MUSIQUE  ▪  RESTAURANTS  ▪  CINÉMA  ▪  LIVRES  ▪  ART ET EXPOS  ▪  THÉÂTRE  ▪  ANNONCES

PIZZERIAS  ▪  EMPLOI  ▪  CONFÉRENCES ET DÉBATS  ▪  WIKITALIE  ▪  AVANTAGES MEMBRES

NOS COURS  ▪  RÉDUCTIONS ET INVITATIONS  ▪  GASTRONOMIE  ▪  DIVERS  ▪  DOSSIERS

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

cipri-et-maresco [2018/05/08 15:21]
cipri-et-maresco [2018/05/08 15:21] (Version actuelle)
Ligne 1: Ligne 1:
 +====== Ciprì et Maresco ======
 +
 +
 +[[Daniele Ciprì]] et [[Franco Maresco]] se sont rencontrés en 1986.
 +
 +===== Le parcours de Ciprì et Maresco =====
 + 
 +Daniele Ciprì et Franco Maresco ont commencé à travailler ensemble en 1986, réa- 
 +lisant plusieurs films expérimentaux pour une chaîne de télévision palermitaine, 
 +TVM. Après avoir travaillé pour la Fininvest avec le programme “[[Isole Comprese]]”, ils 
 +collaborent à “[[Blob]]” et “[[Fuori orario]]” sur RAI 3 (1990). Ils participent à “Avanzi”, puis 
 +commencent à produire une série extrême et provocante, qui bouleversera la télé- 
 +vision italienne : “[[Cinico TV]]”. 
 +
 +Après divers courts-métrages auxquels collaborent cer- 
 +tains grands noms du cinéma (Martin Scorsese, Samuel Fuller, Amos Gitai, [[Carmelo 
 +Bene]]), des films sur le jazz (en particulier avec Steve Lacy), de nombreux prix et 
 +plusieurs rétrospectives qui leur sont consacrées, Ciprì et Maresco dirigent leur premier long-métrage, //Lo zio di Brooklyn// (“L’Oncle de Brooklyn”) en 1995. En 1998, ils 
 +réalisent //Totò che visse due volte// (“[[http://www.italieaparis.net/actualite/10709-toto-qui-vecut-deux-fois.html|Totò qui vécut deux fois]]”), qui leur vaut les 
 +foudres de la censure italienne. En janvier 2002, ils ont présenté à Venise un spec- 
 +tacle théâtral, //Palermo può attendere// (“Palerme peut attendre”). 
 +
 +==== les débuts : courts-métrages pour la télévision ====
 + 
 +Daniele et moi nous sommes rencontrés en 1986, et nous avons tout de suite commencé à essayer de faire du cinéma, d’une manière plutôt ingénue au début, évidemment. Daniele, qui vient d’une famille de photographes, m’a fait découvrir la 
 +partie technique du cinéma. Moi, j’avais une expérience de ciné-club et je faisais des 
 +programmes de jazz à la radio. Nous avons très vite trouvé des points d’intérêt communs, en particulier le cinéma classique américain, le noir et blanc, Ford, Hawks, 
 +etc. Une autre passion importante a été celle pour le cinéma pornographique. 
 +Pendant un an et demi nous avons fait des petits montages, des petits travaux en 
 +vidéo et les premiers courts-métrages, avec ceux qui plus tard deviendront les 
 +acteurs de base de “Cinico TV” : le cycliste Tirone, qui malheureusement est mort il 
 +y a quelques mois, [[Marcello Miranda]], le barbu muet de Totò che visse due volte, etc. \\
 +Comme il nous fallait du matériel, j’ai dit un jour aux propriétaires de la chaîne pour 
 +laquelle je faisais une émission pour les jeunes : “On pourrait vous fournir de petites 
 +émissions de jazz, de cinéma, etc., et vous, en échange, vous nous laissez monter, 
 +vous nous donnez le matériel.” C’est comme ça, d’une certaine façon, que nous 
 +avons commencé à nous autofinancer. A la fin des années quatre-vingt on envoyait 
 +déjà sur le petit écran ces flashes, dont on peut dire aujourd’hui que c’étaient des 
 +précurseurs de “Cinico TV”. 
 +
 +Nous avons découvert avec étonnement qu’il y avait une adhésion, une approbation. 
 +Elle se caractérisait déjà, comme cela se confirmera par la suite, par une sorte, non 
 +pas de fanatisme, mais de dévouement, de fidélité. Des gens se reconnaissaient 
 +dans ce que nous faisions, et nous avons compris que, tout compte fait, la route que 
 +nousétions en train de prendre n’était peut-être pas aussi folle, solitaire et sans 
 +issue. 
 +
 +En 1990 encore, nous avons envoyé à Enrico Ghezzi nos travaux, qui entre-temps 
 +étaient devenus beaucoup plus nombreux, car nous travaillions beaucoup. Les premiers épisodes de “Cinico TV” sont alors apparus. 
 +Ce n’est qu’en 1995 que nous sommes arrivés au cinéma proprement dit, avec //Lo 
 +zio di Brooklyn.//
 +
 +==== La démarche de Ciprì et Maresco ====
 + 
 +Notre rencontre avec Daniele a été favorisée par le fait que nous ne venions d’au- 
 +cune école. Nous venions de la “rue”, si l’on peut dire; nos familles étaient modestes, 
 +nous n’avions pas reçu d’instruction supérieure, nous n’avions pas fait les écoles de 
 +cinéma. Bref, nous étions des autodidactes, chacun à sa façon. 
 +
 +J’avais eu, et Daniele aussi, un rapport très conflictuel avec l’autorité, surtout avec 
 +l’école. Depuis mon adolescence, pour des raisons personnelles et familiales, j’étais 
 +plutôt intolérant à toute forme d’autorité. L’inconvénient d’être autodidacte, c’est 
 +qu’on manque de méthode, probablement. L’avantage, c’est qu’on n’est lié à aucun 
 +schéma rigide. Si on possède l’envie, l’enthousiasme, on acquiert une liberté 
 +incroyable, unique. Il n’y a qu’à voir dans le jazz par exemple : ce sont des gens 
 +libres qui ont ouvert des voies, les autres, ensuite, ont tenté de codifier. Erroll 
 +Garner était un autodidacte. Cette liberté absolue dans notre travail, c’est ce qui 
 +nous caractérise. C’est peut-être aussi ce qui rend difficile le travail avec nous, que 
 +ce soit pour un monteur ou pour un chef-opérateur : ce besoin d’entrer sans réserve dans notre cinéma. Si un technicien travaille sur le tournage de Ciprì et Maresco, 
 +il doit oublier ce qu’est l’école de cinéma et ce que disent les règles fondamentales 
 +du montage. Souvent, pour certains, c’est douloureux, parce qu’ils ont fait cinq ans 
 +d’école de cinéma. Tout ça pour que Ciprì et Maresco bousillent ce qu’ils ont appris! 
 +
 +Nous n’avons jamais voulu jouer aux transgresseurs. Tout ce que nous avons fait, 
 +nous l’avons fait de manière instinctive, parce que ça nous semblait juste comme 
 +ça, parce que ça nous plaisait de le faire de cette manière-là. Parce que nous avions 
 +cette formation “inculte”. Audébut, nous nous sommes peu à peu détachés d’un 
 +petit groupe de personnes, parce qu’il était constitué en partie d’intellectuels, de 
 +théoriciens, qui avaient déjà digéré le cinéma, qui voulaient le faire comme ils l’en- 
 +tendaient. Daniele et moi, en revanche, cherchions à expérimenter. 
 +
 +L’expérimentation est une chose très importante, mais il ne faut pas avoir conscience d’expérimenter, il ne faut pas se soucier de ce que peuvent dire les uns et les 
 +autres. Il faut le faire parce qu’on en a envie. 
 +
 +Nous avions, alors que nous commencions à faire des films, une soif, un appétit, un 
 +désir de vérifier et de tenter incroyables. Et comme en plus nous n’avions rien à 
 +perdre, nous nous sentions totalement libres. Cette liberté, nous l’avons parfois 
 +regrettée quand nous avons eu de plus grandes responsabilités productives, même 
 +si, je dois dire, nous avons toujours maintenu un niveau de “folie” assez élevé. A 
 +cause de nos origines modestes, il y a sans doute eu aussi chez nous une envie de 
 +revanche sociale, qui a constitué une motivation et une impulsion déterminantes 
 +pour notre travail. 
 +
 +Le Sud que nous montrons est totalement différent, malcommode, dérangeant. 
 +L’Italie – celle qui se réunit à dîner à huit heures moins le quart, qui est insouciante et inconsciente, qui pense qu’elle peut tranquillement enculer son prochain, que 
 +plus rien désormais ne l’arrêtera, ce pays hédoniste au maximum, qui a refoulé la 
 +mort, la pauvreté – voit arriver une autre Italie, représentant une réalité que la première voudrait bien effacer, celle des déshérités, des misérables, des malheureux. 
 +Elle comprend qu’elle n’est pas seulement Milan et le Nord-Est, mais qu’elle est faite 
 +aussi d’un Sud qui a des difficultés à s’accrocher. Ce Sud-là fait son cynique, il fait 
 +pitié, c’est un Sud qui casse les couilles, qui est féroce, bref il est vrai, authentique, 
 +il est fait de peau sale, de pets, de gens malades et de bossus. Et nous, voilà : nous 
 +le posons là, cinq minutes chaque jour.
 +
 +L’emploi exclusif du noir et blanc est dû à notre commune passion pour le cinéma classique, américain en particulier, et au fait que nous n’aimions pas la couleur vidéo. Le noir et blanc deviendra une constante, parce qu’en travaillant à 
 +Palerme, avec ces personnages, ces hommes, il était très facile de tomber dans 
 +la vulgarité ou dans la platitude la plus absolue. Le problème (mais ça, on peut 
 +le dire maintenant, a posteriori) était de partir du réalisme pour le transcender 
 +et lui conférer une dimension abstraite, un peu métaphysique, absurde. Le noir 
 +et blanc permet de manière admirable de saisir cette dimension-là… En plus de 
 +toute une série d’autres éléments : la manière de montrer les choses, le découpage, le plan, les acteurs… Mais c’est vrai que le noir et blanc donne une touche 
 +particulière. Il y a des corps qui sont là, évidents, ce sont des corps qu’on pourrait mettre nus dans n’importe quel documentaire, dans n’importe quel journal 
 +télévisé. Mais de cette manière, avec cette conscience, ce regard, les personnages dépassent leur propre matérialité, ils deviennent énormes, épiques.
 +
 +===== Filmographie =====
 + 
 +Outre de très nombreux courts-métrages et documentaires, Ciprì et Maresco 
 +ont réalisé trois longs-métrages de fiction: 
 +
 +  * Lo zio di Brooklyn (L’Oncle de Brooklyn - 1995) 
 +  * Totò che visse due volte (Toto qui vécut deux fois, 1998) 
 +  * Il ritorno di Gagliostro (Le Retour de Gagliostro, 2003). 
  

Outils personnels