(Sicile)
“ Trinacria ” c'est le nom qu'avaient donné les Grecs à la Sicile et qui signifie “ l'île aux trois promontoires ” que l'on retrouve sur le symbole de la Sicile: trois jambes partant de la tête de Céres, déesse antique de la fertilité.
La Sicile est la plus grande île de la Méditerranée, sa superficie est de 25 460 km2, sa population est estimée à plus de 5 000 000 hab.
Elle est séparée de l'Italie que de 3 km (détroit de Messine). Son chef-lieu est Palerme. Sur l'île il y a deux aéroports internationaux, Falcone e Borsellino à 30 km de Palerme et Fontanarossa à 8 km de Catane. Quant à l'aéroport de Trapani il ne reçoit que des vols nationaux.
Le climat de la Sicile est exceptionnel l'ensoleillement est en moyenne de 2200 h par année. La meilleur période pour séjourner en Sicile est de mai à octobre, les mois les plus chauds sont juillet et août. En hiver et au printemps le scirocco un vent chaud du Sahara souffle parfois sur toute l'île.
La Sicile (anciennement Sicanie et Trinacrie) est l’île la plus grande (25460 km²) et la plus importante de la Méditerranée, où elle occupe une position centrale. À la Sicile se relient les archipels environnants : les Lipari ou Éoliennes, Ustica, les Égates et Pantelleria, les Pélages. La Sicile est la région des volcans, dont le plus élevé est l’Etna (3370 m) qui se dresse isolé près de Catane. Les autres volcans constituent certaines des îles mineures : toutes les Lipari, Ustica, Pantelleria.
Il s’agit de volcans encore en activité (Stromboli et Vulcano), en repos ou bien inactifs depuis des temps reculés. Sans compter l’imposant cône volcanique de l’Etna, le plus grand volcan d'Europe, il y a quatre reliefs orographiques. Le premier (Apennin Sicule) est une chaîne qui se développe tout au long de la côte du Nord, du détroit de Messine au fleuve Torto, en tant que continuation de l’Apennin Calabrais. Cette chaîne se partage en trois sections : Peloritani, Nebrodi (ou Caronie) et Madonie. Ses sommets atteignent presque 2000 m. Le deuxième relief est situé dans la Sicile occidentale, à l’ouest du fleuve Torto et du fleuve Platani. Le troisième relief, qui comprend le cœur de l’île, donne au sud-ouest sur la Mer d’Afrique ; sa partie la plus caractéristique est souvent appelée Haut plateau soufreux.
L’angle sud-est de la Sicile a un relief essentiellement tabulaire (Monts Iblei). Les plaines siciliennes sont très limitées. La plus étendue est la Plaine de Catane (430 km²), encadrée de l’Etna et des montagnes de la région de Syracuse. D’autres plaines se trouvent dans la région de Trapani, à Marsala, Mazara et Castelvetrano, où une fertile terre rouge nourrit des vignobles de renommée mondiale. La même chose se produit dans les territoires de Scoglitti et de Vittoria, dans la Sicile du Sud. Les principaux fleuves de l’île sont le Salso (ou Himère méridional) et le Platani, dont les débits en été sont pourtant presque nuls. Le climat de l’île a un caractère typiquement méditerranéen le long des côtes : étés chauds mais pas brûlant, hivers doux et courts, pluies modérées (aux mois entre octobre et mars).
Les beaux jours sont en moyenne (en un an) : 98 à Palerme, 110 à Messine, 130 à Taormine, 133 à Syracuse. La température moyenne annuelle, le long des côtes varie entre 17° et 18,7°. Le mois le plus chaud est juillet. Le type de végétation la plus répandue est la garrigue toujours verte. II y a encore quelques restes des chênes qui dans l’antiquité devaient recouvrir les montagnes de hauteur moyenne, et des hêtraies qui marquent la bande supérieure des bois dans les Nebrodi et dans les Madonie.
Parmi les plantes cultivées, caractéristique est la frêne de la manne, qui pousse sur les pentes de la côte Nord. L’introduction (du Proche-Orient) de l’olivier et de la vigne, de l’amandier, du pistachier, du grenadier et du noisetier (rapporté da Campanie) remonte à l’Antiquité. De l’Orient arrivent également le caroubier, le sumac, le dattier (dont les fruits pourtant mûrissent rarement), le mûrier, le citronnier et l’oranger amer. L’oranger doux (Portugal) fut introduit par les portugais (de Chine) seulement au XVI s., le mandarinier de Madura (Sonda) il y a deux siècles environ. Le chêne vert pousse surtout entre 300 et 600 m de hauteur. Il y a aussi des suberaies.
Les premiers habitants de l’île furent sicanes, élymes, ausoniens et sicules. Mais ce n’est que par l’arrivée des colonisateurs grecs que la Sicile entre dans la Grande Historie (VIII s. av. J.-C.). Les grecs fondèrent les premières villes siciliennes presque entièrement sur le côtes : Naxos, Syracuse, Lentini, Catane, Messine. Les habitants de ces dernières fondèrent à leur tour de nouvelles villes : Taormine, Megara Iblea, Gèla, Sélinonte, Himère, Agrigente, Ségaste, Lilybée, etc. Ces villes furent gouvernées d’abord par des Oligarchies et dans la suite par des Tyrannies. La Tyrannie la plus puissante fut celle de Syracuse qui, petit à petit soumit toutes les autres villes. Mais très vite elle entra en conflit avec Carthage qui avait réussi à s’établir dans la pointe occidentale de la Sicile en s’emparant de Motyé, Panormo et Solunto. La lutte se termina par la victoire des Syracusains dans la bataille d’Himère (480 av. J.-C.). La guerre se poursuivra toutefois avec des hauts et des bas entre les deux grandes métropoles de Syracuse et Carthage jusqu’au moment où Rome, prenant la relève de Syracuse en héritera le rôle historique. Ce n’est qu’après les trois guerres puniques et la destruction de l’Empire carthaginois que les Romains pourront se déclarer maîtres de la Sicile. L’île devient alors une Province avec un Préteur à Syracuse et deux Questeurs, l’un à Syracuse et l’autre à Lilybée. Sous la domination de Rome la Sicile développera énormément son agriculture et vivra essentiellement en paix pendant des siècles, passant ensuite sous la juridiction de l’Empire Romain de Constantinople. Une nouvelle ère de paix sera vécue par la Sicile, éclairée également à ce moment-là par la foi chrétienne et par la culture byzantine.
Mais depuis 827 l’île est ensanglantée par l’invasion des sarrasins qui la soumirent à une dure domination. Dans la seconde moitié du XI s. la Sicile fut délivrée par une armée chrétienne menée par Robert Guiscard et par son frère Roger I, de la famille des Hauteville qui avaient reçu ce mandat par la Pape de Rome. En 1130 on proclamait le Royaume de Sicile et le jour de Noël de la même année était couronné son premier Roi, Roger II de Hauteville. Il élargit ses possessions siciliennes en constituant ainsi un grand royaume qui s’étendait de Montecassino à l’Albanie et aux côtes de l’Afrique du Nord, de Tunis et de Tripoli. La dynastie des Hauteville donna deux autres grands rois tels que Guillaume I et son fils Guillaume II. De tout pays arrivèrent à la cour de Palerme des hommes de science et de lettres, des politiciens et des artistes qui en firent un splendide centre de culture internationale. À la mort de Guillaume II, en 1189, la dynastie des Hohenstaufen succéda à celle des Hauteville. Après le court règne tragique d’Henri VI on retrouva l’ancienne splendeur en 1208 avec son fils, le grand Frédéric (I de Sicile, II de l’Empire). Ce fut à la cour de ce grand homme d'état, doué pour les sciences administratives, mathématiques et naturelles que se développa une culture de type nouveau, annonciateur de la Renaissance. Mais à sa mort (1250) commença une époque de confusion politique.
Par investiture pontificale la couronne de Sicile (vassale du Saint-Siège) fut donnée à Charles d’Anjou, frère du Roi de France. Toutefois celle des angevins (français) fut une véritable occupation militaire de la Sicile, qui provoqua la révolte des Vêpres, le lundi de Pâques de 1282. Éclatée à Palerme, cette insurrection donna lieu à l’expulsion des angevins de la ville et de toute l’île. Par droit de mariage la couronne revenait au roi Pierre d’Aragon qui, grâse à la faveur de la noblesse de l’île, fut acclamé roi de Sicile à Palerme le 4 septembre 1282. La dynastie des Aragon de Sicile (Couronne de Trinacrie), qui avait succédé à la maison d’Anjou (soutenue par la France) aura des représentants plutôt faibles, Frédéric II de Sicile excepté. En effet, au cours du XIV s. ce seront les grandes familles aristocratiques qui s’empareront dans l’île du pouvoir politique réel grâce à leur puissance politique et militaire. Les maisons les plus importantes, à savoir les Alagona, les Peralta, les Ventimiglia et les Chiaramonte en arriveront à un véritable partage de la Sicile en quatre respectives zones d’influence. C’est la période des Quatre Vicaires. Mais en 1392 les Aragonais d’Espagne – après presque un siècle de faiblesse politique de la Couronne de Trinacrie et après l’issue incertaine de la Guerre des Vêpres contre les Anjou de Naples (qui gardaient le titre de Rois de Sicile) – étouffèrent avec décision ces velléités autonomistes. En 1415 la Sicile fut donc unie à la Couronne d’Aragon et par conséquent l’île fut gouvernée par les Vice-rois. Au XV s. Roi Alphonse le “Magnanime” (d’Aragon et Sicile) parvint à unifier les deux tronçons (Sicile et Italie du Sud) de l’ancien état, qui formèrent le Royaume des Deux-Siciles.
La France cependant fomenta secrètement des émeutes qui se renouvelèrent du XVI au XVII s. Finalement, en 1672 Messine s’insurgea, encouragée ouvertement par la France de Louis XVI dans la cadre de la guerre contre l’Espagne. Cependant, en dépit des victoires remportées par terre et par mer, en 1678 les français abandonnèrent Auguste et Messine. Cette dernière fut châtiée durement par la Couronne, ce qui mit en train son inexorable décadence. Au début du XVIII s. la Sicile fut impliquée dans les guerres de succession espagnole et polonaise (1700-1738). En 30 ans l’île fut obligée de céder la couronne d’abord aux Savoie, ensuite à l’empereur d’Autriche Charles VI et finalement à Charles des Bourbon d’Espagne, qui fonda la dynastie des Bourbon de Naples et qui rendit son autonomie au Royaume de Naples et de Sicile. À la suite de l’invasion française Roi Ferdinand de Bourbon se déplaça pendant quelques années à Palerme, où il dut se soumettre aux prétentions de l’aristocratie autonomiste en promulguant une Constitution (1812). En 1816 pourtant, après avoir reconstitué l’autorité monarchique, Ferdinand supprime la Charte et dissout le parlement sicilien. C’est de 1820-21 la première émeute contre les Bourbon. En 1848 la Révolution éclata, grâce à laquelle les partisans de l’indépendante avec les autres états italiens. La révolution de 48 fut réprimée par les armes. Finalement la guerre de 1860-61 se termina par l’annexion de la Sicile et de l’Italie du sud au Royaume d’Italie de la maison de Savoie. Le 15 mai 1946 un décret législatif instituait la Région autonome de Sicile. Au mois d’avril 1947 on élisait le premier parlement régional sicilien.
Les imposant vestiges architectoniques de temples, théâtres, aqueducs qui se dressent encore majestueux au milieu des ruines de grandes villes ainsi que le nombre et la beauté de sculptures, éléments décoratifs d’édifices anciens, poteries et objets précieux, que l’on expose dans les principaux musées archéologiques siciliens, témoignent des siècles de grande civilisation gréco-sicule, romaine et byzantine et représentent l’un des trésors archéologiques les plus importants de l’humanité entière. Les temples de Ségeste, Sélinonte et Agrigente, les théâtres de Taormine, Syracuse et Sélinonte, les aqueducs de Termini et Agrigente, les fortifications de Syracuse (château Euryale), les musées archéologiques de Syracuse, Palerme, Trapani, Himère, etc., les vastes zones archéologiques de villes anciennes telles que Agrigente, Eraclea Minoa, Himére, Ségeste, Sélinonte, etc. sont difficiles à décrire en quelques lignes. On peut dire que l’art sicilien de l’antiquité est marqué par des réalisations architectoniques de grandes dimensions qui caractérisaient des villes dont l’échelle urbanistique suscitait l’étonnement du Monde Ancien. Cela grâce à l’évolution des techniques de l’ingénierie, surtout dans les œuvres d’adduction de l’eau, à la magnificence des villas patriciennes romaines, au raffinement de l’art statuaire ainsi qu’à la richesse et au réalisme des grands cycles musivaux.
Toutes ces caractéristiques refleurirent à l’âge byzantin et à l’époque médiévale, alors que le reste de l’Europe occidentale avait encore du mal à sortir de son état de semi-barbarie. L’art médiéval sicilien des premières décennies du Royaume (de la fin du XI jusqu’à presque tout le XII s. ) était caractérisé par le fait d’être produit presque exclusivement par l’initiative et avec l’argent de la Couronne. Grâce à leur prérogative d’être des légats pontificaux, les représentants de la dynastie des Hauteville firent construire les premières grandes Cathédrales latines (Messine, Lipari, Cefalù, Monreale, Catane, Mazara, Agrigente, etc.), où les nouvelles spatialités architectoniques provenant du centre d’Italie et de l’Europe du Nord se fusionnaient avec l’art maghrébin de la décoration précieuse, avec les schémas illustratifs des mosaïques byzantines et avec sculpture romane des Pouilles.
Roger II fit construire la Cathédrale où il désirait être enterré. Successivement il érigea son Palais Royal de Palerme. À l’intérieur de ce bâtiment il fit construire en 1132 sa chapelle de Palais (la “Palatine”), en la dédiant à saint Pierre. C’est dans cette église que l’art sicilien du Moyen-Âge atteignit son plus haut sommet de magnificence. On y installa en outre (toujours à l’intérieur du Palais Royal) des laboratoires royaux de l’art d’état, où l’on réalisait couronnes, joyaux, bibelots précieux, vêtements de cérémonie, dont on peut encore admirer quelques exemplaires, comme la splendide couronne de type impérial byzantin (Kamelaukion) qu’abrite aujourd’hui l’exposition du Trésor de la Cathédrale. Guillaume I, qui succéda à Roger II, fit construire la résidence royale de la Zisa à l’intérieur du grand parc royal. Son fils Guillaume II fit construire la Cuba et le grand Dôme de Monreale, en en faisant un autre bijou de l’art d’état. L’intérieur est richement décoré de splendides mosaïques byzantines et le cloître représente l’une des plus hautes expressions de la sculpture médiévale appliquée à l’architecture. En même temps la Cathédrale vétuste de Palerme fut partiellement démolie et reconstruite dans des formes architectoniques beaucoup plus vastes que les précédentes sur l’initiative de l’évêque Gualtiero, qui en fit la plus grande cathédrale de la Sicile médiévale. L’époque de l’Empereur Frédéric II Hohenstaufen est caractérisée surtout par la construction de ses châteaux, qui représentent un “unicum” dans l’histoire universelle des châteaux. Des constructions d’une élégance formelle raffinée marient les nécessités d’habitation et celles défensives : Châteaux Ursino (Catane), Châteaux Maniace (Syracuse), Châteaux d’Augusta et de Milazzo, ainsi que les Tours d’Enna, de la Colombaia de Trapani et de Géla. Dans la suite, au XVI s. la Sicile, à cause de la guerre des Vêpres et de l’anarchie des Barons se renfermera en elle-même en élaborant un art qui est la continuation de celle de la période précédente. Au XV s. la première évolution esthétique se produit. Dans le domaine de l’architecture la personnalité la plus remarquable est celle de Matteo Carnalivari de Noto, qui œuvre à Palerme vers la fin du siècle (Palais Abatellis, Palais Aiutamicristo et l’église S. Maria della Catena).
Antonello de Messine (1430-1479) fut le plus grand peintre sicilien de tout temps ainsi que l’un des maîtres les plus importants du Quattrocento européen. Il reste en Sicile le Portrait de marin inconnu du Musée Mandralisca de Cefalù, les Trois Saints et la merveilleuse Vierge de l’Annonciation de la Galerie de Palerme, le polyptyque de S. Grégoire du Musée de Messine et l’Annonciation du Musée du Palais Bellomo de Syracuse.
Domenico Gagini (Bissone 1420 env. – Palerme 1492) excelle dans le domaine de la sculpture. Il fonda un atelier qui, pendant plusieurs générations, garda une positions prééminente. Au cour du XVI s. il se produit l’avènement des formes du Maniérisme toscan et romain. Les figures de premier plan sont : Antonello Gagini (1478-1536) et Polidoro da Caravaggio (deux belles portes latérales du Dôme de Messine). À la mort d’Antonello, son œuvre fut continuée par ses fils. Les sculpteurs toscans qui, au cours du XVI s., se déplacèrent en Sicile furent nombreux, dont le célèbre Montorsoli (les deux fontaines d’Orion et de Neptune et la Scylla, maintenant dans le Musée de Messine). Parmi ses élèves on rappelle Martino Montanini et A. Calamech. Les formes maniéristes s’imposent en architecture dans la première moitié du XVII s. À Palerme : Quattro Canti (Giulio Lasso), Porta Felice (Pietro Novelli), églises S. Domenico et dell’Olivella, Arsenal naval (Mariano Smeriglio); église des Teatini (Giacomo Besio). Et ancore le Palais de la Mairie de Syracuse (G. Vermexio), le Monastère des Bénédictins de Catane (V. De Franchis), le Collège et l’église des Jésuites de Trapani (N. Masuccio). Le Baroque débute par l’Annunziata dei Teatini à Messine (Guarino Guarini) et il devient plus sévère à Palerie avec Paolo Amato (1634-1714) : église del Salvatore ; Giacomo Amato (1643-1732) : église della Pietà et S. Teresa alla Kalsa.
Le baroque sicilien est une forme spécifique d’architecture baroque apparue en Sicile aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ce style comporte d’une part des caractéristiques typiquement baroques, telles que la profusion de courbes et d’ornements, mais se distingue aussi du courant européen par l’utilisation de masques ou d’anges souriants (les putti) et plus généralement par une flamboyance qu’il n'est possible de retrouver nulle part ailleurs.
Jusqu’à récemment mal étudié, peu reconnu et rarement apprécié malgré les recherches menées par Anthony Blunt dans les années 1960, ce type de baroque donne à la Sicile une forte identité architecturale.
Un chapitre à part est représenté par les célèbres villas de Bagheria, où l’imagination des architectes se déploie dans la composition scénographique des différents corps de bâtiment et dans le mouvement des grands escaliers extérieurs (Villa Palagonia, Villa Valguarnera, etc.).
Un baroque plus inspiré se retrouve dans la reconstruction des villes détruites par le tremblement de terre de 1693 (Catane, Syracuse, Noto, Grammichele, Avola, Raguse, Modica, etc.). Le palermitain Vaccarini fut l’architecte protagoniste de la reconstruction de Catane (façade de la Cathédrale, Palais Valle, Palais de la Mairie, Abbaye S. Agata). Rosario Gagliardi (1726-1770) est présent au contraire dans plusieurs villes : à Noto, Raguse, Comiso, Caltagirone avec les églises S. Domenico et del Collegio (Noto), S. Giorgio et S. Giuseppe (Raguse) et la Cathédrale de Modica. Toutes ces œuvres se distinguent par la beauté plastique de leurs structures et par le dynamisme et l’originalité de leur architecture. Dans le domaine de la peinture la personnalité la plus remarquable est celle de Pietro Novelli de Monreale (1603-1647) : les toiles des Capucins de Raguse et de Leonforte, la grande toile de Monreale, le S. Christophe du Musée de Catane, et d’autres encore).
Vito D’Anna (1720-1769) peut être considéré le chef d’école des fresquistes siciliens de la seconde moitié du siècle. Dans le domaine de la sculpture une place à part occupe Giacomo Serpotta (1656-1732). Issu d’une famille de sculpteurs et de stucateurs, son activité se déroula entièrement à Palerme, où il décora de stucs joyeux toute une série d’églises et d’oratoires (Oratoires de S. Lorenzo, de S. Cita, etc.). Un autre grand sculpteur et artiste ornemaniste fut Ignazio Marabitti (1719-1797) : retable en marbre de S. Benoît en gloire, dans le Dôme de Monreale.
L’architecture du XIX s. commence par l’œuvre du palermitain néoclassique G. V. Marvuglia (1729-1814) : Oratoire des Filippini all’Olivella et Villa Belmonte all’Acquasanta. Les personnalités palermitaines de G. B. F. Basile (Théâtre Massimo) et de G. Damiani Almeyda (Politeama Garibaldi) s’imposent dans l’architecture de la seconde moitié du XIX s. Le grand architecte Ernesto Basile, créateur raffiné d’un Art nouveau sicilien tout à fait autonome et précurseur du Rationalisme s’affirme à cheval sur le XIX et XX s. De nombreux architectes éminents sortiront de son école.
La Sicile est une région qui maintient encore vivantes et vitales certaines façons traditionnelles et séculaires de travailler et de vivre. Il suffit de penser à la pêche du thon, qui se fait encore aux vieilles thonaires, ou à la pêche de l’espadon, dans les eaux du détroit de Messine. Dans l’artisanat, la production d’objets de toutes sortes en céramique est encore remarquable. Dans l’agriculture, la production des grands vins siciliens est appréciée dans le monde entier. Dans le domaine des cultes religieux locaux, les fêtes des saints patrons présentent un intérêt particulier.
La plus célèbre de ces fêtes est celle que l’on appelle le Festino de sainte Rosalie à Palerme (13-15 juillet). Elle est caractérisée par le défilé du Char Triomphal et par la procession de l’arche argentée de la Santuzza (sainte Rosalie).
À Messine, à l’occasion de la fête de la Madone de la Mi-août (15 août) on porte en procession la vara (le tombeau) de Notre-Dame de l’Assomption et les deux géants à cheval, les ancêtres mythiques des habitants de Messine.
À Catane on fête (en février) la patronne sainte Agathe en portant dans les rues de la ville son reliquaire plein d’objets précieux, traîné par des dizaines de fidèles habillés d’un “sac” blanc. Mais les modalités scéniques de la Semaine Sainte de Pâques, particulièrement suggestif à Enna, Caltanissetta et Trapani. Un cycle commémoratif différent des autres est celui de la Semaine Sainte byzantine à Piana degli Albanesi.