Pièce de théâtre de Fausto Paravidino
Qui a tué la jeune fille à coup de pieds dans le ventre, sur le visage ?
Qui lui a brisé toutes ses dents avant de la déshabiller, morte, pour finalement la jeter dans un fossé ?
Fausto Paravidino est un jeune auteur en colère.
Les politiques qui se désengagent, les médias qui ne sont que des vendeurs… Pour lui la violence a tout envahi, même la cellule familiale.
En puisant dans l'univers du roman noir, Fausto Paravidino réinvente les possibles du théâtre. Il place la question fondamentale de l'enfance : « j'ai peur mais de quoi, de qui ? » au cœur de sa pièce. L'angoisse de mort se déplace sur l'angoisse de ne pas
savoir. Il crée ainsi un rapport d'immédiateté dans le contact avec le spectateur.
L'utilisation du présent plonge le spectateur en plein crime: le suspense, c'est l'instant présent. Et comme il « est » profondément un homme de théâtre, son meurtre est un meurtre appartenant aux mythes fondateurs : ses personnages sont populaires, issus d'une modernité angoissante mais ils rejouent indéfiniment l'histoire d'Iphigénie et d'Agamemnon.
Cette fois la notion de suspense devient un véritable enjeu théâtral. Peut-on faire peur au théâtre?
Nous imaginons cette « nature morte » sur la vaste scène d'un plateau nu, pas de scénographie arrêtée pour restreindre la fable noire de Paravidino, seuls les murs du
théâtre pourront stopper l'invasion des figures. Les personnages de la
pièce par leur langage, leurs silhouettes se suffisent à eux-même pour donner vie à ce monde de putes, de dealers, de flics, de petites jeunes filles assassinées.
Nous sommes sept pour incarner les vingt-cinq personnages, et parce que
le théâtre rend parfois les morts plus vivants que les vivants, le cadavre
d'Élisa sera de chaque instant, comme une figure rêvée.
La cacophonie des sirènes de flics, les pneus qui crissent aux abords du périphérique, le silence d'un repas conjugal, le rythme du secret et de l'intrigue, donner à entendre les pulsations de l’enquête et de l’angoisse…. le son : un partenaire à part entière. Mais il s’agit bien de théâtre et les coups de gueule et de gouaille de Dario Fo ne sont pas loin.