Politique et économie

Publié le jeudi, 15 octobre 2009 à 03h57

"Papello": la négociation entre Cosa nostra et l'État italien n'est plus une légende. Le document est au Parquet de Palerme

Par Vito Vespucci

Le fameux "papello" a été livré par Massimo Ciancimino aux magistrats de Palerme.

Antimafia2000.com (2009.10.14) : "L'existence de ce "papier" contenant les requêtes avancées par le chef de Cosa nostra à l'État italien en 1992, en échange de la fin des attentats mafieux, semblait être le fruit d'une légende. Bien au contraire: la réalité de son existence est aujourd'hui confirmée.

Ce matin déjà le magistrat Antonio Ingroia avait émis l'hypothèse que le Parquet pourrait en venir à possession prochainement. C'était durant un débat contre la mafia organisé par des étudiants de gauche au département de Sciences Politiques de l'université de Florence. Et le voilà finalement arrivé ce "papello": Il serait aujourd'hui au tribunal de Palerme, à disposition des enquêteurs.

S'il est authentifié, ce document tant attendu pourrait remettre en discussion grande partie des versions fournies par les diverses personnes étant venues à connaissance de l'existence d'une négociation entre l'Etat et Cosa nostra, et représenter un tournant dans la recherche de la vérité sur les attentats mafieux ayant couté la vie, entre autres, à Falcone et Borsellino.

Le premier qui parla du "papello" fut le repenti de justice Giovanni Brusca, le 13 janvier 1998. Interrogé lors du procès à Florence sur les attentats de 1993, il avait fait référence à l'existence d'une négociation entre le chef de Cosa nostra Toto Riina et l'État italien, en situant le démarrage après l'attentat de Capaci (23 mai 1992, mort de Giovanni Falcone). Et ce fut Riina lui-même a lui en faire part: « Ils se sont chiés dessus » aurait alors dit Riina: « Je leur ai présenté une liste de requêtes longues comme ça ». 12 points pour une série d'allégements de mesures, de facilités au bénéfice de Cosa nostra, dont la révision du maxi-procès de Palerme à l'avantage des condamnés, l'abolition du régime carcéral dur pour les mafieux, la révision de la loi sur la confiscation des biens, l'annulation de la loi sur les repentis de justice et d'autres encore. Des requêtes que le chef de Cosa nostra aurait fait parvenir aux Institutions après que les généraux Giuseppe de Donno (ROS, groupe d'élite des Carabiniers) et Mario Mori (qui procéda à l'arrestation de Riina quelques mois plus tard... sans que son habitation soit perquisitionnée par la suite: elle fut entièrement « nettoyée ») eurent cherché d'établir un dialogue avec lui par l'intermédiaire du « médiateur » Vito Ciancimino. Reste maintenant à comprendre qui, au-delà des sommets du ROS, avait garanti cette négociation. Les dernières déclarations du ministre Martelli et le long interrogatoire de Liliana Ferraro (en 1992 à la direction des Affaires Pénales) duré aujourd'hui quatre heures auront déjà peut-être aidé à y voir plus clair dans cette affaire." (Antimafia2000)

vV

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