Pier Paolo Pasolini est né à Bologne, le 5 mars 1922 et a été assassiné dans la nuit du 1er au 2 novembre, à Ostie.
Pier Paolo Pasolini est le plus grand poète italien de la seconde moitié de ce siècle. Un poète ne vaut pas plus qu'un autre poète. Mais Pasolini a écrit davantage de choses et plus importantes que les autres.
Pier Paolo Pasolini a vécu à une époque désastreuse de l'histoire d'Italie, en une période de catastrophe sans égal, après une défaite militaire, avec deux armées qui se combattaient sur son sol. En même temps, la révolution industrielle attirait dans les villes des millions d'hommes provenant de cette civilisation paysanne que Pasolini aimait et où sa poèsie plongeait ses racines. Je fais ici allusion à deux des thèmes principaux de la poèsie de Pasolini: les pleurs sur la patrie dévastée, prostrée, mortifiée; et la nostalgie de la civilisation paysanne.
Tout ceci et bien d'autres choses encore, Pasolini ne l'a pas seulement exprimé par la poèsie, mais aussi par le roman et par le cinéma. Mais il faut placer son activité de cinéaste, pour la hauteur de ses ambitions et la positivité de ses résultats, tout de suite après celle de poète, et avant celle de romancier. Au cinéma, avec les moyens du cinéma, Pasolini a traduit en images cette vision médiévale, pourrions nous dire, qui lui venait des profondeurs de la peinture et de la prose italiennes des origines. Même quand il parlait des choses actuelles, comme par exemple dans son premier film Accattone, le style de sa manière de raconter rappelait les modulations des nouvelles et des fresques italiennes des 13ème et 14 ème siècles. Et nous ne parlons pas seulement des films où Pasolini a essayé, avec un extraordinaire succès, de traduire en langage cinématographique les nouvelles de Boccace ou de Chaucer, les contes des mille et une nuit ou encore L'Evangile selon Saint Matthieu (Il Vangelo secondo Matteo); mais également, outre Accattone, que nous avons déjà cité, de Porcile, Mamma Roma, La ricotta, Oedipe Roi, Uccellacci e ucccellini, Théoreme, Salo ou les 120 jours de sodome.
Dans ces films, le style rude et monumental du récit se sert de rappels et d'emprunts à de grand réalisateurs ayant les mêmes affinités, d'Eisenstein à Mizoguchi, et il convient merveilleusement aux thèmes solennels que Pasolini affronte au fur et à mesure: l'amour, la mort, la rédemption, la révolution, l'idéologie, le mythe et le miracle.
Alberto Moravia