Culture

Publié le lundi, 4 octobre 2010 à 19h23

On n'aura plus de grandes expos à Rome ?

Par Francesca Melle

Vittoriano, RomaLe cri de douleur qui se lève contre les coupes budgétaires concernant les musées italiens, contenues dans l’ajustement fiscal prévu pour 2011, appartient à un représentant du PDL, le parti du premier ministre Silvio Berlusconi et de la majorité du gouvernement, donc insoupçonnable d’un quelconque parti pris.

Umberto Croppi, adjoint à la culture de la municipalité de Rome, vient de répéter son j’accuse, qu’il avait déjà prononcé au mois de juillet lors d’un congrès sur la nécessité de soutenir la culture pour promouvoir l’économie du Pays : à cette occasion, il avait proposé de fermer tous les musées italiens pour un jour comme forme de protestation. À souligner aussi, le fait que le congrès se déroulait auprès du MAXXI, le Musée National des Arts du XXI siècle récemment inauguré à Rome et qui risque déjà d’être pénalisé après moins de six mois de vie.

À la mi-septembre, M. Croppi a répété son inquiétude, concernant notamment la possibilité d’organiser des expositions de niveau international. La grande expo sur Van Gogh qui ouvrira ses portes prochainement au Vittoriano de Rome (le 8 octobre), pourrait être la dernière de ce genre. Les coupes financières dans le domaine culturel, qui d’ailleurs ne sont pas une nouveauté, liées aux lois fiscales introduites par le Parlement italien, pourraient rendre impossible l’organisation et la mise en œuvre de grands rendez-vous artistiques tels que l’expo sur Caravage, qui s'est terminée en juin avec un grand succès (presque 600.000 visiteurs).

L’alarme de M. Croppi ne concerne pas seulement la ville de Rome mais aussi le reste de l’Italie, même si c’est dans la capitale que les plus grands événements ont généralement lieu. Surtout dans le cadre du 150e anniversaire de l’unification d’Italie, qui tombe en 2011 et sera accompagné par le 140e anniversaire du choix définitif de la ville éternelle comme capitale du nouvel État uni.

D’après les normes du prochain ajustement fiscal, les administrations publiques ne pourront dépenser que 20% de leurs investissements de l’année précédente pour les expositions et pour la publicité. Ça veut dire, d’après M. Croppi, “tout simplement, arrêter d’organiser des expos, à moins que la norme ne soit corrigée dans quelques jours”. Francesco Giro, sous-secrétaire du gouvernement Berlusconi, a promis son intervention auprès des organes compétents afin de modifier ce point. Obtiendra-t-il des résultats ? Il est décourageant de penser que l’Italie, nation au grand patrimoine historique, artistique et culturel, est aussi l’un des pays qui investit le moins dans le domaine de la culture: à peine 0,3% de son PIB.