Carlo Michelstaedter
Carlo Michelstaedter naît le 3 juin 1887 à Gorizia, d’Alberto Michelstaedter et Emma Luzzatto. Famille juive italienne qui compte parmi ses membres le rabbin Isacco Samuele Reggio, dit «le Saint», qui fut rabbin de Gorizia.
En 1905, il s’inscrit à la faculté de Mathématiques de l’Université de Vienne.
En octobre de la même année, retourne en Italie. Il séjourne à Venise, Vincence, Ferrare, Bologne, Padoue puis Florence, où il s’inscrit à la Faculté de Lettres de l’Institut des Études Supérieures. Suit l’enseignement de Villari et Vitelli. Il se lie d’amitié avec Gaetano Chiavacci et Vladimiro Arangio-Ruiz qui furent, plus tard, ses éditeurs.
En 1906, commence sa relation avec Nadia Baraden, d’origine russe, plus âgé que lui et qui aura une forte influence sur Michelstaedter. Celle-ci se suicidera en avril 1907. Michelstaedter écrira en 1909 le Dialogue entre Carlo et Nadia. Guido Mazzoni lui confie un travail sur l’Oratio «Pro Q. Ligario» traduite par Brunetto Latini.
En mars 1907, le premier et seul numéro de la revue Gaudeamus igitur paraît à son initiative. Il y réalise la plus grande partie des dessins et caricatures.
En juin 1907, il écrit à Benedetto Croce pour lui proposer de traduire Schopenhauer dans la collection des « Classici della filosofia moderna » alors en chantier chez Laterza. La lettre, à laquelle Croce répond aimablement, restera sans suite. Il fréquente le musicien Giannotto Bastianelli qui jouera pour lui «tout» Beethoven.
Pendant l’hiver 1907-1908, à l’occasion d’un séjour à Gorizia, il reprend l’étude de l’hébreu pour entreprendre la lecture des textes de la tradition hébraïque et plus précisément cabalistique (Ep. pp. 95, 101).
En 1908, il séjourne à à Pirano en compagnie de Paula et de Argia Cassini pour qui il écrit de nombreux poèmes («À Senia»).
L’année suivante il retourne à Gorizia pour préparer sa thèse sur « Les concepts de persuasion et de rhétorique chez Platon et Aristote ». Il fréquente assidûment Enrico Mreule, Nino Paternolli, qu’il mettra en scène dans Le Dialogue de la santé, et son cousin Emilio Michelstaedter, à qui il dédiera l’œuvre.
En février 1909, son frère Gino, de dix ans son aîné, meurt accidentellement ou par suicide à New-York.
En octobre de la même année Enrico Mreule part pour l’Amérique du Sud. Avant son départ, Michelstaedter lui demande de lui confier son revolver.
Entre 1909 et 1910, Il dessine la tombe de son frère Gino dont les cendres furent rapportées des États-Unis et participe «de ses mains» à sa fabrication.
Au printemps 1910, Michelstaedter s’occupe des études de son cousin Emilio qui a dû quitter l’école pour des raisons de santé. Il écrit le Dialogue entre Diogène et Napoléon.
En mai de la même année, à l’occasion du passage de la comète de Haley, Michelstaedter écrit le Dialogue entre la Comète et la Terre. Il achève Le Dialogue de la santé le 7 octobre 1910.
Neuf jours plus tard c’est au tour des Appendices critiques à la Persuasion et la rhétorique. D’après le témoignage de sa sœur Paula Michelstaedter-Winteler, Le jour même il se rend, chez Argia Cassini pour écouter une symphonie de Beethoven. (Cf. Campailla, Pensiero e poesia di Carlo Michelstaedter, Bologne, 1973, p. 157).
Le 17 octobre 1910, il se tue d’un coup de revolver après une âpre dispute avec sa mère. Son cousin Emilio découvre le corps. Carlo Michelstaedter est enterré dans le cimetière israélite de Valdirose (aujourd’hui territoire slovène). Sur sa tombe, sous le nom et les dates de naissance et de mort, les seules lettres hébraïques, acrostiche de la phrase que l’on trouve traditionnellement sur les tombes juives, inspirée de I Samuel 25, 29: « Que son âme soit enveloppée dans le faisceau des vivants. »