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Publié le mercredi, 5 juin 2013 à 15h27

Chère Sardaigne

Par Christine Barbier

Pêche aux thonsTourisme : « Les prévisions pour l’été ne sont pas optimistes, le secteur des vacances est tenu à flot par les étrangers » titre le journal L’unione Sarda . Transports trop chers, crise, promotions pour vendre la Sardaigne à l’extérieur du marché national ? Depuis dix ans les chiffres d’arrivée des touristes révèlent: – 18% d’italiens et + 47% d’étrangers.

La tonnara de Calorfote : « Le thon est là mais on ne le voit pas ! ». Caloforte, sur l’ile de San Pietro, dans le sud de la Sardaigne, célèbre cette année les 275 ans de la tonnara. Ce week end des milliers de badauds se sont promenés entre stands de dégustation, animations et manifestes annoncant quatre jours de culture et de spectacle pour le fameux Girotonno. Cette pêche consiste à faire passer les bancs de thon dans des corridors de filets tendus par les pêcheurs pour finir dans une trappe, la camera della morte, où se faisait jusqu’à peu la mattenza à coups de harpons. Une pêche à la fois barbare et spectaculaire qui attirait de nombreux spectateurs, mais aussi l’unique possibilité de capturer et porter sur terre ferme les grands poissons.

Aujourd’hui les grands thons sont seulement de passage à Caloforte. On ne tue plus dans la tonnara , pratique importée par les phéniciens mille ans avant J.C. Les thons capturés finissent directement dans de grandes cages immergées et traînées par des remorqueurs jusqu’à Malte où les thons seront engraissés avec pour destination finale la table des japonais. Désormais la pêche étant limitée par les quotas et les contrôles, deux cents emplois autour de cette activité traditionnelle sont partis en fumée cette année, et le thon de Caloforte se fait rare dans les poissonneries locales. Un thon vendu vivant aux éleveurs maltais rapporte le double d’un thon capturé et porté à terre. A Caloforte on s’inquiète de ce que la pêche avec quota restreint ne mette en péril l’économie locale, la culture et les traditions.