Politique et économie

Publié le mardi, 30 mars 2010 à 12h27

Régionales: Déception pour la gauche et nette affirmation de la Ligue du Nord

Par Marie Giudicelli

Umberto BossiOn pensait que les récents scandales de corruption auraient entaché la popularité du président du Conseil et donc du PDL (Popolo della libertà); que les interventions, bien peu démocratiques, loin s'en faut, de Berlusconi, pour faire taire les critiques formulées à travers des émissions de débats comme AnnoZero, auraient fait réfléchir; que la situation actuelle de l'Italie en particulier sur les plans économique et social, aurait incité les électeurs à confier les rênes des régions à d'autres mains.
Bien au contraire, les résultats des élections régionales démontrent que l'Italie en s'engageant encore à droite, cautionne les agissements de Silvio Berlusconi et valide la manière de gouverner de la coalition gouvernementale.
Sur les 13 régions où l'on votait dimanche et lundi derniers, cette dernière en remporte 6 et 7 reviennent donc au centre-gauche. Cependant, quelques faits marquants: le centre-gauche détenait 11 régions avant les élections: il en perd donc 4: la Calabre, la Campanie, le Piémont et le Latium. Dans le Piémont c'est le candidat de la Ligue du Nord, Roberto Cota, qui l'emporte de manière assez inattendue sur la candidate sortante de centre-gauche Mercedes Bresso; dans le Latium, à l'issue d'un duel assez serré entre la radicale Emma Bonino et Renata Polerini du PDL, c'est finalement cette dernière qui prend l'avantage. Rappelons que les regards étaient tout particulièrement tournés vers cette région puisque, outre l'importance de la fonction liée à la taille du Latium et au prestige dont il jouit, c'est aussi là qu'a eu lieu (ainsi qu'en Lombardie) la fameuse affaire "des listes" qui a conduit à l'absence de la liste du PDL dans la province de Rome, la plus importante de la région. Il s'agit donc là d'une victoire de poids pour le PDL.
Parmi les 7 régions conservées par le PD (Parti démocrate), la Toscane et l'Émilie-Romagne, qui votent traditionnellement à gauche et surtout la région des Pouilles qui voit la victoire éclatante de Nichi Vendola, avec 48,9 voies contre 42,1 pour son adversaire du PDL Rocco Palese. Pourtant, si le PD l'emporte en Émilie-Romagne, la Ligue du Nord y obtient 13% des voix, ce qui représente un score assez considérable et inquiétant, surtout dans une région historiquement située à gauche.

Le fait le plus marquant de ces élections concerne en effet sans aucun doute l'avancée de la Ligue du Nord: elle conquiert la Vénétie et le Piémont qui comptent parmi les régions les plus riches du pays, et devient ainsi la vraie puissance du Nord. Cette victoire lui donnera très probablement encore davantage de poids au sein du gouvernement et il se pourrait qu'Umberto Bossi fasse la demande d'un ministère supplémentaire.

Il faut signaler par ailleurs les résultats du comique Beppe Grillo qui a présenté des listes dans 5 régions: la Campanie, l'Émilie-Romagne, la Vénétie, la Lombardie et le Piémont. Dans 2 d'entre elles - le Piémont et l'Émilie-Romagne - l'objectif des 3% a été dépassé et on atteint même les 7% en Émilie-Romagne. Pier Luigi Bersani, le secrétaire général du PD accuse à présent Beppe Grillo d'avoir soustrait des votes à la gauche et, concernant le Piémont, d'avoir permis à la Ligue du Nord de l'emporter. Ce qui est probablement exact. Mais peut-être ces résultats devraient-ils plutôt inciter la gauche à réfléchir à une réforme profonde de son action...