Gaetano Donizetti
Compositeur italien : 1797- 1848
Héritier de Rossini, rival de Bellini, précurseur de Verdi, Donizetti fait partie du quatuor des grands compositeurs italiens du XIXème siècle.
Façonné par un tempérament alliant une dynamique exceptionnelle à une prodigieuse aisance créatrice, reflet d'un caractère à la fois gai, impulsif et généreux, la musique de Donizetti marque la “ naissance du romantisme populaire ” (Martinotti). Injustement ignorée durant plus d'un siècle (exception faite des trois titres phares : Lucia di Lammermoor, L'Elisir d'amore et Don Pasquale), son œuvre, riche de soixante-dix opéras, d'une quinzaine de symphonies, de dix-huit quatuors et de musique sacrée, a connu une véritable renaissance grâce à l'interprétation légendaire que Maria Callas donna d'Anna Bolena à la Scala de Milan en 1957.
Cinquième fils d'une famille plus que modeste, Donizetti naît à Bergame en 1797. Ses études musicales, commencées dès l'enfance, le mènent, grâce à une bourse, au conservatoire de Bologne où il compose déjà, outre de la musique sacrée, de chambre et symphonique, des mélodrames d'inspiration classique. En 1818, il débute au San Lucas de Venise avec Enrico di Borgogna. Après s'être enrôlé dans l'armée pour venir en aide à sa famille, il ne connaîtra son véritable succès qu'en 1822 avec Zoraide di Granata à Rome. Désormais, il partage ses activités entre Milan, Naples, Rome, Palerme. En 1828, il épouse la fille d'un célèbre juriste romain et devient directeur des théâtres royaux.
Avec la création d'Anna Bolena à Milan en 1830, Donizetti accède à la gloire internationale. Pour la première fois, il est invité à la représentation donnée à Paris. Jugé un chef-d'œuvre par Rossini, l'opéra se trouve en concurrence avec La Somnanbule de Bellini, mais sans en souffrir. Il connaît des échecs (Ugo, Conte di Parigi, 1832) et des triomphes comme l'Elisir d'Amore, écrit en quatorze jours. A l'époque où Donizetti est nommé professeur de composition au conservatoire de Naples et maître de musique du prince de Salerne, Rossini l'appelle à Paris pour le Théâtre italien. De 1833 à 1834, il a écrit et fait représenter huit mélodrames (dont Lucrezia Borgia, Maria Stuarda, Gemma di Vergy).
Paris, où il arrive en 1835 avec Marin Faliero, lui réserve un succès d'estime alors qu'il délire d'admiration pour Les Puritains de Bellini.
Revenu à Naples, Donizetti donne au San Carlo son chef-d'œuvre le plus incontesté Lucia di Lammermoor, puis, oubliant les dissensions passées, compose un requiem à la mémoire de Bellini qui vient de disparaître. A partir de 1836, la mort entre dans son univers familial et lui ravit successivement ses parents, sa femme, ses enfants : période de désolation où il crée Roberto Devereux, Maria di Rudenz, Poliuto. Il cesse d'enseigner, quitte Naples pour Paris où il exerce une domination incontestée sur l'opéra. Il conquiert les Français en 1840 avec La Fille du régiment à l'Opéra Comique et La Favorite à l'Opéra. En 1842, Linda di Chamounix fait battre le cœur des Viennois, famille impériale comprise. Cela lui vaut la nomination au poste de hofkapellmeister, “ comme jadis Mozart ”, aimait-il à répéter, ainsi qu'une nouvelle commande : Maria di Rohan. Janvier 1843 le voit triompher à Paris avec Don Pasquale, le joyau comique qui couronnera son œuvre et sera son chant du cygne.
La syphilis détruit progressivement son équilibre physique et mental. Il n'en continue pas moins sa double activité de compositeur et de chef d'orchestre : il offre son aide à Verdi, qui ne pouvait se rendre à Vienne où l'on devait monter Ernani pour la première fois. Verdi répondit à Riccordi : “ Vous ne pouvez concevoir mon plaisir de savoir que Donizetti assume la direction de mon Ernani. Ainsi je suis sûr que l'esprit musical de la composition sera respecté. ” A Donizetti lui-même, Verdi écrit : “ A vous je ne ferai pas de compliments. Vous faites partie du petit nombre d'hommes qui possèdent un talent suprême et n'ont pas besoin de flatterie personnelle. La faveur que vous me faites est trop insigne pour que vous puissiez douter de ma gratitude. ”
La dernière œuvre de Donizetti fut écrite en 1843. Pendant les répétitions de Dom Sebastien à l'Opéra de Paris, l'état de santé du compositeur s'altéra de façon alarmante. Son esprit sombrait dans une sorte de démence et il fut interné seize mois dans un asile d'aliénés à Ivry. Ses amis et sa famille réclamaient son retour à Bergame, mais on ne sait pour quelle raison le préfet de police interdit le déplacement. Finalement, dans la crainte d'un incident diplomatique avec le gouvernement autrichien, le préfet dut céder et Donizetti put rentrer à Bergame en septembre 1847. Il y mourut en juin 1848.