaire; il puise à Naples son inspiration, plaçant ses créations dans un univers géographique et culturel réel, fabriquant des personnages universels. Il observe avec attention la société, les gens du peuples, les citoyens de Naples, pour lui la métaphore du monde, et les intègre à ses pièces comiques. Il s'efforce de dénoncer les malaises de la société napolitaine à travers ses petites intrigues dans lesquelles passe le souffle de la grande Histoire. En 1960, il dénonce le problème de la Camorra, alors renaissante à Naples, dans Antonio Barracano (Il sindaco del Rione Sanità) ainsi que la justice parallèle. De Filippo a une vision de la société très sombre qui le devient encore plus dans Le contrat (Il contratto, 1967) où un escroc fantastique et un cynique arrivent à dévoiler l'hypocrisie de ses congénères. Les examens ne finissent jamais (Gli esami non finiscono mai, 1974), dernière de ses pièces, nous offre un protagoniste continuellement en butte aux attaques de ses amis et de ses proches ; c'est l’époque où la question du divorce divise l'Italie et où De Filippo dénonce le mariage quand il n'est qu'une association d'intérêts. Ce personnage central finit par se soumettre au silence, il meurt et suit ses propres funérailles.

Ce thème de la mort est central et récurrent dans l'écriture de De Filippo, qu'il s'agisse de faits réels ou imaginaires, leurs présences apportent une atmosphère surréaliste. Ses textes sont écrits parfois en un dialecte napolitain imagé et poétique ou en italien, ces deux langues se mêlent souvent à l'intérieur d'une même pièce, accentuant l'effet cocasse. Cependant sous sa verve comique se cache un profond pessimisme.

De Filippo, portraitiste napolitain, obnubilé par l’injustice et la misère, passe au peigne fin sa société contemporaine. A travers les avatars et vicissitudes de ses personnages “Filippéens” il crée une véritable comédie humaine. Il décède à Rome en 1984.

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