150 ans d'Italie

Publié le samedi, 5 février 2011 à 11h23

Montagnes d'hier et d'aujourd'hui

Par Christine Barbier

Montagnes d'hier et d'aujourd'huiLes montagnes autour de Turin , qui accueillirent les jeux olympiques d'hiver en 2006, offrent un vrai paradis pour les amateurs de glisse en tous genres. Des stations touristiques , compétitives au niveau international par la qualité de leurs offres et de leurs services, aux villages montagnards authentiques nichés en fond de vallée, chacune possède de multiples richesses à faire découvrir. Ivresse d'une descente dans la poudreuse skis aux pieds, méditation devant les sommets rêves d'ascension en tête ou admiration contemplative devant ces merveilles distantes et inaccessibles : l'émotion, le partage, la beauté sont souvent au rendez-vous. Moins évident au premier regard, mais inscrit dans chaque pierre et dans la mémoire de chaque habitant, perdure le souvenir des montagnes d'hier.

Ferblantiers et chaudronniers, « magnin » de la vallée d'Orco ou du Val Saona, maçons et maîtres d'œuvres, colporteurs ou graniteurs du val Sésia , ils furent nombreux à partir chaque printemps à travers les montagnes vendre leur savoir faire et leur force de travail. Dans les villages montagnards autour du Mont-Blanc, il n'est pas une église de style baroque, ou un bassin en granite qui ne témoigne de ces travailleurs piémontais. Ainsi à Sallanches, à la suite de l'incendie de 1840, puis celui de Cluses, le roi de Piémont-Sardaigne Charles Albert fit venir des tailleurs de pierre piémontais pour reconstruire ces villes ravagées. Par la suite, certains maîtres-carriers achetèrent des blocs de granite et firent venir des ouvriers de leur pays fuyant la misère. Ils arrivaient à pieds par le Val d'Aosta.

Le travail est très difficile, le terrain accidenté, le matériel archaïque. Il faut beaucoup de courage à ces graniteurs pour affronter ces énormes bloc de pierre six jours et demi par semaine, dix heures par jour. Seule l'arrivée de la neige interrompt leur labeur. A l'ordinaire des repas: pains et oignons, « pane e cipolla », pain saucisse ou lard, polenta. Certains graniteurs sont restés dans la région : Martinelli, Tonetti, Poletti, Vietti sont des noms à consonance piémontaise. Aujourd'hui le chemin du granite se visite et de nombreux édifices gardent en silence la mémoire de ces humbles et grands travailleurs.