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Gianni Zanasi
Né en 1965 près de Modène, Zanasi suit des études de philosophie à Bologne puis des cours d’écriture théâtrale et une formation de cinéma organisée par Nanni Moretti.
Après deux années d’études, il réalise un court-métrage, primé dans plusieurs festivals, qui va profondément marquer sa carrière, Le belle prove (Les beaux essais, 1992). Après le tournage d’un fi lm qui ne sera jamais monté, il fonde en 1994 sa propre société de production avec Rita Rognoni (la Pupkin Film), une femme qui reste encore aujourd’hui sa plus fi dèle collaboratrice.
Dans Nella mischia (Dans la mêlée, 1995, Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes 1996), son premier long métrage, Zanasi reprend les jeunes acteurs qui avaient fait le succès de Le belle prove dont il insère d’ailleurs quelques minutes dans le film. Se partageant entre l’école et le travail, les adolescents protagonistes veulent conquérir leur indépendance et sont prêts à tout pour cela : petits larcins, trafics en tous genres. La tendresse du regard, la qualité des dialogues, le naturel des acteurs, quelques belles trouvailles narratives, font de ce film une œuvre savoureuse, scandaleusement interdite en Italie aux moins de 14 ans.
Sélectionné en compétition à Venise, le deuxième film de Zanasi, A domani
(A demain, 1998), qui, de l’aveu même du cinéaste, a été difficile à
écrire après le bon accueil réservé à la première œuvre, en réutilise les
ingrédients, forçant légèrement sur l’aspect merveilleux. Zanasi donne
à nouveau les rôles principaux à deux adolescents, un frère et une sœur,
respectivement de 15 et 17 ans. Récit de formation, l’intention consiste
ici à bâtir une confrontation entre la jeune fille qui aspire à devenir adulte
et son frère qui choisit de s’enfermer dans un monde parallèle. L’auteur
confi rme les qualités qui avaient fait de lui une révélation (même en France)
et l’originalité de son talent. Le cinéaste reste profondément attaché à
Nella mischia et à ses interprètes comme le prouve son troisième film,
Fuori di me (Hors de moi, 1999) : il y reprend l’un des jeunes protagonistes
en se rendant avec lui (le cinéaste se met donc en scène dans son propre
rôle) et avec un autre acteur (Paolo Sassanelli, qui a joué dans tous les
films de Zanasi), à Bari pour tourner un film. L’histoire romance à peine leurs mésaventures : les comédiens se font passer pour des stars de la télé mais
ils sont aussi aux prises avec la délinquance des quartiers périphériques.
Un film réalisé en neuf jours, en grande liberté, pratiquement sans
scénario. Mais l’improvisation et le minimalisme ne nuisent guère à la
réflexion lucide et sincère sur la portée du travail de cinéaste. Toujours
dans le même esprit, mais filmé en numérique, Zanasi réalise avec
Lucio Pellegrini (qui devient dès lors le troisième membre de la Pupkin)
le docu-fiction La vita è breve ma la giornata è lunga (La vie est brève
mais la journée est longue, 2004). Les auteurs y suivent non sans humour
les déambulations d’une douzaine de jeunes acteurs, dont certains sont
depuis devenus célèbres, Vittoria Puccini, Pierfrancesco Favino… Entre
galères quotidiennes et engagement pacifiste, le portrait de ces comédiens,
loin des diatribes habituelles sur la crise du cinéma italien, est proposé avec
une ironie et un entrain communicatifs.
Zanasi devra attendre huit ans pour tourner un nouveau film pour le cinéma (en 2003, il avait signé une série télé avec Silvio Orlando et en 2006 un documentaire sur les Jeux Olympiques d’hiver de Turin).
Sélectionné en 2007 à Venise, Ciao Stefano ne renie rien du cinéma de son auteur mais en souligne la plus grande maturité. On y retrouve la description des hypocrisies de la vie de province, des liens familiaux houleux, un jeu d’acteurs qui laisse toujours une certaine place à l’improvisation. Ces derniers sont pratiquement tous des professionnels aguerris : Valerio Mastandrea, Giuseppe Battiston, Anita Caprioli, Teco Celio, Dino Abbrescia, et leurs personnages sont extrêmement écrits. La nouveauté consiste également dans un montage beaucoup plus rapide qui enchaîne de nombreuses scènes assez brèves. Même si le film est toujours en partie autoproduit, la sensation est celle d’une œuvre plus rigoureuse sans pour autant perdre le naturel et la spontanéité qui font le cachet du cinéma de Zanasi.
L’histoire de ce guitariste punk rock qui traverse une crise sentimentale et professionnelle et décide de rentrer faire le point dans sa famille (dans l’Émilie natale du cinéaste) permet à Zanasi de faire lui-même une sorte de bilan de son cinéma. L’anticonformiste fait vite le constat que les membres de sa famille et surtout l’entreprise familiale se portent encore plus mal que lui. Un récit traité sur le ton de la comédie, genre qui permet de faire avaler la rudesse de situations qui auraient tout aussi bien pu faire l’objet d’un film dramatique.
Là est la force de l’oeuvre de Gianni Zanasi. Le cinéaste réussit à peindre des personnages placés face à leur destin, souvent à la croisée des chemins, parfois même au bord du gouffre, sans jamais s’apitoyer sur leur sort, préférant les mettre en jeu / en scène avec un regard décalé, empreint d’une douce ironie et d’une empathie sans réserve. »
Filmographie
- 2007 Ciao Stefano (non pensarci) Festival de Venise, Venice Days
- 2004 La Vita è breve ma la giornata è lunghissima (La vie est brève mais la journée est très longue) Documentaire, DV-beta numérique. Venise, en compétition (oeuvres sur support numérique)
- 1999 Fuori di me (Hors de moi) Festival de Turin, en compétition
- 1998 A domani (A demain) Venise, en compétition
- 1995 Nella Mischia (Dans la mêlée) Cannes, Quinzaine des réalisateurs
- 1992 Le belle prove (Les beaux essais) Court métrage