Luigi Nono est né à Venise en 1924 et est décédé en 1990. Après avoir étudié avec Gian-Francesco Malipiero, il complète sa formation auprès de Bruno Maderna, avec lequel il entretient des relations quasi fraternelles. Ses premières compositions, écrites entre 1950 et 1953, sont empreintes d'une profonde cohésion expressive, grâce à laquelle il surmonte rapidement les difficultés inhérentes à la technique pointilliste. Les œuvres Polifonica-Monodica-Ritmica (1951), Epitaph auf Federico Garcia Lorca (1952-1953), La victoire de Guernica (1954) et Liebeslied (1954), dédiée à son épouse Nuria (fille d'Arnold Schoenberg), datent de cette période.
Incontri pour 24 instruments (1955) constitue la principale confrontation de Luigi Nono avec la technique sérielle. Les années suivantes, ses œuvres seront caractérisées par une identité du phénomène sonore (et non une division analytique des paramètres), seule perspective de devenir musical pour le compositeur (Il canto sospeso, 1955-1956, et le Cori di Didone, 1958). Au début des années 60, Luigi Nono s'oriente vers la politique (Diario polacco, 1958 et Intolleranza, 1960) et s'intéresse de plus en plus aux sons électroniques. Engagement politique et recherche de nouveaux outils linguistiques fusionnent en une symbiose qui donne naissance à des oeuvres fortement marquées par la technologie (La fabbrica illuminata, 1964, Ricorda cosa ti hanno fatto ad Auschwitz, 1966, Non consumiamo Marx, 1969), dans lesquels se manifeste l'attrait du compositeur pour des espaces acoustiques et des types d'écoute nouveaux. Nono met en application le résultat de ses recherches sur le son dans les oeuvres qu'il compose dans les années 1970 : Como una ola de fuerza y luz pour soprano, piano, orchestre et bande (1971-1972), …sofferte onde serene… pour piano et bande (1974-1977) dédié à son ami Maurizio Pollini, et tout particulièrement Al gran sole carico d'amore (1972-1975).
1980 débute avec le quatuor Fragmente-Stille, An Diotima, qui illustre le nouveau concept compositionnel de Luigi Nono, empreint d'une philosophie confinant à l'ésotérisme, et prône une «écoute nouvelle», concentrée à l'intérieur de soi-même. Au cours de la décennie suivante, le compositeur travaille dans le studio de la Südwestfunk à Fribourg et, à la suite de ce séjour, réserve aux instruments électroacoustiques, en raison de leur faculté à transformer le son en temps réel, une place de plus en plus importante dans son oeuvre.
C'est de cette époque que datent Diario polacco n° 2 (1982), Guai ai gelidi mostri (1983) et Omaggio a Kurtág (1983), ainsi que Prometeo (créé à Venise en 1984), opéra qui synthétise en quelque sorte les tendances des dernières années de Nono.
Parmi les dernières oeuvres de Luigi Nono, il convient de citer Caminates … Ayacucho pour contralto, flûte, choeurs, orchestre, et électronique live (1986-1987), No hay caminos, hay que caminar… Andrei Tarkovski pour 7 groupes instrumentaux (1987), La lontananza nostalgica utopica futura pour violon, électronique live et bande (1988).