Stromboli
Film de Roberto Rossellini
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Karen, réfugiée lituanienne, est retenue dans un camp en Italie. Antonio lui fait la cour de l’autre côté des barbelés, mais elle rêve de fuir l’Europe pour s’installer en Argentine. Aussi, quand sa demande est refusée, elle accepte d’épouser le jeune homme et de partir avec lui sur son île, où il exerce le métier de pêcheur. Mais l’île est celle du volcan Stromboli, à la terre pleine de lave aride, aux habitants en proie à la superstition et à la méfiance. Dés son arrivée, Karen sait qu’elle ne peut vivre dans cet endroit, ils s’installent pourtant dans une masure. La différence de leurs origines sociales va accentuer leur incompréhension. La maison réparée, elle essaie de l’égayer mais le changement n’est pas accepté par son mari. L’activité du volcan, les chutes de pierres en fusion et les coulées de lave contraignent toute la population à prendre la mer sur les bateaux de pêche, où elle s’adonne à la prière. Une fois le Stromboli calmé, Karen cherche à partir, en fait l’ascension et passe la nuit au sommet, où elle implore l’aide de Dieu.
Stromboli est considéré comme un classique du néo-réalisme italien, l’omniprésence du volcan, l’âpreté de l’environnement géographique et social, et les différences sociales des personnages du couple en sont les éléments principaux. C’est aussi l’occasion de peindre une microsociété, en marge du monde, dont l’existence est conditionnée par les rythmes de pêches et l’activité du volcan. L’insularité du cadre augmente le caractère oppressant de la situation et le sentiment qu’il n’y a pas d’issue. Rôle difficile pour Ingrid Bergman dont le regard transmet toute la détresse. Une éruption imprévue, mais bienvenue au regard du scénario, eut lieu pendant le tournage. La question essentielle soulevée par le film porte sur la résistance nécessaire dont un individu doit faire preuve dés lors qu'il manifeste une aspiration différente de celle du groupe dans lequel il est plongé.