Politique et économie

Publié le vendredi, 2 octobre 2009 à 06h30

La marche des agendas rouges

Par Jean-Marie Le Ray

Vous connaissez l'agenda rouge, dont la double symbolique est celle de la justice niée d'une part - du côté de l'État -, et de la soif de justice et de vérité de l'autre - du côté des gens honnêtes.

     Cette année, la première marche des agendas rouges a eu lieu à Palerme, de Via D'Amelio au château Utveggio, c'était en juillet dernier pour le 17e anniversaire de l'assassinat du juge Paolo Borsellino et de son escorte. Elle a été assez peu suivie, à commencer par la faible présence des palermitains que n'ont pas manqué d'observer Rita et Salvatore Borsellino, frère et sœur de Paolo.

     La marche de Rome était donc la continuation idéale de celle de Palerme, avec la volonté profonde de réaffirmer le soutien du "peuple des gens honnêtes" aux magistrats qui enquêtent actuellement pour établir - ENFIN - la vérité sur l'attentat du 19 juillet 1992, et au-delà, sur la saison des attentats (1992-1993) et sur le pacte État-mafia que plus personne ne songe à nier dans l'Italie d'aujourd'hui. Sauf ceux qui ont été les signataires de ce pacte de sang (le sang des autres...), c'est clair!

     Or j'ai eu la chance de participer à cette marche et j'en ai ramené quelques vidéos. Bien sûr, c'est en italien, mais ça vous donnera sûrement une idée de ce qui s'est passé samedi dernier, une journée que je n'hésite pas à qualifier d'historique pour la démocratie en Italie. Et je pèse mes mots !

     Le cortège - entre 1500 et 2000 personnes - a traversé une bonne partie du centre de Rome pour se diriger vers Piazza Navona, où une scène avait été aménagée pour l'intervention de différents acteurs de la vie politique du pays - Antonio Di Pietro, Sonia Alfano, Luigi De Magistris, Carlo Vulpio - et de la lutte contre la mafia - Benny Calasanzio Borsellino, Pino Masciari, Gianluca Manca, Gioacchino Genchi -, avec des interventions à distance de Marco Travaglio et Beppe Grillo, entre autres. Voir toutes les vidéos ici.





     Salvatore Borsellino a conclu la soirée sur une très belle intervention (que je suis en train de traduire), en finissant son message par son habituel cri de guerre :


RÉSISTANCE, RÉSISTANCE, RÉSISTANCE !

     En écho au célèbre discours de Francesco Saverio Borrelli, responsable du pool de magistrats - formé d'Antonio Di Pietro, Gherardo Colombo, Piercamillo Davigo et Gerardo D'Ambrosio - chargé de l'opération Mains propres, qu'il termina par cette phrase : « è dovere della collettività resistere, resistere, resistere... » 

C'est un devoir de la collectivité que de résister, résister, résister.

     Hier, ces mots visaient à affirmer l'indépendance des juges, mise à mal par les politiques. Aujourd'hui, ils veulent affirmer la Démocratie, mise à mal par les politiques, une constante dans ce pays.

     La Démocratie qui ne peut vivre sans vérité et sans justice, postulats indispensables et sine qua non à tout contrat "démocratique" entre gouvernés et gouvernants...