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La Cenerentola

Auteur: Gioacchino Rossini

La Cenerentola “ La Cenerentola ” est la musique la plus heureuse , la plus gaie et la plus aisément charmante qu'on puisse rêver ; l'allégresse et la pétulance italiennes exécutent sur les portées de la partition les gambades les plus joyeusement extravagantes en faisant babiller au bout de leurs doigts, comme des castagnettes, des grappes étincelantes de trilles et d'arpèges. Tout rit et tout chante ! Les motifs se pressent et se succèdent. C'est un flot intarissable, un trésor sans fond, une prodigalité effrénée plongeant ses bras jusqu'au coude dans des monceaux de pierres et jetant au hasard des poignées de diamants et d'escarboucles.
(extrait : “ Beautés de l'opéra “1845) Théophile Gautier

histoire

Nous sommes en 1817 à Rome et l'imprésario du Théâtre Valle presse Gioacchino Rossini, alors âgé de 25 ans, de lui composer un nouvel opéra pour la saison du Carnaval.
Le compositeur a le vent en poupe ; deux ans auparavant il a connu un triomphe avec Le Barbier de Séville ; il enchaîne les créations au rythme de quatre opéras par an ! Aussi lorsque le librettiste Jacopo Ferretti lui rédige au terme de 22 jours le livret inspiré du célèbre conte de Perrault, Rossini relève le défi et compose la Cenerentola en un temps record de 24 jours ! Et qu'importe qu'il aille puiser largement dans des œuvres antérieures, ses sources d'inspiration, il est sûr de son succès :

” Avant la fin du Carnaval, tous les Romains seront amoureux de ma Cendrillon ; avant la fin de l'année, elle sera admirée dans toute l'Italie ; en France et en Angleterre dans deux ans. ”

L'histoire de Cendrillon, telle que nous la connaissons par les récits des frères Grimm et par celui de Charles Perrault, est un conte dont on trouve déjà la trace dans l'Egypte antique ! Très populaire, l'histoire se diffusera sur tous les continents, connaissant des versions aussi diverses qu'un Cendrillon garçon ! (au 10è siècle au Japon ) ou une Cendrillon qui assassine sa marâtre (au 16e siècle en Italie). Au total, on a recensé pas moins de 345 versions du conte dans sa forme orale et dans son exploitation littéraire. Le domaine musical, sans connaître une telle profusion, a inspiré, depuis le premier opéra sur ce thème présenté en 1759 à Paris, pas moins d'une trentaine de versions, ce qui est considérable pour ce genre, dont les deux principales restent celle de Rossini et celle de Jules Massenet.

L'histoire à chaque fois est soumise à des petites ou grandes adaptations.
Ainsi La Cenerentola de Rossini ne connaît ni citrouille, ni pantoufle, ni fée ! Le compositeur estimant que le public ne pourrait pas supporter “ sur scène ce qui amuse dans une petite histoire au coin du feu ”, atténue les aspects féeriques du conte pour lui préférer un de ces marivaudages dans lequel il excelle. Le prince déguisé en valet va pouvoir tout à loisir sonder le cœur des prétendantes au trône et reconnaître où se loge l'authentique vertu en la personne d'Angelina.
Le titre de l'opéra au jour de sa création s'intitulait La Cenerentola ou le triomphe de la bonté ( La Cenerentola ossia la bonta in trionfo).
Cette œuvre est présentée comme un dramma giocoso (mélodrame joyeux) ; si l'on fait souvent la part belle à la comédie et ses aspects burlesques, tirant l'œuvre du côté du buffa, il serait inexact d'en gommer les aspects plus profonds et humains qui l'apparentent à la veine des opéras seria.
Angelina n'est pas uniquement cette pauvre fille, soumise à son beau-père et ses deux demi-soeurs; elle a une vraie dignité, une lumineuse profondeur. Sa mélodie toute en demi teintes “ una volta c'era un re ” reflète son monde intérieur, son aspiration à rêver et à tenir bon malgré les vicissitudes du monde extérieur.
Sa rencontre avec le prince Ramiro sous l'étoffe du valet, le coup de foudre mutuel qui s'en suit expriment bien à leur manière, au sein du tourbillon vocal et orchestral qui les entoure, la pureté des cœurs et leur aspiration aux sentiments nobles. Et si jusqu'à la toute fin, elle quêtera l'affection des siens- qui ne lui sera accordée que du bout des lèvres- elle n'en tirera aucun motif d'acrimonie, aucun esprit de vengeance. Avec le personnage d'Angelina, Rossini, moraliste, nous donne une leçon : plus que le triomphe de la bonté, on pourrait parler comme l'une des interprètes du rôle, Martine Dupuy, “du triomphe de l'intelligence humaniste sur la bêtise matérialiste ”.

C'est tout le génie de Rossini de permettre l'alliance des deux genres, de nous faire rire et de nous émouvoir tour à tour.
Alors que la Cenerentola connut un succès comparable à celui du Barbier de Seville , que sa composition musicale par la vitalité et le brio des airs et des ensembles n'a rien à envier au précédent, on peut s'interroger sur la moindre notoriété de cette œuvre encore aujourd'hui. Le rôle de Cenerentola avait été écrit pour une mezzo colorature, Geltrude Giorgi-Righetti. Ce type de voix très exigeant puisqu'il demande un ambitus particulièrement large - “ nul ne peut réussir à chanter Cenerentola sans posséder un registre de 18 degrés de la gamme tous égaux, agiles et flexibles ” déclara la cantatrice - se prête bien moins aux transpositions pour soprano, tel que le connut le rôle de Rosine dans le Barbier de Séville.

Le XIXe siecle, notamment dans sa seconde moitié avec Verdi, ne concevait plus que de jeunes héroïnes puissent être interprétées par des voix graves. Au XXe siècle, on a pu redécouvrir le rôle chanté par Conchita Supervia, Barbieri, et enfin Berganza, Horne et Valentini-Terrani. Aujourd'hui, des enregistrements réalisés avec Frederica von Stade (voir absolument le DVD réalisé par Ponnelle en 1981 à la Scala) Cecilia Bartoli nous permettent de goûter à nouveau pleinement un de ces joyaux ciselé par l'homme “ le plus célèbre après Napoléon ” comme Stendhal se plût à le décrire.

Synopsis

Pendant que ses deux sœurs Clorinda et Tisbé passent leur temps à se pomponner et à s'admirer dans la glace, Cenerentola appelée encore Angelina travaille dur dans la maison de son beau-père Don Magnifico. Celui-ci qui a gaspillé sa fortune, ne rêve que de gloire et d'argent ! Cenerentola chante et rêve d'un Prince qui viendrait l'épouser. La suite du Prince fait justement irruption dans la maison pour annoncer que le Prince Ramiro organise un grand bal et choisira la plus belle pour se marier !
Le Prince déguisé en valet fait la rencontre de Cenerentola et tous deux tombent amoureux…mais le Prince ne comprend pas qui est cette jeune fille que tout le monde prend pour une servante. Son valet Dandini, déguisé en Prince, vient faire la cour aux deux péronnelles, Clorinda et Tisbé, et s'aperçoit tout de suite qu'elles sont bien trop arrogantes et superficielles pour plaire à son maître. Il les invite néanmoins au bal. Cenerentola essaye de convaincre son père de participer à cette fête. Pour se débarrasser d'elle, Don Magnifico assure à Alidoro déguisé en notaire que cette troisième fille inscrite sur les registres est morte.
Alidoro va aider la jeune fille en la conduisant au bal : personne ne la reconnaît mais le charme opère ! Ramiro ne voudrait pas la quitter, Cenerentola lui donne un de ses escarpins. Elle lui commande d'essayer de la retrouver. Il va partir à sa recherche. La comédie a assez duré : Dandini avoue avec malice à Don Magnifico qu'il n'est que le valet, Ramiro retrouve Cenerentola et malgré les protestations des sœurs et du père annonce son mariage avec la généreuse Angelina. Au sommet de son triomphe, elle va pardonner à cette famille qui ne l'a jamais aimée.

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